nexus4 a écrit:Je me demande si Uderzo se rend compte que Conrad, malgré tout son talent, a quelques faiblesses par rapport à lui ou si, bienveillant, il trouve que c'est très bien comme ca. On sait que Giraud était orgueilleux et aimait être le meilleur. J'ai l'impression que pour Uderzo, ca lui passe completement au dessus de la tête. Il n'a, depuis longtemps, plus rien à prouver.
Sur le peu que j'ai vu, je suis d'accord avec toi. Sur cet album, Conrad n'est pas à 100%.
Alors oui, nous on sait que compte tenu du délai, on peut comprendre et qu'il a fait un tour de force, mais le lecteur lambda, cad le million de lecteurs qui va acheter son Astérix et qui n'est pas un spécialiste, il s'en fout.
Après, il y a des trucs où c'est clairement le temps qui a joué:
+ les scènes de batailles (car ça prend du temps)
+ les décors (idem)
Pour les trognes, les personnages secondaires, là je demande à voir la prochaine fois, mais il est clair qu'Uderzo a une longue avance sur énormément d'auteurs là-dessus. Et que dans le style Franco-Belge, ça s'est un peu perdu cette faculté de créer de nouvelles trognes, réellement nouvelles.
Gazotti s'en sort pas mal, mais son style est un poil éloigné. Dans les "jeunes" Léturgie est peut-être à ce jour celui qui a la plus grande diversité dans les persos secondaires.
Après y'a la mise en scène. Et là, plus je vois des planches, plus je vois un Conrad à la fois prisonnier du découpage de Ferri, prisonnier des contraintes de temps qui l'empêchent de planter le décor proprement (la planche avec les pirates, on y respire pas beaucoup), et surtout un Conrad qui ne peut pas appliquer ses recettes classiques de mise en scène et d'enchaînement de case. (Je n'ai pas encore l'album, mais on a pas l'air d'y respirer beaucoup en terme de mise en scène).
Et c'est là qu'on voit qu'Uderzo est très spécifique. Il fait du "rang d'oignon", mais ce n'est pas à la Peyo (où il y a une réelle perspective), c'est encore un autre système.
En plus, Uderzo, c'est un artisan, pas un théoricien de la bd. L'efficacité avant tout. Pas le type qui va perdre du temps à élaborer des méthodes ou des règles de conduites.
Avec lui, en apprentissage, t'apprends par la pratique, t'as pas de cours magistraux.
De mauvaises langues diront qu'Uderzo se félicitera que le mec qui reprend n'arrive pas à l'égaler, mais je pense sincèrement qu'il s'en fout.
Il a corrigé énormément de trucs ce que faisait Conrad. Mais toujours dans cette optique d'artisans. Uderzo connaît très bien les contraintes du métier. Il n'a pas hésité à débarquer son encreur de trente ans mine de rien.