Salut tout le monde et grand bonjour en particulier à mes voisins belges.
Je réside du coté de Roubaix depuis toujours et la Belgique c'est ma patrie de coeur. J'y ai vécu des concerts incroyables et rencontrés des gens charmants dotés de beaucoup d'humour et d'un excellent sens de l'auto-dérision qui fait trop souvent défaut à mes compatriotes franz. [mode grosse lèche off]
Je suis depuis ces dernières années les péripéties de la Belgique via les informations et les médias francophones, vous me direz, ce n'est pas le bon biais pour être informé, certes, mais en recoupant avec d'autres informations sur le net, on finit par se faire une idée.
La situation actuelle en Belgique est la conséquence de 2 éléments :
- le système électoral belge, qui est le vote à la proportionnelle. Ce système était celui en vigueur sous la 4 ème République en France. Cette République a vu se succéder un nombre incroyable de gouvernements en un temps record, a tel point qu'elle n'a duré que 12 ans. La France de l'époque était déjà empêtrée dans les problèmes de la décolonisation et son système électoral empêchait toute évolution de ce côté là. Alors que la guerre en Algérie avait déjà commencé, il a fallu faire revenir De Gaulle, qui a construit une nouvelle constitution sur base du vote majoritaire. On dira ce qu'on voudra, mais depuis 1958, le système électoral français a permis de dégager des majorités et la France a toujours eu un gouvernement dans les semaines qui ont suivi la publication des résultats électoraux. Le système belge de vote à la proportionnelle est devenu irrationnel au point que les partis qui ont perdu les élections se retrouvent au gouvernement
(cf le PS suite à "l'orange bleue" et l'actuel retour du MR dans les négociations). Donc quels que soient les résultats des élections, le pays se retrouve gouverné par des coalitions dans lesquels on retrouve toujours les mêmes, qu'ils aient perdu ou gagné. Vu sous cet angle, voter n'a plus aucun sens pour les citoyens, puisque les mêmes têtes se maintiennent au pouvoir.
- le fédéralisme belge a ceci de particulier vis à vis des autres pays, qu'il est un système de fédéralisme à rebours, en théorie, le fédéralisme consiste à unifier des régions ou des pays par la mise en commun de matières
(ex : police, justice, règles commerciales, etc...). Là, depuis 1970 on détricote l'Etat. Le blocage actuel n'est que la conséquence d'un processus déjà en oeuvre depuis 40 ans. A force de régionaliser, les compétences arrive un moment où il ne reste plus grand chose à séparer sans mettre à mal la notion d'Etat unitaire, et là, on
(euh, vous) y êtes.
Je n'arrive pas à comprendre :
1) que les flamands prétendent ne pas vouloir la séparation et votent,
(tous partis confondus) à plus de 40 % pour des partis séparatistes
(n'oublions pas le VB et la LDD). Le programme de ces formations est clair, et les résultats des élections aussi, donc de mon point de vue, il y a une énorme hypocrisie coté flamand.
2) que les politiciens francophones font semblant de ne pas comprendre que le pouvoir est à celui qui a les cordons de la bourse. Partant de ce constat, ils ne sont pas en position d'égalité vis à vis des flamands, mais en position d'infériorité. Les demandeurs de rien sont vus par les flamands comme des quémandeurs qui n'ont rien à donner en échange. Aussi j'ai beaucoup de mal à comprendre que du côté wallon, il n'existe pas de parti séparatiste puisque la logique engagée depuis 40 ans est celle du séparatisme. Comment du coté francophone, la population et les représentants politiques élus peuvent-ils croire qu'il suffit de jeter un os à chaque négociation aux séparatistes flamands pour calmer leur volonté de sécession ? A partir du moment où les partis politiques ont étés communautarisés, on ne pouvait qu'arriver au résultat actuel, chacun luttant pour son électorat et non plus pour le bien commun et la population belge dans son intégralité.
Dernier point
(parce que je pourrais en écrire des tartines, mais faut rester modeste, je suis qu'un étranger vis à vis des belges) : il ne sert à rien de négocier des accords puisque ceux-ci ne seront pas respectés
(cf recensement linguistique de 1963, non nomination des bourgmestres sur BHV et j'en passe).
Le fossoyeur de la Belgique n'est pas Bart, mais ceux qui l'ont précédé, toutes communautés confondues, en acceptant cette logique du fédéralisme, laquelle a offert au pays un sursis de 40 ans, mais ce n'était qu'un sursis.
Moi j'aurais bien aimé qu'elle existe encore cette Belgique qui m'a apporté tant de bons moments, mais je constate que seul le Sud du pays la voit encore vivante, au Nord, les voix des unitaristes sont inaudibles.
Avant de me jeter tout ce qui vous tombe sous la main, rappelez vous que ce paragraphe n'est qu'un point de vue parmi tant d'autres
