gill a écrit:On dirait que la crainte de Ferri, c'était de ne pas mettre assez d'humour par case. Il s'y est donc astreint, avec l'humour le plus facile à caser en rafale : le jeu de mot.
Or, ce que Goscinny recherchait, c'était surtout à placer différents types d'humours, selon la situation et les caractères des personnages. Les jeux de mots ne représentaient qu'une partie du comique : de préférence le plus facile à ré-inventer par les traducteurs (les noms, un gag complémentaire qui pouvait être zappé en langue étrangère, etc...).
C'est dans IZNOGOOD que Goscinny se faisait plaisir avec le langage (sachant que Morris, lui, n'acceptait aucun jeu de mots).
J'espère donc que Ferri ne cèdera plus autant à cette facilité la prochaine fois et qu'il fera rire avec le thème même de la BD, et tous les substituts qui en découlent : on dégage différentes différences culturelles et on s'amuse avec elles. Ou on prend un thème donné et on épuise toutes ses caractéristiques : les arnaques d'un charlatan, faire peur à des types effrayants, comment gagner de l'argent, l'esclave volontaire, une enquête historique, flegme et passions, etc...
Parce que dans Astérix chez les Pictes, il n'y avait pas ce thème récurrent sur lequel surfer durant tout l'album (et qui aurait eu un rapport avec le pays visité). Si ce n'est le bégaiement hypnotique de Mac Oloch (un rapport avec Georges VI et "le discours d'un roi" ? Il n'était pas écossais ! Et de toute façon pas assez célèbre).
Non, Ferri aurait pu s'amuser avec le whisky, avec le fait que l'Ecosse a produit de grands noms tout en étant très sauvage, avec le grand frère anglais, avec l'histoire et Braveheart Shakespeare Sherlock ou Highlander, avec les clans désunis (façon Goths)... que sais-je ? Mais pas avec une simple histoire de princesse à sauver !
Je suis d'accord, les jeux de mots cela ne suffit pas à faire un bon Astérix et cet album manque des constructions comiques sophistiquées de Goscinny qui font que l'on ne se lasse jamais de relire Astérix.
Dans le cas du dernier album, j'ai bien peur que deux lectures épuisent totalement le plaisir de lecture.
Il y a également un ingrédient qui manque beaucoup dans la potion magique de Ferri, c'est la satire politique de l'époque contemporaine (les années 60-70 pour Goscinny), ce qui fait que son Astérix manque de saveur.
Et dans ce domaine, je trouve que Jul est très bon et qu'il égratigne ses contemporains avec autant de talent que Goscinny. J'espère vraiment qu'on lui donnera sa chance sur Astérix