Juho a écrit:Ce qui est très intéressant c'est que ça permet d'illustrer l'image du cycle technologique - en l'occurrence ; le CD - comme quelque chose qui apparaît comme venant de nulle part , qui s'agrandit, qui évolue, et qui fini par décliner (jusqu'à sans doute disparaître par où il est arrivé dans la décennie qui suivra par l'apparition d'autres technologies). La technologie est un perpétuel recommencement ; avoir mis ces graphiques en gif animé montre d'autant mieux cette évolution permanente des technologies.
La différence pour la musique, c'est que l'essentiel de l'évolution a été portée par la miniaturisation, car il y avait beaucoup à gagner, en partant des disques noirs, en terme de place. Le CD a divisé la taille par 3 environ, et la désincarnation des données qui fait qu'on peut mettre des dizaines d'albums sur un iPod a fait que maintenant, un album peut être miniaturisé à une taille proche de zero puisqu'il n'est même plus physique mais virtuel.
Comme j'imagine que ceci a été posté pour faire le parallèle avec ce qu'on évoque pour la BD ou le livre, je pense que ce qui a eu lieu en miniaturisation dans la musique est impossible pour le livre pour des raisons de lecture. Je pense que les livres actuels ne peuvent pas vraiment être miniaturisés dans leur taille sans perdre en confort. On pourra toujours envisager de stocker quelques centaines de livres sur une tablette au format de ce livre, mais je pense pas vraiment que cela évoluera ainsi.
Il ne faut pas oublier que lire un livre au format livre ne coûte rien d'autre que d'avoir de la lumière à coté de soi. Lire un livre sur une tablette coûte la tablette, la contrainte de la transporter avec soi (c'est fragile), la recharger souvent... Je pense que beaucoup trouveront bien plus simple de rester au livre physique, d'autant plus que la plupart des consommateurs de livres (BD ou sans images) n'ont guère souvent plus de 100 ou 200 livres chez eux, et je ne pense pas que ça les intéressera de se donner autant de mal pour changer une activité qu'ils estiment déja bien assez simple.
Il est bien possible qu'une petite minorité de très gros lecteurs ou des bibliothèques soient tentés par des tablettes pour stocker leurs milliers de bouquins, mais la grande majorité qui ne lit pas autant sera très satisfaite de ses livres papiers qui reste pour elle la solution la plus simple et évidente.
C'est assez intéressant ce que tu dis du cd, de la façon dont le mp3 a permis "de mettre des dizaines d'albums sur un Ipod". Mais pour moi le truc réellement intéressant de ce graph, c'est la façon dont le single a décliné et puis d'une manière bizarre mais qui finalement va de soit s'est vu renaitre au travers du téléchargement de titre seul. C'est vraiment l'album qui est mort avec le téléchargement. On prend quelques titres et puis on oublie vite d'où ça vient.
Moi ça me perturbe. Je ne verrais pas l'intérêt de lire une ou deux pages de Faulkner, ni même de Tardi. Qu'est-ce qu'on construit ? Où ets-ce qu'une oeuvre commence vraiment ? Je ne sais pas mais quelque part, télécharger "Crazy" de Gnarls Barkley tout en oubliant qui sont Cee-lo et Danger Mouse, ça me parait ultra dangereux pour la pérénité de la création. Le numérique sans support permet de ne plus distinguer qui fait quoi et donne au résultat, le son ou l'image, plus d'impact que la matière qui l'aura vu naitre. On oublie l'auteur, et bientôt même sa création pour se concentrer uniquement sur ce qui est créer.
Pour moi avec le numérique on oublie l'oeuvre de Tezuka, morte-née. Idem pour Hergé ou Bob Dylan. ces auteurs ont construit des oeuvres, qu'on l'on doit prendre dans leur globalité, pas par bouts vite oubliés.
Il y a à craindre avec la numérisation, craindre que la création soit le fruit de quelques centaines d'auteurs et de résumer le reste de ce qui nous nourrit à un gros sac de patates culturel.
Bref, non que la technologie me fasse peur, mais en l'occurence il me semble que cette technologie pilotée exclusivement par l'industrie n'aille pas dans le sens de l'auteur et de la création.