Après lecture, je trouve que la présentation des événements manque de solennité et de distinction, une impression qui vient sans doute aussi bien du dessin que de la narration. Ce qui fatalement a pour conséquence qu'on ne retient pas de grand moment de cette aventure. Les épisodes de course en eux-mêmes ne présentent que peu d'intérêt, on peine à s'inquiéter de savoir qui est devant ou derrière. Hormis le premier départ, les départs et les arrivées sont peu solennels, très curieusement, les épisodes dans les auberges semblent plus travaillés que la course en elle-même...
Imaginons qu'on transpose les choix effectués dans cet album dans la manière de retransmettre un Tour de France. Il y aurait en quelque sorte un abus sur les images produites par les caméras sur moto et les caméras backstage, or on sait bien qu'un des gros intérêts du Tour, ce sont les caméras sur les hélicos qui permettent une vue globale de la course et de regarder les décors, ce qui permet au téléspectateur de sentir qu'on fait du pays. De même, nul ne s'intéresse à l'après course, au moment où les athlètes se restaurent. Certes, en soi, ils sont décisifs dans une course par étape ( préparation physique, soin, tricherie etc. ), mais on ne montre pas Froome manger dans son bus, pioncer etc. Les auberges prennent pratiquement 6 pages de l'album !
Le plus drôle, c'est l'arrivée à Parme. Il n'y a pas de tension avant l'arrivée, pas de public qui attend les coureurs. C'est l'aubergiste qui informe les coureurs du résultat de la course
Un manque criant de solennité non ?
Les lieux de restauration étaient importants dans le Tour de Gaule car ils fournissaient l'élément de la victoire, or dans cet album-ci, c'est la position dans la course qui importe. Ce principe d'auberge-relais est assez boiteux, et 6 pages d'auberge, c'est autant de cases en moins pour des vues aériennes qui prennent beaucoup de place, mais permettent de voir la course, de représenter le public massé en détail etc.
On pourrait objecter que les épisodes dans les auberges sont importants pour les sabotages et pour représenter les tensions entre les différents coureurs.
En fait tous ces moments auraient pu être transvasés dans des moments de la course. C'est une course, la tension doit être présente dans celle-ci ! A cause de ces choix, il m'a été difficile de sentir l'ampleur de cette course ( et, si certains pointaient le fait qu'il n'y a pas d'enjeu dans cet album, il faut rappeler qu'en fait l'honneur de Rome est en jeu ! ). Le comble est sans doute l'épisode de
l'éruption du volcan. Ce qui peut donner lieu à un moment crucial, de véritable danger est expédié en moins d'une page, et d'une façon tellement loufoque et légère qu'il devient finalement symptomatique du manque de gravité et de faste dans les moments importants de cet album
Le Tapir disait plus haut que les enfants apprécient davantage les albums plus anciens. Pour moi, c'est également à cause du problème de mise en scène des moments importants. Quand le récit parvienait à ses points charnières, un ancien astérix sait mieux ralentir et faire profiter d'un moment solennel, il suffit de comparer les arrivées dans une ville cible par Astérix et Obélix représentées par Uderzo, même dans une petite case, on a cette impression de " ils sont arrivés ! ", je n'ai pas eu cette sensation dans cet album. On se délectait davantage quand la bataille finale se profilait et avait finalement eu lieu. Je comprendrais très bien ici qu'un gamin s'amuse moins car il n'a pas assez de grands moments sur lesquels s'émerveiller.