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C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 13/11/2020 17:20

Message précédent :
Mon domaine à moi, c'est la production audiovisuelle. J'ai commencé en 1999 et j'ai une société de prod depuis 2010. Je produits pour la TV et le cinéma. Producteur indépendant, je coproduits des oeuvres dites "d'auteur", donc rien à voir avec du mainstream. Je salarie des techniciens, et je rémunère en droits d'auteur des... auteurs.

En un peu plus de 10 ans, j'ai vu les choses énormément évoluées. La pression économique est incroyablement forte, si bien qu'il est très compliqué aujourd'hui de prendre des risques. Il y a encore 10 à 15 ans, nous pouvions nous rattraper avec les ventes DVD en cas de petite fréquentation au cinéma. Le film d'auteur, à part quelques exceptions, ne rameutait pas les foules, mais il s’amortissait sur le long terme, via la vidéo (DVD, BluRay, VOD) et les rediffusions (en TV notamment et SVOD plus tard).

Aujourd'hui, la donne a totalement changée. Hors problème de la fermetures des salles à cause du covid, les ventes vidéo se sont effondrées en grande partie à cause du piratage, et les diffuseurs avec lesquels nous travaillons ne voient aucun intérêt à acheter une œuvre "à risque" déjà piratée (j''entend "à risque", films d'auteur ou engagés).

Ainsi, si j'ai longtemps produits des films d'auteur, j'avoue qu'aujourd'hui que je fabrique de moins en moins de films d'auteurs justement, et de plus en plus de "produits télévisuels" formatés ou il y a peu de prise de risque. Je ne peux plus me permettre de notre boite. Notre société de production est toute petite, et pourtant nous sommes également piratés avec des conséquences économiques très douloureuses.

J'ai passé des années à participer aux réunions de réflexions, avec les syndicats, lorsque les premiers phénomènes de piratages ont débutés. A l'époque, on s'en moquait un peu. Nous sacralisions tellement le cinéma qu'on ne voyait pas comment quelques geek planqués dans leur chambre pouvaient déstabiliser notre activité bien enracinée. Puis, les technologies se sont très rapidement démocratisées, nous n'avons pas réussi à nous mettre d'accord avec les diffuseurs pour étudier, par exemple, les solutions de licences globales, de DRM ou de fonds de soutiens spécifiques. Le téléchargement à explosé et nos ventes se sont effondrées. Les nouveaux spectateurs n'ont plus rien à faire de la salle de cinéma.

Aujourd'hui, produire du mainstream (la bonne comédie vite écrite, avec un bankable, une série familiale un peu drôle) reste assez simple à fabriquer. Mais les projets engagés artistiquement, sans subir le formatage des diffuseurs, sans revoir constamment à la baisse nos ambitions, sont plus que compliqués à monter, voir parfois impossible. Même JP Jeunet (Amélie Poulain !) n'arrive plus à produire les films qu'il a en tête. Triste...

Je ne dis pas que la production cinéma/audiovisuelle et la bande-dessinée sont la même chose, je ne connais pas les protocoles de production d'une BD ni les modèles économiques. Je note juste que l'altération des modèles économiques de la création artistique (par le piratage, par exemple) peut entrainer, non pas la disparition du média (il n'y a pas de raison objective pour le moment), mais la modification de ces modes de production dont les prises de risque éditoriales au lancement du projet.

Pourquoi prendre le risque de donner l’opportunité à un nouvel auteur, tenter de nouvelles histoires, de nouveaux points de vus, avec les chances importantes d'être piraté (si bien qu'il n'y aura aucun bénéfice, et donc aucune rémunération ni investissements possibles) ? Alors qu'une série formatée, correcte, avec un auteur éprouvé, sans trop d'investissement en R&D, pas trop d'ambition, sur de la grande distribution, fera le job. Il sera piraté comme les autre certes, mais très grand public ; le CA généré sera suffisant pour combler les pertes liées au piratage, même s'il demeura insuffisant pour investis sur des nouveaux auteurs.

Au final, les deux grands perdants sont les auteurs, qui sont moins rémunérés sur les ventes, et indirectement le public, dont la proposition s'en retrouve de plus en plus formatée.

Moins d'argent, c'est moins de R&D (et parfois des dépôts de bilan pour les plus fragiles). c'est mathématique. Du moins, dans l'audiovisuel !
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 13/11/2020 17:24

marone222 a écrit:
Cela résume bien l'autre topic. Mais je comprends que LeJoker pose le pb sous un autre angle : le risque de piratage comme crise à venir...


Je crois que l'on peut parler de crise au présent.

