tzynn a écrit:Là où je trouve que l'auteur de l'article exagère, c'est que 1000€ de droits d'entrée c'est rien du tout dans le monde professionnel. En plus c'est du déductible. Comme si la barrière à l'entrée était infranchissable. Ca aurait été 50k ou 100k, c'est clair que ça aurait été autre chose, mais là.
Xavier Guilbert a écrit:tzynn a écrit:Là où je trouve que l'auteur de l'article exagère, c'est que 1000€ de droits d'entrée c'est rien du tout dans le monde professionnel. En plus c'est du déductible. Comme si la barrière à l'entrée était infranchissable. Ca aurait été 50k ou 100k, c'est clair que ça aurait été autre chose, mais là.
C'est mal connaître l'économie des petits éditeurs, qui fonctionnent pour beaucoup grace au bénévolat, et sur des bouts de ficelle. Il y a quelques années, les Requins Marteaux se sont retrouvés dans la merde pour un défaut de trésorerie de 30 ou 40k€. Pour reprendre les termes d'un éditeur avec qui j'ai échangé sur le sujet, "1000€, c'était beaucoup, surtout pour ne faire de la promotion que sur un pays, les USA."
Xavier Guilbert a écrit:tzynn a écrit:Là où je trouve que l'auteur de l'article exagère, c'est que 1000€ de droits d'entrée c'est rien du tout dans le monde professionnel. En plus c'est du déductible. Comme si la barrière à l'entrée était infranchissable. Ca aurait été 50k ou 100k, c'est clair que ça aurait été autre chose, mais là.
C'est mal connaître l'économie des petits éditeurs, qui fonctionnent pour beaucoup grace au bénévolat, et sur des bouts de ficelle. Il y a quelques années, les Requins Marteaux se sont retrouvés dans la merde pour un défaut de trésorerie de 30 ou 40k€. Pour reprendre les termes d'un éditeur avec qui j'ai échangé sur le sujet, "1000€, c'était beaucoup, surtout pour ne faire de la promotion que sur un pays, les USA."
"1000€, c'était beaucoup, surtout pour ne faire de la promotion que sur un pays, les USA."
tzynn a écrit:Mais dans le cadre du dossier en question, on ne parle pas d'offre culturelle mais de business.
tzynn a écrit:Comme si ce n'était pas lié dans ce genre de dossier... Ils ne vont pas sur place pour le plaisir, mais probablement pour trouver des accords de diffusion ou à tout le moins pour lancer de premiers hameçons. A quoi ça sert d'aller à l'étranger si après il n'y a de toute façon pas moyen de suivre financièrement.
LeJoker a écrit:Tzynn n'a montré à mon sens aucun mépris. Il rappelle avec lucidité ce qu'est la réalité. Et croire qu'une prospection à l'international peut aboutir quand déjà on lutte pour seulement 1000€...Faut vraiment le faire.
LeJoker a écrit:Tzynn n'a montré à mon sens aucun mépris. Il rappelle avec lucidité ce qu'est la réalité. Et croire qu'une prospection à l'international peut aboutir quand déjà on lutte pour seulement 1000€...Faut vraiment le faire.
yannzeman a écrit:Il existe des BD, ne répondant peut-être pas à la demande franco-belge, mais qui feraient très "françaises" à l'international, et pourraient y trouver un public, même de niche.
Les films français arrivent bien à s'exporter là-bas, et parfois des films n'ayant pas trouvé leur public en France, ou qu'on ne soupçonnerait pas de trouver un public aux USA.
Gregg: À partir de quand avez-vous commencé à traduire en anglais ?
Jean-Philippe Peyraud: Il se trouve qu’on avait croisé pas mal d’étrangers intéressés et pour qui c’était plus facile d’avoir un produit anglais. On s’est dit pourquoi pas, et on s’est lancé comme ça..
