cedd79 a écrit:Quand, par exemple, je leur parle des abonnements Netflix (13 euros par mois), majoritairement ils n'en voient pas l'intérêt puisqu'une nouvelle fois, l'ensemble du contenu est accessible pour 0 euro. Nous ne sommes plus dans une discussion sur le fait que l'accès au contenu est trop cher. Face à 0 euro, aucun diffuseur ne peut lutter (pour rappel, Netflix c'est plus de 20 milliards de dollars de dette).
Juste une réaction ici: se pose aussi la question de la qualité. Le contenu est peut-être disponible à 0 euro, mais pas forcément avec une qualité qui permette de vraiment profiter de ce contenu. Un epub pirate réalisé avec un OCR défaillant et mal mis en page, une épisode de série avec des sous-titres faits par quelqu'un qui a une connaissance plus qu'approximative d'une des langues, un film capté en salle sur portable avec la tête des spectateurs du rang de devant qui bouffe la moitié de l'image... C'est là qu'il y a une chance pour les plateformes et pour l'offre légale -- mais pour cela, encore faudrait-il que les éditeurs et les producteurs aient véritablement une approche de qualité.
Il faut à mon sens nuancer ces motivations, et beaucoup relativiser le "tout est accessible pour 0 euros". La réalité est bien loin de cela, même s'il se trouve toujours un petit malin pour expliquer que lui maîtrise le darknet et peut tout trouver. Je serais intéressé de comparer le discours en groupe avec celui qui ressortirait d'entretiens individuels.
Un autre élément important à prendre en compte est que ce sont des étudiants: les étudiants (et les ados avec eux) sont une population très sollicitée par la pub et les injonctions diverses, parce que c'est là que se recrutent les consommateurs de demain. [J'avais un ancien boss qui venait de chez Gilette et qui m'avait expliqué qu'après 35 ans, on ne changeait plus de marque en matière de rasoir.] Or, ces étudiants (et ces ados) très sollicités ont des moyens financiers très limités, et beaucoup de temps disponible, soit une tension naturelle: du temps, beaucoup d'envies, et pas d'argent. D'où une propension à se tourner vers le piratage, parce qu'en plus ils sont "digital natives" (ou presque) et maîtrisent les outils.
Je me permets de rappeler ici les 4 justifications données pour consommer du contenu via des voies illégales, telles que remontées dans des études conso sur le sujet (sans ordre particulier d'importance):
- c'est gratuit
- tout le monde le fait
- je peux le faire (= j'en ai la capacité technique)
- fuck le system
Il y a effectivement en plus, comme tu le dis, le "je le veux ici et maintenant (et sous le format que je veux)", et c'est là que se trouve à mon sens la plus grande faiblesse des plateformes, qu'elles ont mis beaucoup de temps à corriger. Netflix a été le premier à proposer quelque chose d'adapté et d'efficace (on s'inscrit, et une minute plus tard on est en train de regarder un film ou une série chez eux, c'est assez magique).