Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe

C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 06/06/2013 12:34

Message précédent :
kilfou a écrit:Je suis complètement pour une collec économique basée sur des rééditions (du coup me parlez pas de 32, c'était trop pointu pour que ça marche) pour conquérir de nouveaux lecteurs, rebutés par le prix. [...] J'attends maintenant vos arguments pour me dire pourquoi ça marche en roman mais pas en BD. :)


Un article tout-à-fait sur le sujet: L’impossible seconde vie ? Le poids des standards éditoriaux et la résistance de la bande dessinée franco-belge au format de poche
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede icecool » 06/06/2013 12:42

Et lire sur un pc, une tablette, un smartphone un album "classique" en version numérique ? C'est tout aussi possible mais oblige - au moins partiellement - à des agrandissements manuels... De la même manière que, oui, il vaudra toujours mieux voir un film sur le plus grand écran possible, un album nécessite sans doute un support/cadre idéal. Et pourtant : lire Alix : l'enfant grec par exemple dans sa version Magnard bd (19 x 14 cm) se fait sans aucun souci. Simple question d'habitude... Au delà du simple confort des yeux, ce n'est pas la (grande) taille (du prix ?) qui compte !

Autre possibilité alternative que le poche : les collections souples à prix réduits, telles les collections Horizons ou Pirate chez Dupuis :

http://recherche.fnac.com/c80175/Horizons
http://recherche.fnac.com/c77817/Bd-Pirate
Dernière édition par icecool le 06/06/2013 12:45, édité 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
icecool
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4505
Inscription: 20/09/2008
Localisation: Angoulême
Age: 49 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede kilfou » 06/06/2013 12:45

Xavier Guilbert a écrit:
kilfou a écrit:Je suis complètement pour une collec économique basée sur des rééditions (du coup me parlez pas de 32, c'était trop pointu pour que ça marche) pour conquérir de nouveaux lecteurs, rebutés par le prix. [...] J'attends maintenant vos arguments pour me dire pourquoi ça marche en roman mais pas en BD. :)


Un article tout-à-fait sur le sujet: L’impossible seconde vie ? Le poids des standards éditoriaux et la résistance de la bande dessinée franco-belge au format de poche


Très chouette article, mais ça fait 20 ans que rien n'a été tenté. Un peu de nerf !
Libraire BD à Epinal dans les Vosges !
https://www.facebook.com/librairieloctopus/
Avatar de l’utilisateur
kilfou
Libraire
Libraire
 
Messages: 5649
Inscription: 27/04/2009
Localisation: Vosges
Age: 40 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede icecool » 06/06/2013 12:55



Un article que je connais bien, et pour cause... Je suis aussi désireux d'intervenir sur le sujet à la prochaine Université d'été à Angoulême, vu le thème.

Image

Programme détaillé : http://www.enssib.fr/agenda/la-bande-de ... s-lectures
Avatar de l’utilisateur
icecool
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4505
Inscription: 20/09/2008
Localisation: Angoulême
Age: 49 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Gorkh » 06/06/2013 15:19

icecool a écrit:Et lire sur un pc, une tablette, un smartphone un album "classique" en version numérique ? C'est tout aussi possible mais oblige - au moins partiellement - à des agrandissements manuels... De la même manière que, oui, il vaudra toujours mieux voir un film sur le plus grand écran possible, un album nécessite sans doute un support/cadre idéal. Et pourtant : lire Alix : l'enfant grec par exemple dans sa version Magnard bd (19 x 14 cm) se fait sans aucun souci. Simple question d'habitude... Au delà du simple confort des yeux, ce n'est pas la (grande) taille (du prix ?) qui compte !