Christopher: C’était un désir que nous avions depuis assez longtemps. Le potentiel du marché français étant restreint, nous nous sommes dit que, pour essayer de faire vivre la comédie illustrée, pourquoi ne pas essayer de pousser jusqu’au marché américain. Ça a commencé quand nous sommes allé au festival d’Angoulême 1996 où j’ai pris les premiers contacts avec Capital. On avait fait un prototype pour savoir s’ils étaient intéressés, soit par le format album français, soit par le format comic. Ils ont dit « on vous prend tout de suite les formats comic » et donc c’est ce qu’on a fait. Avec le principe de distribution aux États-Unis par catalogue de Diamond, de Last gasp, c’est beaucoup plus simple et agréable pour nous de pouvoir prévoir les tirages. À partir de là, il faudra essuyer les plâtres avec les premiers numéros pour se faire connaître et puis on va essayer d’évoluer. Puisqu’on a la possibilité de traduire les bouquins en anglais, autant jouer cette carte-là à fond.
Gregg: Mais ça continue en anglais ?
Christopher: Oui, bien sûr. Il y a Arthur Van Kroening qui, très gentiment et bénévolement, nous traduit les Pleasantly Disturbed et Jean-Paul Jennequin qui relit et retraduit derrière. Moi, je fais ça avec ma mère, et on passe des heures pour essayer de trouver les jeux de mots, pour avoir un équivalent en anglais.
Gregg: Il y a eu trois numéros de chaque ?
Christopher: Pour l’instant. On va essayer de sortir les prochains, peut-être, pour Angoulême, parce que d’ici là on est débordé.
Gregg: Vous avez tout de suite pensé à le faire vous-même, au lieu de passer par un autre éditeur ?
Christopher: En fait, c’était un peu le grand dilemme. Depuis le départ, nos planches on aurait très bien pu les présenter chez un éditeur, mais on ne l’a pas fait. Après, pour les comics, je crois que ça nous est pas tellement venu à l’idée d’aller les présenter chez les autres.
Jean-Philippe Peyraud: On avait pris l’habitude de tout faire nous même, donc on s’est dit autant garder la main-mise sur les éditions étrangères.
Gregg: C’est surprenant qu’il n’y ait pas eu plus de Français qui vous aient suivi dans cette voie.
Christopher: Ça m’a toujours un peu étonné, car il y a quand même un potentiel assez énorme comparé au marché franco-belge. Mais il faut trouver quelqu’un pour pouvoir les traduire, et je crois que c’est ça qui arrête le plus. Nous, on a vraiment des problèmes de traduction, arriver à trouver les personnes bénévoles pour traduire, relire, re-relire, recorriger, il se passe bien 3 mois entre la première traduction et la dernière, c’est vraiment très long. Après, il faut présenter tout ça, c’est un sacré travail, et d’ailleurs nous on pêche un peu sur la communication aux États-Unis de nos produits. On a eu des articles dans le Comics Journal et autres, mais ça ne suffit pas. Il faudrait qu’on fasse des démarches avec les représentants là-bas, mais on n’a ni les moyens, ni le temps.
Gregg: Ça m’étonne quand tu dis qu’il y a un potentiel énorme aux États-Unis. Au début, c’est ce que je croyais, je me disais qu’en France on a un tirage indépendant qui pouvait monter jusqu’à 5000 …
Christopher: Tu es optimiste.
Gregg: Oui, disons avec une vision optimiste qu’on pourrait monter jusqu’à 5000 en France, et proportionnellement j’imaginais que cela atteignait 15000 aux États-Unis, mais je me suis rendu compte que des éditeurs comme Drawn and Quarterly ou Black Eye Books sortent des albums à 3000 exemplaires et ça s’arrête là.
Christopher: Oui, mais c’est 3000 exemplaires, et pour nous il y a tout un gain de temps puisque le produit est déjà fait, il y a juste à le traduire, à le relettrer et le maquetter. On se dit que si on arrive à faire d’un côté 2000 en France et si on arrive à pousser jusqu’au 3-4000 aux États-Unis, on arrivera à 6-7000, ça serait assez génial. Mais pour l’instant, on n’y est pas, on va essayer avant tout de continuer et de faire en sorte qu’on ne nous oublie pas.
Jean-Philippe Peyraud: Ce qui est assez curieux, c’est qu’involontairement il y a eu une espèce d’effet marketing rigolo, car des Français, qui doivent traîner dans les librairies de comic, nous ont découverts à travers les comics américains et doivent nous prendre pour des Québecois ou je ne sais quoi, alors qu’en fait, c’est 100 % français.
Xavier Guilbert a écrit:yannzeman a écrit:Il existe des BD, ne répondant peut-être pas à la demande franco-belge, mais qui feraient très "françaises" à l'international, et pourraient y trouver un public, même de niche.