Dans un autre domaine, la diffusion du foot à la TV, j'avais expliqué que le prix exorbitant demandé par les différents diffuseurs (canal+, beinsport et mediapro/téléfoot) avait fait fuir les clients, qui regardaient maintenant massivement le foot en streaming gratuitement. Et certains sites de streaming en direct sont très professionnels.

Le patron du club de l'OL, Aulas, a dit exactement la même chose, peu de temps après. Quand l'offre est déraisonnable, le prix pas bien étudié, les clients trouvent des solutions.
(et dans ce domaine, la technique a fait beaucoup de progrès ; certains streaming sont presque comparables à une diffusion tv)
Aulas propose de revoir les offres, pour faire baisser les prix.

Il se passait la même chose dans le monde des séries tv et des films ; une multitude de diffuseurs payants, des niveaux de prix invraisemblables (en abonnement ou en DVD) qui a conduit à l'explosion du téléchargement et du streaming. Hadopi n'a rien changé à cela, incitant au contraire au développement de plateformes de téléchargement sans risque et très professionnelles.
Et puis Netflix est arrivé, qui a fait baisser le téléchargement (je le vois autour de moi), avec son offre à 11 euros (qui bénéficie au client, mais aussi à sa famille, ses amis, etc...), et qui a fait des petits (disney+, hulu, dc unlimited,...).

La BD est certaine que le numérique ne la touchera pas, que le numérique gratuit restera marginal, parce que le support papier est primordial, etc...
J'ai peur que ce soit une imprécation pour se rassurer.

Aux USA, les comics (en fait, plus généralement, tout ce qui est publié, provenant du pays ou de l'étranger, comme nos albums de BD FB) sont TOUS disponibles en version numérique (gratuit ou payant).
Parfois, un comics n'est disponible qu'en version numérique (chez DC).

Cela devrait quand même faire réfléchir nos éditeurs...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede LeJoker » 13/11/2020 18:03

cedd79 a écrit:
J'ai passé des années à participer aux réunions de réflexions, avec les syndicats, lorsque les premiers phénomènes de piratages ont débutés. A l'époque, on s'en moquait un peu. Nous sacralisions tellement le cinéma qu'on ne voyait pas comment quelques geek planqués dans leur chambre pouvaient déstabiliser notre activité bien enracinée. Puis, les technologies se sont très rapidement démocratisées, nous n'avons pas réussi à nous mettre d'accord avec les diffuseurs pour étudier, par exemple, les solutions de licences globales, de DRM ou de fonds de soutiens spécifiques. Le téléchargement à explosé et nos ventes se sont effondrées. Les nouveaux spectateurs n'ont plus rien à faire de la salle de cinéma.

Le reste de ton témoignage est intéressant, mais c'est ce type de témoignage que mon post visait à faire émerger. Un peu sur le mode de Staline "le pape, combien de divisions?", m'enquérir du niveau de mobilisation.

D'après ce que j'ai pu voir (je ne suis pas un pro du piratage, en 2 jours, je n'ai pas fait le tour, certains sites sont accessibles seulement sur inscription, et j'ai laissé de côté le torrent), ce que je peux dire:
- l'offre est massive en qualité et quantité. BD patrimoniales, BD récentes...
- Il y a un facteur qui biaise la perception, j'en ai été victime: l'implication très forte de quelques individus exagère sans doute le poids à donner au contenu piraté accessible. Sur un certain site, un certain individu doit fournir 90% de la bd française classique à pirater. Du coup, s'il se fait dégommer, c'est une grande part du contenu piratable qui se tarit, et la perception/évaluation de la menace peut donc changer. Il n'empêche, si un individu peut fournir une telle qualité et quantité, d'autres le peuvent/pourront aussi. Je donne une idée, non pas pour vanter le procédé mais pour donner une idée des enjeux: ce mec, c'est 2139 BD mise en libre service...
- c'est international. J'ai fouiné au point de trouver des communautés francophones d'entre-aide sur un site social étranger. Tu veux un Yoko ou une Tunique bleue et tu ne trouves pas ? Tu demandes, t'as de bonnes âmes pour te filer le lien ou carrément te mettre les liens directs par album.
- il y a encore des limites.
Inégalité de la qualité et des formats,
difficulté d'accès parfois en mode gratuit,
fichiers supprimés.
Offre disponible inégale: plus facile de trouver par exemple Alix ou Tintin que Barbe-rouge (jamais pu le trouver).
- sources diverses: sans doute BD numériques, mais aussi BD tirées de bibliothèques (vente de livres anciens?) et scannées.

Je n'ai pas compilé els données de vues pour avoir une idée du phénomène. Entre 100-200 vues en moyennes, avec parfois de grosses perf' sur certains titres (saga Ombres vue plus de 1000 fois).
Il existe des chiffres sur le piratage BD, les volumes... ? En tout cas, les stats "faibles" par rapport au nombre de vues des films et séries indiquent que la BD est un produit réservé à une minorité, et qu'un certain désintérêt de la masse pour cet art explique seul la faible importance-actuelle- de la menace.