Autre possibilité alternative que le poche : les collections souples à prix réduits, telles les collections Horizons ou Pirate chez Dupuis :

http://recherche.fnac.com/c80175/Horizons
http://recherche.fnac.com/c77817/Bd-Pirate

J'adhère déjà plus à ça. D'ailleurs, rien n'empêche de réduire légèrement la taille de la BD pour réduire d'autant plus le coû de prod. Si j'avais des enfants pour des titres a la ksid paddle, game over,titeuf... c'est ce que je leur prendrai.
Si ça existait.
Avatar de l’utilisateur
Gorkh
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 3488
Inscription: 12/04/2013
Localisation: Ca me regarde
Age: 40 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede pabelbaba » 06/06/2013 15:25

Ouais, mais l'idée des éditeurs c'est depuis longtemps l'inverse, produire en grand format pour justifier des prix maousses. Résultat, on se retrouve avec des BD comme Silex & The City en GF à 14€... Après faut pas s'étonner de vendre moins.
Mais à devoir choisir entre la peur du vide et la nausée des trottoirs... j'aurais sans doute fait comme eux.

Galerie 2dgalleries
Galerie Comicartfans
Avatar de l’utilisateur
pabelbaba
Maître BDGestiste
Maître BDGestiste
 
Messages: 17818
Inscription: 28/12/2009
Localisation: Paris
Age: 41 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Olaf Le Bou » 06/06/2013 15:43

Gorkh a écrit:J'adhère déjà plus à ça. D'ailleurs, rien n'empêche de réduire légèrement la taille de la BD pour réduire d'autant plus le coû de prod. Si j'avais des enfants pour des titres a la ksid paddle, game over,titeuf... c'est ce que je leur prendrai.
Si ça existait.


mwouais, faut pas se leurrer non plus, la différence de coût de production entre un joli cartonné relié grand format et un format réduit broché souple, même si elle est du simple au double, ou au triple, voyons large, ça reste de toute manière assez marginal sur le prix de vente final...

pour un 48CC vendu 13,50 €, on a déjà lu et relu ici même que le coût de fab est de 3-4 €. Même divisé par 3, l'impact sur le prix de vente final est minime. Et vu que les marges sont déjà loin d'être mirobolantes dans la filière, peu de chance que ces bouquins soient vendus à moitié prix de la version classique. Ce qui semble être un minimum pour que le concept de "version de poche" soit perçu par les lecteurs.


Non, je pense qu'il faut patienter encore une quinzaine d'années, que suite aux augmentations successives des prix de vente les BD traditionnelles atteignent les niveaux de marges des romans, et alors les éditeurs pourront introduire le concept de collections bons marchés pour les classiques du catalogue. S'il reste encore des lecteurs. Et si le numérique n'a pas tué le livre.
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
Avatar de l’utilisateur
Olaf Le Bou
BDGedï
BDGedï
 
Messages: 33935
Inscription: 20/03/2008
Localisation: Cambrésis
Age: 56 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede toine74 » 06/06/2013 18:57

Olaf Le Bou a écrit:...

Non, je pense qu'il faut patienter encore une quinzaine d'années, que suite aux augmentations successives des prix de vente les BD traditionnelles atteignent les niveaux de marges des romans, et alors les éditeurs pourront introduire le concept de collections bons marchés pour les classiques du catalogue.


Cette approche existe ! Ça s'appelle les intégrales. Même si elles ne sont pas bon marchées (le prix est quand même compétitif face aux albums à la pièce), ces gros albums reprenant les classiques du catalogue fonctionnent bien, chez un certain public. Celui qui apprécie les dossiers, les petits à-côtés. Je n'aime pas le terme : un public de connaisseur.

Penser que proposer La patrouille des Castors ou Buck Danny même à petits prix va attirer de nouveaux lecteurs me semble un peu idéaliste. Des "Poches" à 1/2 ou 1/3 du prix plein, ça veut dire multiplier les ventes de deux ou trois pour faire rentrer autant de sous... le tout dans un marché dont les ventes totales se réduisent année après années. :nononon:

Le futur, c'est le numérique (sans que le papier ne disparaisse pour autant), mais avec des histoires et des formats adaptés. En Asie, au Japon particulièrement, la mutation est déjà bien en place. Aux USA, les comics s'y mettent alors que les indépendants le font depuis déjà un petit moment (Far Arden de Steve Cannon est d'abord paru sur le web avant qu'un éditeur le publie en dur). En Francobelgie, aucun éditeur n'ose vraiment s'y mettre et tous se contentent de quelques blogs (Boulet par exemple) tout en imposant les formats classiques aux nouveaux artistes émergents.
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

José Carlos Fernandes
Avatar de l’utilisateur
toine74
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 23546
Inscription: 02/12/2007
Localisation: Sherbrooke
Age: 50 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 07/06/2013 03:57

icecool a écrit:

Un article que je connais bien, et pour cause...

