yannzeman a écrit:Est-ce que la raison ne serait pas, tout simplement, concernant les japonais, qu'un manga n'est pas réalisé par une seule personne, mais par une équipe (avec à sa tête un chef, au nom connu), et que du coup, ce serait trop compliqué de reverser à chacun le fruit de la vente d'un original ?
Bien sur, des mangakas dessinent seuls, mais la grande majorité travaille en studio. Et les assistants et autres petites mains tournent.
C'est plus compliqué que ça.
En gros, l'éditeur paie à l'auteur une certaine somme par planche. Et c'est à l'auteur de gérer sa boutique pour réaliser la planche en question. C'est donc l'auteur qui recrute et paye ses assistants, loue son studio, achète son matériel, etc. Et généralement, c'est à perte -- ce n'est que lorsqu'il y a publication en recueil que l'auteur peut commencer à rentrer dans ses frais, et ce n'est qu'en cas d'adaptation en dessin animé qu'il touche le jackpot.
Les droits reviennent à l'auteur, pas aux assistants, qui sont payés pour l'exécution d'une tâche. En cas de vente d'original, tout revient à l'auteur -- un peu comme c'est l'auteur d'un roman qui récupère les droits, quand bien même il y aurait eu un correcteur et un maquettiste pour finaliser le texte.
La raison en est avant tout culturelle.
Ensuite, cette "production collective" soulève pas mal de questions. Il y a tout un chapitre qui est consacré à la question dans le bouquin
Comics vs. Art de Bart Beaty, autour de la figure de Jack Kirby -- avec tout un tas de critiques cherchant à retrouver le génie du King derrière ces tâcherons d'encreurs (je schématise). On rejoint un peu la fascination qu'a pu un temps avoir Angoulême pour "l'auteur complet".