Si les liens vers des chiffres ont déjà été donnés sur autre topic, mp.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 13/11/2020 19:32

yannzeman a écrit:puisque aucune ne propose de devenir propriétaire du fichier


Parce que ça n'a pas de sens.

Pour ce qui est arrivé à la musique, au cinéma, à la TV, au jeu vidéo... arrivera forcément à la BD. C'est simplement une question de temps.

Les éditeurs seront aussi touchés au les auteurs.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 14/11/2020 09:00

Comme le remarque Lejoker, la BD n'est pas un divertissement de masse, et donc les chiffres du téléchargement de Bd sont certainement inférieurs à ceux des séries tv, des jeux vidéos et des films.

Mais effectivement, la consommation de BD numérique augmente, parmi les lecteurs de Bd, qu'ils soient amateurs ou occasionnels.

Ce qui favorise cette façon de lire du numérique gratuit, c'est fatalement le prix (personne n'achète un album comme ça, par hasard ; c'est toujours un achat réfléchi, à cause du prix), mais aussi la difficulté pour les personnes non-éclairées (celles qui ne fréquentent pas ce forum ou qui découvrent la BD et n'ont pas 30 ans d'expérience de lecture Bd derrière elles) de s'y retrouver dans l'offre plétorique de BD papier.

Un peu comme quelqu'un qui n'y connait rien en vins, et qui veut acheter une bouteille (pour sa conso personnelle ou pour offrir).
Quel vin acheter ?
Les cépages, les millésimes, quézaco ?

Pour la BD, c'est pareil.

Autrefois, il y avait des séries au long cours, et il était plus facile de s'y retrouver, d'en commencer une et de poursuivre (même si la série en était à son 45ème album, façon "Ric Hochet").
Aujourd'hui, il y a moins de ces séries au long cours, et plus de titres unitaires ou qui se terminent au bout de 2 à 5 albums. En plus, chaque album met plus de temps à se faire, il se passe souvent entre 3 et 5 ans entre 2 tomes ; de quoi perdre définitivement les acheteurs.

Plus la mauvaise habitude des éditeurs (ou des auteurs) d'abandonner une mini-série en cours de route. L'acheteur n'est jamais sur d'avoir la suite et fin de son histoire.
(je garde en travers de la gorge l'arrêt injuste de

dont je ne me remettrais jamais vraiment)

Le manque de repère dans les parutions actuelles fait que les potentiels acheteurs se tournent peut-être vers le numérique gratuit (piraté, si ça vous fait plaisir), à mon avis.

Est-ce que les gros albums façon "les indes fourbes" ou "la bombe", proposant une histoire finie d'un seul bloc, sont la solution au piratage ?
Je ne suis pas sur...

Le prix est encore plus prohibitif (on pourra toujours me sortir le prix à la page ; au final, à l'aveugle, il faut sortir plus de 30 euros, sans savoir si le contenu est bon), et n'aidera surement pas la Bd à retrouver un public jeune et populaire. Ni a dmininuer le numérique gratuit.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 14/11/2020 10:28

Je ne peux parler que de mon point de vue de producteur audiovisuel, mais dans notre milieu, la question du prix ne se pose plus vraiment pour expliquer la flambée du téléchargement illégale. Il y trois ou quatre ans, avec plusieurs partenaires (Fnac et Leclerc pour ne pas les citer), a été lancé une opération qui consistait à proposer des BluRay à 8 euros et des DVD à 4 euros. Les répercutions sur l'achat ont été minimes, et il n'y a variation n'a été constatée sur le téléchargement des titres proposés sur les sites de partages illégaux.

J'enseigne également en école audiovisuelle. J'ai environ 500 à 600 étudiants par an, répartis sur trois écoles. Nous parlons souvent du piratage et du pourquoi ils piratent. La réponses demeure majoritairement la même : "parce que c'est gratuit, et même si le DVD ne coutait qu'1 euro, on l'achèterait pas." Puis viennent ensuite les avantages de la disponibilité immédiate des contenus, leur accessibilité, et l'idée de l'avoir à dispo sur un disque dur pour le simple fait de l'avoir. C'est vrai que ceux qui téléchargent le plus sont ceux qui achètent le plus, mais cela ne compense pas le manque à gagner. Quand, par exemple, je leur parle des abonnements Netflix (13 euros par mois), majoritairement ils n'en voient pas l'intérêt puisqu'une nouvelle fois, l'ensemble du contenu est accessible pour 0 euro. Nous ne sommes plus dans une discussion sur le fait que l'accès au contenu est trop cher. Face à 0 euro, aucun diffuseur ne peut lutter (pour rappel, Netflix c'est plus de 20 milliards de dollars de dette).