Ah oui, je n'avais pas fait attention à qui se cachait derrière ce pseudonyme... c'est plus clair maintenant. :-)
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Cooltrane » 07/06/2013 14:38

xof 24 a écrit:
Olaf Le Bou a écrit:
euh, z'avez entendu parler des mangas... ??

alors c'est des bd en format poche, imprimées reliées comme des poches, au prix du poche, et parfaitement adaptées à la lecture nomade...


Oui mais c'est du manga...Pas du FB :D


Ouais, mais FB ou Jap ou USA, le truc de poche ne m'intéresse de toute façon pas...
Pas envie de lire dans le métro ou à la plage (j'y vais déjà très rarement alors que mon labo est à 400m - à vol de mouette chieuse - de la mer), ni même ne voyage ou vacance... Pas juste pour une question d'image de demeuré (peu m'importe, encore que...) ou même de place dans les bagages (là si en voiture OK, si en avion ou train, c'est plis important), mais c'est trop vite terminé... Donc, un bon roman ou des livres musique ou autre, c'est bien plus pratique... et surtout pas aussi vite fini...
En général, les magazines ou encore la presse quotidienne suffisent à mes lectures extra-muros... Donc les formats poche... [:bru:3]
Ceci dit j'adore une certaine BDFB petit format, mais sortie à l'origine comme tel (Treize Etrange par ex), pas un truc réduit

Olaf Le Bou a écrit:
Gorkh a écrit:J'adhère déjà plus à ça. D'ailleurs, rien n'empêche de réduire légèrement la taille de la BD pour réduire d'autant plus le coû de prod. Si j'avais des enfants pour des titres a la ksid paddle, game over,titeuf... c'est ce que je leur prendrai.
Si ça existait.


mwouais, faut pas se leurrer non plus, la différence de coût de production entre un joli cartonné relié grand format et un format réduit broché souple, même si elle est du simple au double, ou au triple, voyons large, ça reste de toute manière assez marginal sur le prix de vente final...

pour un 48CC vendu 13,50 €, on a déjà lu et relu ici même que le coût de fab est de 3-4 €. Même divisé par 3, l'impact sur le prix de vente final est minime. Et vu que les marges sont déjà loin d'être mirobolantes dans la filière, peu de chance que ces bouquins soient vendus à moitié prix de la version classique. Ce qui semble être un minimum pour que le concept de "version de poche" soit perçu par les lecteurs.



Ouais, plutôt d'accord, pas de grosses différences sur le prix final... de plus un broché est plus fragile en cas de lecture hors-domicile... par contre, pour le format poche (outre mon manque d'enthousiasme ci-dessus), la différence est déjà plus notable...
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)
Avatar de l’utilisateur
Cooltrane
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 22336
Inscription: 30/09/2010
Localisation: Ohl.... enfin, BruxOhl..
Age: 61 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede eBry » 07/06/2013 16:33

kilfou a écrit:C'est une chouette initiative la sortie de RG en poche
J'avais fait l'impasse sur la première édition que je trouvais trop chère.

J'ai acheté l'édition poche intégrale que je trouve très lisible. Content de mon achat, juste un peu déçu par le dessin de couverture comparé au style et à la qualité du dessin des planches...
Monsieur Rathbone, on m'a dit le plus grand bien de vous. Seulement, chacun doit rester sur ses gardes et ne pas esquisser le moindre geste. Je vous sers un scotch ?
Avatar de l’utilisateur
eBry
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4157
Inscription: 15/12/2002
Localisation: Belgique
Age: 58 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede mome » 07/06/2013 23:01

[:fantaroux:2]
Dernière édition par mome le 23/03/2020 19:41, édité 1 fois.
mome
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 6209
Inscription: 08/01/2010