Les films français arrivent bien à s'exporter là-bas, et parfois des films n'ayant pas trouvé leur public en France, ou qu'on ne soupçonnerait pas de trouver un public aux USA.
JC Menu faisait ce constat dans son Plates-Bandes, soulignant combien les formes "habituelles" du mainstream d'une culture étaient tellement codifiées qu'elles en devenaient paradoxalement difficiles à exporter, alors que les approches d'auteurs, touchant plus à une forme d'universalité, étaient finalement mieux armées.
yannzeman a écrit:Je ne vais pas citer tout ce qui a été dit dans la citation de Xavier Guilbert, mais ce qui a changé depuis 1996, c'est le contexte technique.
Internet est arrivé, la BD numérique a pris de l'ampleur.
Maintenant, il "suffit" de traduire les bulles, et on n'a plus à se soucier des questions d'édition.
Il faut "juste" créer le site qui commercialisera ces productions des petites structures made in France aux USA.
(bon, je me doute bien que c'est plus facile à dire qu'à faire, et le succès, même de niche, ne sera pas forcément au rendez-vous ; mais le risque financier est peut-être moins important qu'en édition papier)
Économiquement, izneo est passé de 1,035 million € à 1,28 million € de chiffre d’affaires de 2015 à 2016, mais avec des pertes doublées – 644 000 € à 1,137 million €. Les sources de revenus sont réparties à 50 % pour la distribution – la vente des BD d’éditeurs à des revendeurs. La vente directe représente 40 % des revenus, dont un quart pour l’abonnement. [...] Le reste est réalisé par l’offre en bibliothèque, « une composante importante parce que les établissements représentent un maillage important, et un moyen de communiquer sur l’offre ».
Xavier Guilbert a écrit:tzynn a écrit:Comme si ce n'était pas lié dans ce genre de dossier... Ils ne vont pas sur place pour le plaisir, mais probablement pour trouver des accords de diffusion ou à tout le moins pour lancer de premiers hameçons. A quoi ça sert d'aller à l'étranger si après il n'y a de toute façon pas moyen de suivre financièrement.
Attends, laisse-moi deux minutes pour décortiquer ton argumentation.
1. pourquoi penserais-tu que les "petits éditeurs" iraient sur place pour le plaisir, et pas les gros? pourquoi ce mépris?
2. d'où vient cette idée qu'il y n'aurait pas moyen de suivre financièrement? un accord de diffusion ou de traduction, c'est une structure américaine qui va te payer pour diffuser ou éditer tes livres, donc c'est de l'argent qui rentre. Au contraire, c'est une manière de mieux suivre financièrement.
Là, on a une aide qui est donnée pour faciliter cette recherche, et que les gros éditeurs ont coopté, en mettant une barrière à l'entrée pour éviter que les petits viennent en profiter.
tzynn a écrit:Alors si tu sais pas aligner 1000€, rêver de l'international je ne me vois même pas y penser.
A savoir que les éditeurs du Syndicat des Editeurs Alternatifs (www.lesea.fr) ont découvert la création de la French Comic Association par hasard, que nous avons appris pour l'occasion que le CNL avait accepté de les soutenir à la condition que la FCA ne défende pas que les livres du SNE (clause non respectée en 2016, qui ne le sera manifestement pas en 2017). Pour la plupart d'entre nous, la cotisation annuelle de 1000 euros est effectivement trop chère, et la FCA a bien sûr refusé l'idée d'une cotisation collective du SEA.
tzynn a écrit:J'ai monté ma boite. On a commencé à 2 sur un coin de table. On est 35, et on le CA qui suit aussi. L'export je connais un peu, et aller sur un marché lointain c'est uberchaud. Sauf si on vit de subsides permanents, les boites savent qu'obtenir un client coute cher, et que le conserver peut aussi couter cher. Les couts sont très élevés, parce que si tu n'es pas proche de tes clients ou de tes distributeurs, bein c'est quasi systématiquement voué à l'échec. Donc faut de la présence au minimum régulière sur place. Rien que les transports et la logistique coutent chers. Même nous on ne se risque pas sur des marchés à plus de quelques centaines / milliers de kilomètres. Alors si tu sais pas aligner 1000€, rêver de l'international je ne me vois même pas y penser.
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