Avant la numérisation (et le téléchargement, donc), le consommateur achetait ses CD, DVD et livres sans trop se poser la question du prix, qui le limitait plutôt dans le nombre de supports d'oeuvres achetés. Il consommait moins de contenu culturel, c'est certain, mais il sélectionnait. Et finalement, le système tournait. Je ne me souviens d'une énorme frustration.

Ainsi, je crois que le sempiternel argument qui consiste à invoquer le prix des supports comme arguments principal de l’accélération du piratage pouvait fonctionner il y a 15 ans, mais me semble complètement anachronique aujourd'hui, surtout avec les nouveaux modèles économiques qui visent à ne plus vendre le support d'une oeuvre, mais un abonnement à son accès. C'est tout du moins ce que nous constatons, professionnels de l’audiovisuel, lors des rendus des études de consommation effectuées chaque année par le CNC (études en accès libre sur son site pour les intéressés).

Concernant la BD, l'ensemble des études de Xavier Guilbert semblent tout de même bien indiquer la tendance.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede LeJoker » 14/11/2020 10:53

Après, tu as des caractères qui piratent par et pour ce que j'appelle le "syndrome Bilbo" (petit être vulnérable, qui se glisse un anneau au doigt, et va jusque dans la caverne du gigantesque et terrible Smaug pour y voler un bout du trésor).
Tout à fait ce que j'ai ressenti quand j'ai fini par avoir en piraté la gamme Microsoft Office et toute la Gamme Adobe. Du stress, et l'émerveillement final d'enfant qui a réussi son coup, a raflé le trésor en ne s'étant pas fait prendre par le Dragon.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede zourbi le grec » 14/11/2020 10:56

LeJoker a écrit:Tout à fait ce que j'ai ressenti quand j'ai fini par avoir en piraté la gamme Microsoft Office et toute la Gamme Adobe. Du stress, et l'émerveillement final d'enfant qui a réussi son coup, a raflé le trésor en ne s'étant pas fait prendre par le Dragon.

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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede superboy » 14/11/2020 11:08

Merci cedd79 pour ce passionnant témoignage. Une question me brûle les lèvres en te lisant. Les producteurs audiovisuels seraient-ils encore vent debout contre la licence globale si elle resurgissait aujourd'hui ? Je me souviens qu'il y a quinze ans, Besson menait la charge des anti dans le débat public sans qu'aucun de ses confrères ne cherche même à nuancer ses propos. Son discours me semblait déjà celui d'un Don Quichotte essayant de faire rentrer la pâte à dentifrice dans le tube, ne comprenant pas qu'il valait mieux tirer le meilleur parti de ces nouvelles pratiques, pour illégales qu'elles soient, plutôt que tenter vainement de les empêcher.
Le constat que tu poses étant celui-là, est-il partagé autour de toi ? Et que pense le monde de la culture de la licence globale en 2020 ?

Vaste sujet, je sais, mais je ne demande pas un rapport circonstancié, juste tes impressions d'insider.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 14/11/2020 11:47

superboy a écrit:Le constat que tu poses étant celui-là, est-il partagé autour de toi ? Et que pense le monde de la culture de la licence globale en 2020 ?


Je vais certainement te décevoir avec ma réponse, mais le sujet n'est plus vraiment abordé dans les groupes de réflexion et syndicats que je fréquente (si on exclue la crise covid). De plus, je suis producteur indépendant. Mes problématiques sont totalement différentes de celles d'un producteur dépendant (donc adossé à une chaine TV) et dont la représentation économique sur le marché demeure bien plus significative que la mienne. Mathématiquement, les discutions actuelles tournent ainsi beaucoup plus autour de ses problématiques que des miennes.

Pour l'heure, les discussions se concentrent surtout autour des directives SMA, l'investissement des nouveaux diffuseurs (les services de SVOD, comme Netflix ou Amazon Prime), la chronologie des médias, et les reformes du CNC, en terme de soutien à la production.

Ainsi, la licence globale, nous pouvons en parler, comme une idée parmi d'autres, autour d'un verre, mais rien de plus. Dommage, mais c'est ainsi (enfin de mon expérience du moment).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede superboy » 14/11/2020 11:58

Merci de ta réponse. Elle ne me déçoit ni ne me surprend aucunement .Cela fait des années que je n'ai pas prononcé le terme de licence globale à haute voix, je n'attends donc pas forcément des autres qu'ils le fassent. Comme tu l'as évoquée tout en te présentant comme producteur, ça m'a interpellé, rien de plus.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Krys TOFF » 15/11/2020 01:19

yannzeman a écrit:Aux USA, les comics (en fait, plus généralement, tout ce qui est publié, provenant du pays ou de l'étranger, comme nos albums de BD FB) sont TOUS disponibles en version numérique (gratuit ou payant).
Parfois, un comics n'est disponible qu'en version numérique (chez DC).