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 08/06/2013 00:12

mome a écrit:Parce que si j'ai bien compris, la plupart d'entre-nous a un budget contraint. Donc l'idée d'un support moins cher, c'est juste, pour les drogués que nous sommes, l'opportunité de lire plus : pour 150 € j'ai 10 bds, à 7.50 € j'en ai 20. Mais l'éditeur ne voit qu'un chose : je claque toujours 150 €.
Le problème est donc surtout de faire venir un nouveau public et non de satisfaire les envies de lire plus d'aficionados qui ne dépenseront pas plus. Le prix sera certainement un des leviers mais, sauf un léger phénomène de lecture jetable - c'est pas cher, je m'en prends un de tant à autre - n'aura pas d'impact seul.

Oui, la situation est beaucoup plus complexe qu'une seule question de prix.

Du côté des aficionados, on a une première situation: effectivement, les gens ont un budget, mais comme ce sont déjà des conquis, ils sont éventuellement prêts à casser la tirelire si ce qu'on leur propose en vaut la peine. D'où les tirages de tête, éditions de luxe, intégrales avec inédits, etc. De ce côté-là, en effet, pas vraiment d'intérêt à baisser le prix, puisque ce n'est pas un facteur principal dans la décision d'achat.
Qui plus est, se pose une autre limite, qui est celle de la saturation: les aficionados consomment déjà souvent au maximum de ce qu'ils seraient capables d'absorber -- au final, la diminution du prix n'occasionnerait que très peu de ventes supplémentaires.
Enfin, dernier élément: ce sont peut-être ceux qui sont les plus attachés à la forme et la fabrication des livres. Or, des prix plus bas impliquent bien souvent une qualité de fabrication moindre, et entraîner l'exact opposé de l'objectif initial, en causant une diminution des ventes...

Les choses sont plus compliquées quand on s'intéresse aux lecteurs plus occasionnels, voire aux non lecteurs. Dans ce cas, le prix peut être un frein à l'achat, et c'est pour cela que l'on a vu se multiplier les différents formats qui sont censés proposer une alternative à l'album relié et cher: versions souples, versions de poche, versions intégrales petit format, etc. Le problème, c'est qu'il semblerait (et l'étude 2011 sur la lecture de la bande dessinée le montre, en particulier sur les raisons d'abandon de la lecture) que le prix n'ait pas une importance aussi primordiale que cela.
Le cinéma fait 200 millions d'entrées annuelles en France, alors que l'on y vend moins de 40 millions de bandes dessinée; au niveau valeur, on a d'un côté 1,3 milliard d'euros pour le cinéma contre 420 millions d'euros pour la bande dessinée dans les chiffres les plus favorables. On a d'un côté un médium fortement médiatisé et valorisé, et de l'autre un médium qui sort de l'ombre une semaine par an, et qui reste bien souvent relégué au rang de simple divertissement.
Ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a des gens qui sont prêts à dépenser entre 6 et 10 euros pour deux heures d'une expérience unique et non renouvelable, mais qui ne sont pas prêts à faire la même dépense pour acheter une bande dessinée qu'ils peuvent lire et relire et même prêter. La question n'est donc pas une question de prix, mais bien une question de valorisation de l'expérience (et de qualité également, mais le cinéma a également ses navets).

La focalisation sur la sphère uniquement économique est un travers qui révèle une profonde incompréhension de la part d'une partie des observateurs et des éditeurs. On retrouve la même erreur dans le diagnostic qui est fait des atouts d'Amazon, en se focalisant uniquement sur les 5% de réduction et les frais de port gratuit, en oubliant avant tout qu'Amazon est un service, et qu'en tant que service, il présente des avantages (réels ou perçus) que n'ont pas les libraires. (en vrac: ouverture permanente, accessible du bureau ou de la maison, offre a priori très large, option d'achat en occasion, etc.) Tant que l'on se limite à regarder le seul aspect financier en affirmant que c'est le seul qui compte, on passe complètement à côté de ce qui constitue le véritable enjeu.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede zourbi le grec » 08/06/2013 07:19

