Idem pour l'Afrique peinte dans "Astérix légionnaire" : grandiose et sublime ! Digne d'un roman de Camus, pas vrai ?
Idem pour l'Allemagne dans "Astérix et les Goths" ? Goethe aurait été subjugué...
Et la Suisse, alors ? Et ses Alpes grandioses qui coupent l'Europe en deux ?! On n'en a vu qu'un tout petit bout à hauteur de lac... ("comment c'était ? - Plat...") En fait, ce n'était pas "Astérix chez les Helvètes" que nous a dépeint Goscinny, c'était "Astérix à Genève"
Quant aux Etats-Unis, le pays des Grands Canyons, des Montagnes Rocheuses, des forêts et des prairies à bisons gigantesques, qu'en a t-on vu ? Une pauvre petite forêt, un tout petit îlot, et pi cé tout !
Je ne parle pas de la Belgique, c'est de sa faute, elle n'avait qu'à pas être plate
Sans rire, Uderzo dessinait de magnifiques paysages lorsque le scénario l'exigeait, c'est à dire lorsque le pays lui-même était mis en valeur. Mais il en faisait le strict minimum lorsqu'il avait d'autres choses à raconter et donc à montrer.
Ainsi, lorsqu'il a eu des armées entières de romains avec leurs camps fortifiés à dessiner, et que le thème est l'armée elle-même, il dessinait tout ça... à l'exclusion des décors !
Conrad a fait de même : l'histoire est une course. Ce n'est pas l'Italie, c'est la course. Alors il a insisté sur les nombreux personnages (et leurs chars, et leurs chevaux !) et a raconté la course.
Tous les films et toutes les BD (Michel Vaillant) racontant une course ont ce défaut : on ne voit que les compétiteurs et leurs véhicules.
Et c'est être de mauvaise foi que de citer "le Tour de France" parce que ce n'est pas un film, ni une histoire quelconque, mais un reportage télévisé qui doit tenir l'antenne pendant des heures et des heures, en n'ayant à montrer que quelques échappées de peloton de ci de là... Alors c'est un peu facile. Trouvez-moi un récit sur le tour de France (pas un documentaire, hein ?), un récit très animé, intense et prenant, condensé en 44 planches, et vous verrez que le décor est ramené à sa portion congrue.
Et puis de temps en temps, le scénario se rappelait qu'il fallait montrer des Italiques et leur bô pays (avec du vin, de oeuvres d'art et des restos avec pizzas), alors Conrad s'exécutait... dans le peu d'espace que le scénariste avait accordé à ces petits chapitres.
Donc voilà, si on peut reprocher quelque chose à cet album, c'est de s'être un peu perdu avec une course (qui aurait pu avoir eu lieu dans n'importe quel pays), un thème bien trop envahissant pour qu'on puisse réellement mettre en valeur le pays visité.
Lorsque le thème est un peu plus touristique (Corse, Hispanie, Grèce, Egypte...) et que nos héros n'ont qu'à se promener dans le paysage, forcément qu'on s'extasie sur ces extraordinaires panoramas ! Mais ce n'est pas l'objectif de tous les scénarios d'Astérix.