Cela devrait quand même faire réfléchir nos éditeurs...

Exact, les mangas et les comics restent néanmoins plus aisés à lire sur tablette qu'une BD FB, et plus encore si c'est du grand format.
La lecture numérique des comics s'est vite répandue parce que le format initial des oeuvres s'y prête bien (une tablette 10 pouces c'est quasiment le format du comic papier), et aussi à cause des éditeurs qui ont trop tiré sur la corde avec 2, 3, 4 voire parfois 5 couvertures alternatives pour certains comics. La version numérique regroupant toutes les couvertures alternatives dans un seul fichier est apparue du coup bien plus intéressante que d'acheter 3 ou 4 fois le même comic book pour avoir les différentes couvertures.
La réalité est une illusion créée par la sobriété.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Pouffy » 15/11/2020 09:24

yannzeman a écrit:blablabla


Encore une fois... non.

Je sais que tu t'acharnes à vouloir faire passer ton point de vue, mais, encore une fois les études démontrent que :
- ce n'est pas lié au prix,
- ce n'est pas lié à une notion de découverte.

En gros, que la BD coute 1€ ou 30€, elle serait piratée de la même manière et que ceux qui piratent le plus sont ceux qui en achètent le plus (et donc sont déjà initiés).

Krys TOFF a écrit:La lecture numérique des comics s'est vite répandue parce que le format initial des oeuvres s'y prête bien (une tablette 10 pouces c'est quasiment le format du comic papier), et aussi à cause des éditeurs qui ont trop tiré sur la corde avec 2, 3, 4 voire parfois 5 couvertures alternatives pour certains comics. La version numérique regroupant toutes les couvertures alternatives dans un seul fichier est apparue du coup bien plus intéressante que d'acheter 3 ou 4 fois le même comic book pour avoir les différentes couvertures.


Oui et non... là moitié des lecteurs d'oeuvre numérique le font sur PC et donc avec des écrans beaucoup plus grand. Pour l'abus des éditeurs... ils tentent, comme avec le DVD et les CD à l'époque, de faire dépenser plus pour compenser la baisse d'acheteurs (dans la BD il y a eu une première purge en 2005 de mémoire).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 15/11/2020 09:41

cedd79 a écrit:Quand, par exemple, je leur parle des abonnements Netflix (13 euros par mois), majoritairement ils n'en voient pas l'intérêt puisqu'une nouvelle fois, l'ensemble du contenu est accessible pour 0 euro. Nous ne sommes plus dans une discussion sur le fait que l'accès au contenu est trop cher. Face à 0 euro, aucun diffuseur ne peut lutter (pour rappel, Netflix c'est plus de 20 milliards de dollars de dette).

Juste une réaction ici: se pose aussi la question de la qualité. Le contenu est peut-être disponible à 0 euro, mais pas forcément avec une qualité qui permette de vraiment profiter de ce contenu. Un epub pirate réalisé avec un OCR défaillant et mal mis en page, une épisode de série avec des sous-titres faits par quelqu'un qui a une connaissance plus qu'approximative d'une des langues, un film capté en salle sur portable avec la tête des spectateurs du rang de devant qui bouffe la moitié de l'image... C'est là qu'il y a une chance pour les plateformes et pour l'offre légale -- mais pour cela, encore faudrait-il que les éditeurs et les producteurs aient véritablement une approche de qualité.

Il faut à mon sens nuancer ces motivations, et beaucoup relativiser le "tout est accessible pour 0 euros". La réalité est bien loin de cela, même s'il se trouve toujours un petit malin pour expliquer que lui maîtrise le darknet et peut tout trouver. Je serais intéressé de comparer le discours en groupe avec celui qui ressortirait d'entretiens individuels.
Un autre élément important à prendre en compte est que ce sont des étudiants: les étudiants (et les ados avec eux) sont une population très sollicitée par la pub et les injonctions diverses, parce que c'est là que se recrutent les consommateurs de demain. [J'avais un ancien boss qui venait de chez Gilette et qui m'avait expliqué qu'après 35 ans, on ne changeait plus de marque en matière de rasoir.] Or, ces étudiants (et ces ados) très sollicités ont des moyens financiers très limités, et beaucoup de temps disponible, soit une tension naturelle: du temps, beaucoup d'envies, et pas d'argent. D'où une propension à se tourner vers le piratage, parce qu'en plus ils sont "digital natives" (ou presque) et maîtrisent les outils.