Xavier Guilbert a écrit:La focalisation sur la sphère uniquement économique est un travers qui révèle une profonde incompréhension de la part d'une partie des observateurs et des éditeurs. On retrouve la même erreur dans le diagnostic qui est fait des atouts d'Amazon, en se focalisant uniquement sur les 5% de réduction et les frais de port gratuit, en oubliant avant tout qu'Amazon est un service, et qu'en tant que service, il présente des avantages (réels ou perçus) que n'ont pas les libraires. (en vrac: ouverture permanente, accessible du bureau ou de la maison, offre a priori très large, option d'achat en occasion, etc.) Tant que l'on se limite à regarder le seul aspect financier en affirmant que c'est le seul qui compte, on passe complètement à côté de ce qui constitue le véritable enjeu.

Oui, Amazon c'est avant tout, des services très larges et une expérience client impeccable de bout en bout, ce qui est loin d'être le cas de tous les vendeurs en ligne ou pas.
Et bravo pour ta dernière intervention, très pertinente comme d'habitude :ok:
"Pour qu'il y ait le moins de mécontents possibles il faut toujours taper sur les mêmes."
Jacques Rouxel
Avatar de l’utilisateur
zourbi le grec
Expert BDGestiste
Expert BDGestiste
 
Messages: 11981
Inscription: 23/11/2007
Localisation: Paris
Age: 58 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede thyuig » 08/06/2013 08:14

Ouaip, intervenir aussi clairement alors qu'il est 1h13 du mat et qu'on est complètement chargé au bourbon, je salue le professionnel ! :ok: :D
Avatar de l’utilisateur
thyuig
Barde
Barde
 
Messages: 15632
Inscription: 28/10/2005
Localisation: Bordeaux
Age: 46 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede eBry » 09/06/2013 02:22

Xavier Guilbert a écrit:Qui plus est, se pose une autre limite, qui est celle de la saturation: les aficionados consomment déjà souvent au maximum de ce qu'ils seraient capables d'absorber -- au final, la diminution du prix n'occasionnerait que très peu de ventes supplémentaires.
Enfin, dernier élément: ce sont peut-être ceux qui sont les plus attachés à la forme et la fabrication des livres. Or, des prix plus bas impliquent bien souvent une qualité de fabrication moindre, et entraîner l'exact opposé de l'objectif initial, en causant une diminution des ventes...

Quel est le pourcentage des ventes en valeur dues à des gros acheteurs par rapport au total des ventes? Est-ce si pertinent?

En littérature, le poche est incontournable et vendu moins de 40% du prix de la première édition. Le lecteur Lambda en littérature met deux à sept jours à lire un bouquin grand format seulement 30% plus cher qu'une BD qu'il mettrait maximum 1 heure à lire.

A mon avis ce seul constat fait qu'une partie des lecteurs de non-illustrés dédaigne la BD, alors qu'ils sont susceptibles d'être séduits par une autre offre en BD, pas seulement liée à un changement de prix mais également une autre couverture médiatique et une autre offre en matière de narrations.

Tous ces gens qui visitent des musées de la peintures et autres arts graphiques sont-ils en majorité des lecteurs de BD? Ils le devraient, vu leurs prédispositions à l'expression graphique. Je ne serais pas étonné que ce ne soit pas actuellement le cas...

Xavier Guilbert a écrit:On a d'un côté un médium fortement médiatisé et valorisé, et de l'autre un médium qui sort de l'ombre une semaine par an, et qui reste bien souvent relégué au rang de simple divertissement.

Cela fait des années que ce point m'énerve. Les éditeurs ne font pas suffisamment de boulot de ce côté-là!

