Pour revenir à la bande dessinée ... je ne comprends pas trop pourquoi on évoque l'artisanat ici, dans le sens où l'artisanat produit des objets, et pas des messages. A moins que l'on parle d'éditeurs comme le Drozophile, ou la micro-édition et qu'on se focalise sur la réalisation et la reproduction en série limité des objets, cette considération n'a pour moi que peu de sens.
Disons qu'historiquement, l'opposition se fait plus entre artisan et industriel, entre le fait-main et l'usiné. L'artisan, c'est quelqu'un qui fait chaque pièce un rien différemment (parce que l'humain n'est pas infaillible), mais dans le but d'avoir une production de série quand même.
Mais la notion d'artisan reste liée à celle de l'object qu'il produit -- pour preuve, la définition donnée dans le Dictionnaire de l'Académie Française:
ARTISAN n. m. XVIe siècle, d'abord artizan. Emprunté de l'italien artigiano, « celui qui exerce un art manuel, un métier », dérivé de arte, « art ».
1. Personne installée à son compte pour exercer un métier manuel. Une échoppe, un atelier d'artisan. Un petit artisan. Un artisan habile, ingénieux. Un maître artisan, artisan justifiant d'une qualification professionnelle règlementée ou coutumière. Travail d'artisan, travail mettant en œuvre une habileté professionnelle. Prov. À l'œuvre, on connaît l'artisan, on connaît la valeur d'un homme à ce qu'il fait.
Par rapport à la bande dessinée, Bart Beaty, dans son récent ouvrage "Unpopular Culture", débute son texte avec l'introduction de deux notions que je trouve très intéressantes dans le contexte de cette discussion. Il s'agit des notions d'autonome et d'hétéronome.
Pour faire simple, autonome, c'est la référence à une décision singulière ("c'est bien, parce que j'ai aimé"), alors que hétéronome, c'est la référence au nombre ("c'est bien, parce que beaucoup de gens ont aimé"). D'un côté, on a le critique et ses avis tranchés, de l'autre, les hit parades et les listes de meilleures ventes.
C'est intéressant, ça. Il faudrait que je lise ce bouquin. Je ne sais pas si ça apporte des éléments de réponse à notre discution, mais ça explique peut-être comment naissent les consensus autour de tel ou tel artiste.
Bon, désolé d'avoir pris un peu le train en marche, d'où certaines redites.
le choix de parler d'artiste, plutôt que d'auteur. Le premier met l'accent sur le dessin, et débouche aussitôt sur des considérations plastiques liées à l'histoire de l'Art (qui est souvent trop rapidement réduite à l'histoire de la peinture), alors que le second le place plus au sein des littératures.
quelle est véritablement la question que tu te poses: une question d'ordre général, ou appliquée à la bande dessinée? une question de perception du lecteur, ou de l'auteur? ou encore une question de savoir comment la postérité/la critique/le public fait le tri entre les deux positions?
La question se définit à mon avis selon les objectifs:
- est-ce qu'on veut faire un truc personnel tout seul dans son coin pour le montrer ensuite quelle que soit la réaction du public (et tant pis si ça déplaît, l'important est que ce soit sincère)?
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