Je me permets de rappeler ici les 4 justifications données pour consommer du contenu via des voies illégales, telles que remontées dans des études conso sur le sujet (sans ordre particulier d'importance):
- c'est gratuit
- tout le monde le fait
- je peux le faire (= j'en ai la capacité technique)
- fuck le system
Il y a effectivement en plus, comme tu le dis, le "je le veux ici et maintenant (et sous le format que je veux)", et c'est là que se trouve à mon sens la plus grande faiblesse des plateformes, qu'elles ont mis beaucoup de temps à corriger. Netflix a été le premier à proposer quelque chose d'adapté et d'efficace (on s'inscrit, et une minute plus tard on est en train de regarder un film ou une série chez eux, c'est assez magique).
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede cedd79 » 15/11/2020 11:00

Xavier Guilbert a écrit:
cedd79 a écrit:Quand, par exemple, je leur parle des abonnements Netflix (13 euros par mois), majoritairement ils n'en voient pas l'intérêt puisqu'une nouvelle fois, l'ensemble du contenu est accessible pour 0 euro. Nous ne sommes plus dans une discussion sur le fait que l'accès au contenu est trop cher. Face à 0 euro, aucun diffuseur ne peut lutter (pour rappel, Netflix c'est plus de 20 milliards de dollars de dette).

Juste une réaction ici: se pose aussi la question de la qualité. Le contenu est peut-être disponible à 0 euro, mais pas forcément avec une qualité qui permette de vraiment profiter de ce contenu. Un epub pirate réalisé avec un OCR défaillant et mal mis en page, une épisode de série avec des sous-titres faits par quelqu'un qui a une connaissance plus qu'approximative d'une des langues, un film capté en salle sur portable avec la tête des spectateurs du rang de devant qui bouffe la moitié de l'image... C'est là qu'il y a une chance pour les plateformes et pour l'offre légale -- mais pour cela, encore faudrait-il que les éditeurs et les producteurs aient véritablement une approche de qualité.

Il faut à mon sens nuancer ces motivations, et beaucoup relativiser le "tout est accessible pour 0 euros". La réalité est bien loin de cela, même s'il se trouve toujours un petit malin pour expliquer que lui maîtrise le darknet et peut tout trouver. Je serais intéressé de comparer le discours en groupe avec celui qui ressortirait d'entretiens individuels.
Un autre élément important à prendre en compte est que ce sont des étudiants: les étudiants (et les ados avec eux) sont une population très sollicitée par la pub et les injonctions diverses, parce que c'est là que se recrutent les consommateurs de demain. [J'avais un ancien boss qui venait de chez Gilette et qui m'avait expliqué qu'après 35 ans, on ne changeait plus de marque en matière de rasoir.] Or, ces étudiants (et ces ados) très sollicités ont des moyens financiers très limités, et beaucoup de temps disponible, soit une tension naturelle: du temps, beaucoup d'envies, et pas d'argent. D'où une propension à se tourner vers le piratage, parce qu'en plus ils sont "digital natives" (ou presque) et maîtrisent les outils.

Je me permets de rappeler ici les 4 justifications données pour consommer du contenu via des voies illégales, telles que remontées dans des études conso sur le sujet (sans ordre particulier d'importance):
- c'est gratuit
- tout le monde le fait
- je peux le faire (= j'en ai la capacité technique)
- fuck le system
Il y a effectivement en plus, comme tu le dis, le "je le veux ici et maintenant (et sous le format que je veux)", et c'est là que se trouve à mon sens la plus grande faiblesse des plateformes, qu'elles ont mis beaucoup de temps à corriger. Netflix a été le premier à proposer quelque chose d'adapté et d'efficace (on s'inscrit, et une minute plus tard on est en train de regarder un film ou une série chez eux, c'est assez magique).


Merci pour ce message fort intéressant.

Pour ma part, j'avoue n'avoir mené aucune étude statistique, et ne parler que ce dont je connais par rapport aux publics que je fréquente, à savoir le marché de l'audiovisuel, pour y travailler chaque jour et en vivre, et les écoles. A noter qu'un nombre significatif de mes étudiants n'ont jamais payer quoi que ce soit de leur vie pour consommer du contenu audiovisuel.

Je rejoins en partie à ton analyse, mais je ne suis pas d'accord avec la qualité des fichiers que l'on trouve illégalement. Et là je rejoins Rody Sansei. La qualité des fichiers accessibles est aujourd'hui du même niveau que sur les services légaux. Elle va du simple TVHD (un enregistrement direct du continu diffusé en TV), à des WebRip 2K (et des rip ultra-HD), avec l'intégrale des sous-titres officiels, et des différentes versions. Si bien que dans un seul fichier (par exemple, d'un épisode de série), tu as, en qualité optimale, la version française, anglaise, et les sous-titres activables (grâce au conteneur mkv, par exemple, pour ceux qui connaissent). Le temps des fans qui rippaient et traduisaient rapidement à l'arrache les épisodes est fini. OCS et Netflix donnent les traductions directement.