Les vingt dernières années que j'ai lu le Télé Moustique, il y avait chaque semaine 1 à 4 ou 5 petites critiques de BD qui tenaient sur maximum une page, souvent juste un entre-filet. J'étais sidéré par le choix des titres qui, immanquablement, ne recevaient jamais plus de deux étoiles sur quatre par le critique. Pourquoi parler de ces BD si c'est pour systématiquement déclarer qu'elles ne dépassaient pas un niveau moyen, alors que des livres non-illustrés, CD ou DVD faisaient fréquemment le plein d'étoiles, y compris des œuvres de pur divertissement?
Monsieur Rathbone, on m'a dit le plus grand bien de vous. Seulement, chacun doit rester sur ses gardes et ne pas esquisser le moindre geste. Je vous sers un scotch ?
Avatar de l’utilisateur
eBry
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4157
Inscription: 15/12/2002
Localisation: Belgique
Age: 58 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede eBry » 09/06/2013 02:23

Pourquoi les trois millions d'acheteurs d'Astérix n'achètent-ils pas tous d'autres BD? A-t-on déjà interrogé un échantillon suffisamment représentatif de ce lectorat pour comprendre?
Monsieur Rathbone, on m'a dit le plus grand bien de vous. Seulement, chacun doit rester sur ses gardes et ne pas esquisser le moindre geste. Je vous sers un scotch ?
Avatar de l’utilisateur
eBry
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4157
Inscription: 15/12/2002
Localisation: Belgique
Age: 58 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede pabelbaba » 09/06/2013 09:53

L'échantillon que j'ai interrogé n'est pas particulièrement large (mon entourage), mais les deux principaux reproches faits à la BD FB c'est que c'est trop cher (d'où l'achat uniquement pour Noël) et les histoires non finies (d'où l'achat au mieux d'intégrales avec sticker "cycle complet").
Mais à devoir choisir entre la peur du vide et la nausée des trottoirs... j'aurais sans doute fait comme eux.

Galerie 2dgalleries
Galerie Comicartfans
Avatar de l’utilisateur
pabelbaba
Maître BDGestiste
Maître BDGestiste
 
Messages: 17818
Inscription: 28/12/2009
Localisation: Paris
Age: 41 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 09/06/2013 13:27

eBry a écrit:Quel est le pourcentage des ventes en valeur dues à des gros acheteurs par rapport au total des ventes? Est-ce si pertinent?

L'étude annuelle sur le marché du livre de TNS-Sofres indiquait il y a quelques années que 20% des acheteurs représentaient 60% des achats pour le livre en général. C'est peut-être plus marqué pour la bande dessinée, puisque l'étude 2011 sur la lecture de la bande dessinée indique que les gros et moyens lecteurs (qui représentent 45% de la population) sont responsables de plus de 80% des lectures. (les gros lecteurs, soit 10% de la population, représentant à eux seuls 40% des lectures)

Mais au-delà de cette simple distribution, ce qui est plus critique, c'est la diversité des achats au sein de ces différentes catégories: si je me base sur ce que j'ai pu voir dans une autre industrie aux comportements assez similaires (le jeu vidéo), seuls les gros lecteurs sont véritablement diversifiés dans leurs lectures, les lecteurs occasionnels se portant généralement sur les blockbusters.
On peut également formuler l'observation autrement: les gros lecteurs achetant de tout (mais représentant une base finalement très réduite), c'est uniquement lorsqu'il réussit à convaincre les lecteurs occasionnels qu'un titre peut atteindre le statut de blockbuster.

Bref, on a à une échelle moins marquée que sur le manga, une situation de "noyau dur" qui représente une part très importante du marché, et qui, par ses attentes (que les éditeurs s'attachent à satisfaire), contribue à instaurer et à perpétuer une partie des obstacles à l'élargissement du lectorat à des lecteurs moins impliqués.

D'une certaine manière, on pourrait dire que l'avènement du numérique représente une chance, dans le bouleversement des cartes qu'il représente. Ainsi, pour la musique, l'arrivée d'Apple et consorts a entraîné un changement radical des stratégies de prix, que les majors installées n'auraient jamais envisagé faire, de peur de perturber leur structure de revenus.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede eBry » 09/06/2013 14:18

L'exemple du secteur musical:

Avant que Apple puisse se positionner efficacement, il a fallu que les majors voient leur chiffre d'affaires baisser de plusieurs pour cent par an, pendant plusieurs années, à cause du piratage et de la concurrence, dans le budget des ménages, du DVD, des GSM et des jeux vidéos.
Ce que j'ignore, c'est si les auteurs musicaux ont souffert d'une baisse de leurs conditions de rémunération pendant ces années de baisse des ventes de CD.


