cronos59 a écrit:Tiens cette discussion sur l'importance du fond en librairie me remémore une pensée que je m'étais faite y'a quelques jours sur les indés et la faible capacité qu'ils ont a raviver leur propre patrimoine. Sauf exception, Il est assez rare de les voir effectuer un travail de réedition ou ils remettraient en avant le travail d'un auteur, mis a part dans le cas ou ce dernier aurait été récupéré par le systéme d'une maniére ou d'une autre.
Pour moi, ce post a tout l'air d'une trollerie. C'est super gonflé de déclarer ce genre de truc, et c'est faire preuve d'une méconnaissance à la fois du catalogue des indés, que de leur réalité économique.
1/ la plupart des indés que je connais s'appliquent à conserver leurs titres au catalogue. Là où un grand éditeur procède régulièrement à du "désherbage" en purgeant son catalogue et en envoyant des bouquins au pilon, les indés s'attachent aux livres publiés, parfois même au-delà de ce qui est raisonnable (l'Association a ainsi épuré ses stocks il y a quelques années, à regret, mais sous la pression économique que cela représentait). Les livres continuant à exister, il n'est donc pas nécessaire de les réinjecter dans le circuit.
(et ce, d'autant plus quand on connait les motivations des grands éditeurs, type Dupuis, à se lancer dans du patrimoine: on crée de la nouveauté que l'on remet dans le circuit commercial, pour faire vivre son fonds commercialement -- la vocation "patrimoniale" est au mieux secondaire)
2/ les indés existent en France depuis moins de 30 ans -- pour ceux qui existent toujours. En gros, on a l'Asso et consorts qui apparaissent début 1990. Donc il n'y a pas forcément beaucoup de patrimoine à exhumer (cf. ci-dessus), mais quand il y en a, il y a des exemples de travail patrimonial (pour le coup, sans visée commerciale), comme les Archives de Stanislas ou Mattt Konture chez l'Asso, les rééditions de choses parues chez Cornélius à nouveau chez l'Asso (Approximativement, Le cheval blême, etc.), Squarzoni chez Les Requins Marteaux.
3/ par contre, les indés n'ont pas hésité à publier du patrimoine pour rendre hommage aux auteurs importants qui les avaient précédés (boulot que les grands éditeurs, soucieux de la rentabilité des projets, n'ont pas été foutus de faire): Hypocrite de JC Forest, Charlie Schlingo, M le Magicien ou Sergent Laterreur à l'Asso, Bofa ou R. Crumb chez Cornélius, Krazy Kat aux Rêveurs, etc.
Et quand bien même il y aurait des rééditions "opportunistes" du type
Persépolis, je trouve un peu fort de café de le reprocher à l'éditeur qui a choisi d'accompagner l'auteur à ses débuts (contrairement à celui qui a procédé à la récupération, s'achetant à peu de frais un succès et une image).
cronos59 a écrit:Et du coup le nouvel arrivant a bien du mal dans un catalogue indé a discerner le bon grain de l'ivraie, un constat assez triste tout de même, il est alors obligé de se fier aux valeurs sures glorifiées par les ayatollahs, laissant passer d'éventuelles obscures pépites.
Sans déconner???
Les indés s'appliquent à avoir un catalogue plus cohérent que bien des grands éditeurs (qui mangent à tous les rateliers). C'est au nouvel arrivant d'aller explorer, de voir s'il se sent bien dans cette maison ou pas, et de savoir quelle collection pourrait lui plaire.
Quant aux "ayatollahs"... de qui parle-t'on, vraiment?