Personnellement, j'attends un choc esthétique et/ou intellectuel d'une oeuvre d'art. Il est des films choquants, désagréables à regarder (donc loin du plaisir), pour autant, je les qualifie volontiers d'oeuvre d'art.
Si si ! Il y a du PLAISIR à regarder des oeuvres choquantes ! Un plaisir INTELLECTUEL si ce n'est esthétique ou émotionnel, mais un plaisir quand même. Plaisir, aussi, d'imaginer que cela puisse faire plaisir à d'autres : on y attribue donc la valeur d'Art, par "transmission empathique"...
Pour la bd, le cinéma, la littérature, il me parait assez simple de distinguer ce qui procède d'un cheminement artistique de ce qui procède du divertissement...
Je ne vois pas du tout où est la différence entre "divertissement" et "art". Un divertissement étant "inutile" par nature, c'est donc de l'Art (dans le sens premier que j'ai défini ci-dessus... La "perception" artistique, elle, peut entraîner chacun à lui refuser cette étiquette). Dame ! Il est divertissant de lire une grande BD ! Non ?
L'ART serait donc un divertissement qui a atteint l'excellence. Je suis confondu par ces raisonnements abstraits d'artistes qui refusent l'idée que ce qu'ils produisent n'est pas destiné à un public, qu'il n'est pas sensé plaire, divertir... Certes, qu'ils n'admettent pas de se compromettre à tenir compte des goûts de leur lectorat, d'accord, c'est légitime, mais qu'il ne lui soit pas destiné, je ne le croirais que s'il n'était pas diffusé et qu'il reste dans un tiroir ou dans un coffre-fort. Et encore : cette oeuvre d'Art aurait au moins touché UN public : l'auteur lui-même
!
Je comprends néanmoins que pour vous, le terme de "divertissement" concerne toute la partie de l'Art qui n'est pas EXCELLENTE. Mais avouez que c'est un concept fluctuant et éminemment personnel !
Pour moi, l'Art a une intentionnalité première qui est la transmission d'un PLAISIR : plaisir esthétique, intellectuel, plaisir de choquer ou d'aller aussi loin que possible dans le laid et l'émotionnellement insupportable, plaisir d'explorer tout ce qui peut "impliquer" un spectateur d'une façon ou d'une autre : que ce soit par le sens de l'esthétique, de la morale, de la politique ou de quelque implication intellectuelle que ce soit...
L'intentionnalité SECONDE qui est d'obtenir l'EXCELLENCE dans ce domaine est certes admirable, mais ne peut arriver qu'en second. Franquin, par exemple, n'avait d'intentionnalité que de distraire, de la meilleure façon possible : il ne cherchait pas à concevoir un Art Ultime éthéré et universel, non, juste à amuser, distraire et éventuellement transmettre quelques idées et fantasmes... Donc, même sans intention artistique, au départ, certains lui attribuent quand même la valeur d'Artiste incontournable... parce qu'il avait pour but ultime le PLAISIR de ses lecteurs !
Ne pas peindre une toile et la considérer comme de l'Art, de manière intentionnelle et délibérée, ne fonctionne que par la communication qui en est faite en parallèle... En soi, si l'on observe simplement l'objet sans savoir qu'il y avait cette intentionnalité, il est impossible de s'apercevoir que ce serait de l'Art. Et donc, en est-ce vraiment ? Cette idée d'INTENTIONNALITE ne fonctionnerait donc que par la COMMUNICATION qui en est faite en parallèle : l'ART serait donc l'OBJET + LA PROPAGANDE qui l'accompagne ? Pour moi, c'est là qu'apparaît la notion de fumisterie... Fumisterie qui n'est possible que si l'on retire toute idée de PLAISIR à l'ART en lui-même.
Si l'on ne prend en compte que l'INTENTIONNALITE, alors l'art n'est qu'un avatar de la publicité... Bien piètre définition
!