L'attitude suicidaire des éditeurs et leur procrastination:

Côté BD, les éditeurs n'ont pas encore souffert plusieurs années d'affilée d'une baisse de leur chiffre d'affaires. Par contre lesdits éditeurs baissent depuis des années les conditions de rémunération des auteurs, sans quoi, ils auraient déjà été confrontés depuis des années à une baisse de leur chiffre d'affaires. Par leur politique, les éditeurs ont à la fois diminué la rémunération de base et le tirage moyen des auteurs.

Le manga est à la pointe question poids du piratage dans son marché et prix de vente compétitif, avec public jeune donc porteur d'avenir. Le fait qu'il faut attendre, en France, plus longtemps pour avoir la suite d'une série, couplé à une augmentation des prix semblent avoir un impact négatif sur les volumes de ventes. Résultat, les éditeurs japonais commencent à vouloir se passer des éditeurs français, ce qui ne règle absolument rien aux problèmes fondamentaux.


L'exemple de la littérature:

Pour rebondir sur le commentaire de Papelbaba, le modèle du 46 pages n'aurait-il pas vécu? Le lecteur actuel ne préfère-t-il pas une brique de maximum 20 EUR qui n'appelle pas obligatoirement une suite? La BD serait mieux alignée sur la littérature, tant en prix qu'en temps de lecture, plus concurrentielle avec ladite littérature, ce qui ouvrirait la voie à de nouveaux lecteurs...
Monsieur Rathbone, on m'a dit le plus grand bien de vous. Seulement, chacun doit rester sur ses gardes et ne pas esquisser le moindre geste. Je vous sers un scotch ?
Avatar de l’utilisateur
eBry
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 4157
Inscription: 15/12/2002
Localisation: Belgique
Age: 58 ans

Re: C'est la crise ?

Messagede Xavier Guilbert » 09/06/2013 17:36

Je suis d'accord avec les deux derniers points, et je suis effectivement convaincu que la bande dessinée va devoir s'orienter vers le modèle de la littérature, et que cela passe par le développement d'un discours autour de la bande dessinée (en particulier venant des éditeurs).

Par contre, pour le premier point, je pense qu'il faut pas mal nuancer, et qu'il y a certains aspects qui ont touché l'évolution de la musique qui sont aussi applicables au cas du manga.
Certes, les revenus des majors ont fortement diminué avant l'arrivée d'Apple, principalement à cause d'un changement important des comportements des acheteurs. On parle toujours beaucoup du piratage (qui est l'un de ces comportements qui ont pris de l'ampleur grâce au numérique), mais il faut aussi souligner le changement profond que représente le passage d'une société de consommation (où il est important de posséder) à une société de loisir (où il est important d'avoir l'expérience de). Le déclin de la musique enregistrée avant l'arrivée d'Apple a plusieurs facteurs: la disparition de supports obsolètes (la cassette audio), l'apparition de collections à bas prix (qui mécaniquement, génèrent moins de revenus), le transfert vers la musique live et enfin le désengagement marqué des majors du format du single qui va suivre.

L'intérêt pour les concerts est important, dans le sens où l'on retrouve deux caractéristiques essentielles de notre société de loisir: l'expérience (ici et maintenant) et l'aspect social. Dans un contexte où l'on est sans cesse plus sollicité (et portables et réseaux sociaux ne font qu'exacerber cet aspect), l'expérience, le fait de vivre quelque chose, devient le signe de quelque chose de précieux. Ensuite, l'aspect social prolonge tout cela en générant des échanges et des moments partagés.
(note que le cinéma propose quelque chose d'approchant -- après tout, on va rarement tout seul voir un film)

Le manga présente le même aspect social, avec des communautés très actives et très impliquées. L'analyse sociologique montre qu'il y a beaucoup d'échanges, de prêts, de discussions dans la cour de récréation autour des grandes séries, et on retrouve cet aspect sur Internet avec les forums dédiés (qui sont reconnus comme étant de très loin les plus actifs dans l'univers bande dessinée).
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 53 ans

PrécédenteSuivante

Retourner vers Généralités sur la Bande Dessinée

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 2 invités