Pour ma part, étant cinéphile, grand nombre de titres (et versions) un peu pointus ne sont pas proposés par les services légaux et France. Les services illégaux, et forums de psychopathes du cinéma, les proposent en deux clics, avec des fichiers de qualités parfaites. Je ne sais même pas où ils les trouvent. C'est flippant.

J'ai pourtant plusieurs abonnements à plusieurs services de SVOD et j'achète des BluRay régulièrement.

Pour ce qui est de la BD, je ne la lis que sur papier. Le peu que j'ai survolé en numérique m'a laissé complètement à l'extérieur. Et pour ce qui est de la qualité des BD piratées, entre le scan basse def, la qualité de l'écran et le logiciel de lecture, je crois sans problème que la qualité ne soit pas au rendez-vous. A ce sujet, mes étudiants savent mon addiction pour la BD. On en parle de temps à autre, j'essaie de les initier. Ils sont globalement peu à en lire (dommage !), Mais bien le tiers lisent du roman. Ces lecteurs (donc BD et texte) sont tous "papier". L'idée de lire des versions numériques ou de les pirater ne leur vient à l'idée. Ils sont une génération très numérique, piratent des films (et des séries à fond), et lisent sur papier. Surprenant.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede scubby » 15/11/2020 11:18

Je n'aime pas trop le terme de "piratage ou vol". Je dirais plutôt "conséquence d'une solliciation commerciale marketing à outrance". Comme d' habitude, on place le consommateur-lambda-payeur d'impôt sur le banc des accusés, alors que toutes ces compagnies qui offrent rabais, forfait, formule, nouveaux produits sans utilité [mais aussi du boulot j'en conviens...] obligeant souvent les personnes à s'endetter pour des choses "très loin de l'essentiel" sont victimisées (elles doivent licencier en raison du piratage).

Je n'ai pas de réponse, je n'encourage pas les actes illégaux mais dans cette évolution où l'offre de loisir s'est démultipliée, je les comprends. Tout comme je comprends chaque acteur à vouloir conserver sa part du gâteau.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede marvin le rouge » 15/11/2020 11:28

Petite précision quand même : on peut _tout_ trouver sans s'intéresser une seule seconde au "darknet", et de qualité largement très bonne sur n'importe quelle télé actuelle.


En BD tout n'est pas trouvable non plus, mais en tant que doc c'est très utile, il y a bcp de revues anciennes dispo qd on sait chercher. Les mecs qui ont scanné tout le journal de Pilote, ou l'intégrale des numéros de Metal Hurlant sont à remercier. Ils ont fait ce que les éditeurs ne sont pas capables de faire.

Chez Dupuis ou au Lombard, ils ne savent pas trouver quatre stagiaires pour scanner et mettre en ligne les anciens numéros, quitte à faire une consultation payante pour un prix minime.
Vous avez des planches à vendre (voire une grosse collection de BD), on peut organiser ça à Drouot...

S'time l'application qui estime vos objets d'art et de collection et qui vous guide pour vendre au mieux
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede LeJoker » 15/11/2020 11:44

Xavier Guilbert a écrit:
Il faut à mon sens nuancer ces motivations, et beaucoup relativiser le "tout est accessible pour 0 euros". La réalité est bien loin de cela, même s'il se trouve toujours un petit malin pour expliquer que lui maîtrise le darknet et peut tout trouver.
...
Netflix a été le premier à proposer quelque chose d'adapté et d'efficace (on s'inscrit, et une minute plus tard on est en train de regarder un film ou une série chez eux, c'est assez magique).

Aucun rapport avec le Darknet. ;)

Netflix n'a rien trouvé d'efficace et d'adapté. Suffit de voir sa dette. Si Netflix existe, c'est que l'entreprise est littéralement "branchée" sur respirateur artificiel (investisseurs, banques dans un contexte d'euphorie pour les valeurs tech et d'argent ultra facile) et que les comportements des consommateur n'ont pas encore basculé vers le piratage. C'est d'ailleurs intéressant de discuter avec les investisseurs/analystes. Il y a deux profils:

- ceux qui ne connaissent rien à la galaxie "web". Ceux-là se focalisent seulement sur l'idée Netflix et se contentent de voir que c'est une entreprise qui répond à l'étiquette "entreprise de service du web" . Conclusion: ils voient Netflix comme le saint Graal indépassable.

