zourbi le grec a écrit:Le comics n'est pas forcement le bon modèle à suivre à ce sujet. Pour moi, un personnage n'est pas une coquille vide que l'on peut habiter comme bon nous semble pour faire passer toutes sortes de messages.
Je ne pense pas que cela soit du conservatisme ou de la nostalgie d'être attaché à l'adn du personnage créé par Franquin, qui n'est pas monolithique et qui est parfois d'humeur changeante. Sinon quel est l'intérêt de créer une série qui porte son nom si l'on ne retrouve rien de ce qui fait la saveur du personnage ?
Je partage cet avis.
Et justement, je trouve intéressant de découvrir ce Champignac toujours rêveur et farfelu, mais davantage homme d'action, davantage amoureux… Je le trouve complémentaire, peut-être parfois contradictoire, mais comme je disais plus haut, nous le sommes tous, plus ou moins. Si les personnages de fiction le sont, ça les rend riches, à mes yeux.
Après, moi qui lis des histoires de super-héros depuis plus de quarante ans, je suis habitué aux personnages qui changent, qui évoluent, qui sont aussi les porteurs des idées de leurs auteurs et aussi d'un certain air du temps. Je trouve d'ailleurs amusant que Dupuis (et les autres dans le même élan…) suive une évolution éditoriale qui lorgne vers des pratiques américaines connues de longue date (faire des séries dérivées, développer les "méchants", raconter le passé…). Je me souviens d'un temps où Janssens et Mauricet bataillaient pour faire
Cosmic Patrouille dans
Spirou, sans espoir d'avoir un jour un album parce que "pas de super-héros chez nous". Bon, voilà, plus de vingt ans sont passés, tout ça tout ça… à mes yeux, cela nous vaut des lectures plutôt intéressantes dans le meilleur des cas, donc banco.
Pour en revenir à
Champignac, j'aime bien depuis le début, mais je dois avouer que, à l'inverse de ce que je lis ici (et j'ai bien conscience que ce n'est "qu'un" forum, qu'il y en a d'autres, et que nos avis à tous ne sont pas représentatifs, mais bon, puisque je viens m'exprimer ici, parlons des voix qui s'y expriment aussi…), mon intérêt croît à chaque tome. En tout cas, ce tryptique me plaît de manière grandissante. La dernière page du précédent, très sérieuse et qui contrastait avec les pics de comédie que les Béka étaient parvenus à mettre dans un récit sombre et tendu et un contexte difficile, m'avait bien plu. C'était simple, peut-être un peu facile, un peu idéalisé, mais ça construisait un beau personnage, et une belle morale.
Je retrouve un peu la même chose, dans ce troisième volet. Et j'aime bien l'approche des deux scénaristes consistant, sous le prétexte de situer l'action dans une décennie passée où la société était plus rétive à certaines avancées sociales, à rappeler que les combats ne sont jamais gagnés définitivement et qu'il faut constamment lutter pour conserver les acquis. La société réelle (la vraie, celle dans laquelle nous vivons, hors des bulles de nos lectures) n'est pas toujours très lumineuse, ni très prometteuse d'un bel avenir, elle a elle aussi ses tendances réactionnaires, et je trouve très bien que des scénaristes et un personnage viennent rappeler qu'il faut rester vigilant. Et avec un personnage célèbre, y a plus de visibilité, ça fait causer davantage (ce sujet en est la preuve). À mon humble avis qui n'engage que moi, ils parviennent à le faire en nous divertissant. J'aime.
Et puis, en tant que "fanboy", si je peux appliquer ce terme ici, quelques dialogues de ce troisième tome laisse entrevoir une sorte d'
Evil Champignac, qui pourrait constituer le sujet du prochain diptyque. Et ça, cet
Evil Champignac, j'ai hâte de le découvrir.
(Toujours ce lecteur de
comics qui ne sommeille jamais profondément en moi…)
Jim