- ceux qui connaissent la "galaxie", et remettent Netflix dans son contexte: non intangibilité des comportements avec par exemple essor de l'IPTV , connaissance des points faibles du business-plan (passage de l'intermédiation à la création, cf sa dette qui ne peut pas avoir de limites, d'où des mesures de hausses d'abonnement pour leurrer les marchés ) et surtout prise de conscience d'une chose:
avant Netflix, le piratage du film de cinéma avait des "ruptures de charges" inévitables techniquement et incompressibles temporellement. Il fallait capturer l'image/son comme on pouvait par un procédé non branché sur la source émettrice (écran). D'où une qualité médiocre et l'attente du piratage des fichiers sources des studios ou de la version DVD (mois d'attente).
Avec Netflix, comme c'est par ordinateur, le flux est capté directement, sans rupture de charge, et piraté dans la foulée. Idem pour les séries Amazon.

Bilan: là où le système classique (projection physique) "ralentissait" le piratage, maintenant, on a un piratage de contenu sans "friction". Les films et séries sont disponibles le JOUR MEME/ou J+1de leur release officielle, et en qualité premium. J'ai pu tester avec les séries et films Amazon et Netflix.

La seule solution viable n'est pas à chercher du côté de l'innovation en matière d'offre ou de tarif, impossible de lutter contre le gratuit, mais en matière de répression judiciaire et de technique de marquage. Toutes les autres solutions ne seront jamais que des sacs de sables éternellement placés sur les berges, et éternellement emportés à chaque grande marée.
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede scubby » 15/11/2020 11:59

LeJoker a écrit:La seule solution viable n'est pas à chercher du côté de l'innovation en matière d'offre ou de tarif, impossible de lutter contre le gratuit, mais en matière de répression judiciaire et de technique de marquage. Toutes les autres solutions ne seront jamais que des sacs de sables éternellement placés sur les berges, et éternellement emportés à chaque grande marée.



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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede LeJoker » 15/11/2020 12:00

marvin le rouge a écrit:
Petite précision quand même : on peut _tout_ trouver sans s'intéresser une seule seconde au "darknet", et de qualité largement très bonne sur n'importe quelle télé actuelle.


En BD tout n'est pas trouvable non plus, mais en tant que doc c'est très utile, il y a bcp de revues anciennes dispo qd on sait chercher. Les mecs qui ont scanné tout le journal de Pilote, ou l'intégrale des numéros de Metal Hurlant sont à remercier. Ils ont fait ce que les éditeurs ne sont pas capables de faire.

Chez Dupuis ou au Lombard, ils ne savent pas trouver quatre stagiaires pour scanner et mettre en ligne les anciens numéros, quitte à faire une consultation payante pour un prix minime.


Rôle du piratage dans la sauvegarde du patrimoine. Trop souvent éclipsé. Cela n'explique pas tous els piratages, mais certains. Je me reconnais aussi dans cette philosophie du piratage. Exemples:
- les Simpsons. Disney a rogné le format et maquillé la marque Duff.
- Caméra Café a accepté de couper un épisode qui déplaisait à une association d'handicapés (Gilles de la Tourette). Du coup, je n'ai regardé ces séries qu'en piraté par refus de voir un auteur exercé son droit contre son oeuvre pour la mutiler.

On arrive vite sur une question épineuse et très intéressante: l'auteur a -t-il tous les droits, même celui de mutilation et de trahison, sur son oeuvre...
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Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede LeJoker » 15/11/2020 12:05

scubby a écrit:
LeJoker a écrit:La seule solution viable n'est pas à chercher du côté de l'innovation en matière d'offre ou de tarif, impossible de lutter contre le gratuit, mais en matière de répression judiciaire et de technique de marquage. Toutes les autres solutions ne seront jamais que des sacs de sables éternellement placés sur les berges, et éternellement emportés à chaque grande marée.



Répression, toujours la répression....

Il faut savoir vivre avec cette évolution et faire le mieux possible. Les nouvelles générations ont d'autres idées et voient d'autres et nouvelles opportunités dans leur monde culturelle. J'ai parfois l'impression de me trouver dans un épisodes des vieux fourneaux


Les générations ont d'autres idées tant que ça ne les touche pas.
Tu les prends en tête à tête, tu leur dis que tu les fous au chomage parce que tu appliques à leur travail le même traitement qu'ils trouvent normal d'appliquer aux autres (piratage contenu, recherche du moins coûtant), ils se mettront à vouloir de la répression pour se protéger. Faut arrêter ton raisonnement d'hypocrite.
Si ton travail est piraté et que tu n'es pas payer, je te mets au défi de nous dire "c'est normal, c'est la vie". Pour avoir une telle position, faut être ou glandeur, ou chômeur, ou fonctionnaire.

Je pirate, mais j'ai l'honnêteté de ne pas me draper dans l' hypocrise qui consiste à dire que c'est normal et acceptable.
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