La paix n'est pas pour demain du côté de la Palestine...
Là, l'article est sur certains membres du gouvernement israélien, je pense qu'on peut en faire un du même genre avec des dirigeants côté Hamas. Je n'aimerais pas être à la table de négociation.
L’affaire a fait grand bruit en Israël et sur les réseaux sociaux. Le 5 novembre, dans une entrevue avec une radio ultraorthodoxe, le ministre du Patrimoine de l’État hébreu, Amichaï Éliyahou, a affirmé qu’envoyer une bombe nucléaire sur la bande de Gaza est « une option ».
Il ne s’est pas arrêté là. Affirmant qu’il n’y a pas de civils « non combattants » à Gaza, il a exposé son opposition à l’envoi de toute aide humanitaire aux deux millions de Palestiniens de l’enclave, sous blocus israélien depuis 16 ans, mais particulièrement mis à l’épreuve depuis les attentats terroristes du Hamas le 7 octobre. « On ne donnerait pas de l’aide humanitaire aux nazis ! », s’est-il exclamé.
Amichaï Éliyahou a aussi suggéré que les habitants de Gaza « aillent en Irlande ou dans le désert », en faisant référence au Sinaï. « Les monstres de Gaza doivent trouver une solution pour eux-mêmes », a-t-il conclu.
Ses affirmations ont fait bondir le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a lancé que les propos du ministre Éliyahou étaient « déconnectés de la réalité ». Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a parlé de « commentaires sans fondement », alors que Benny Gantz, ministre au cabinet de guerre, les a qualifiés « d’irréfléchis, inutiles et irresponsables ».
Même les journaux conservateurs du pays, dont le Jerusalem Post, ont demandé la démission d’Amichaï Éliyahou.
Cependant, plus d’une semaine plus tard, le politicien controversé est toujours en poste. Tout comme tous les autres ministres israéliens issus des courants ultranationalistes et d’extrême droite grâce auxquels Benyamin Nétanyahou a pu reprendre le pouvoir en décembre dernier. Et ce, qu’importe la teneur incendiaire de leurs discours.
Vous voulez d’autres exemples ?
Chef du parti dont est issu le ministre Éliyahou, Itamar Ben-Gvir a rejeté du revers de la main les rapports selon lesquels les gestes de violence commis par des colons juifs contre les Palestiniens de Cisjordanie ont explosé depuis le 7 octobre, forçant 600 Palestiniens à fuir leur maison. « Pourquoi autant d’attention pour des graffitis que de jeunes Israéliens ont faits sur des propriétés palestiniennes ? », s’est exclamé le chef d’Otzma Yehudit (« le pouvoir juif »).
Ce parti politique d’extrême droite prône notamment l’annexion de la Cisjordanie et le contrôle israélien du Jourdain jusqu’à la mer Méditerranée, ce qui n’est pas sans rappeler – en l’inversant – le slogan utilisé dans certaines manifestations propalestiniennes (« From the river to the sea ») et décrié par plusieurs comme appelant à la destruction d’Israël.
Lui-même un colon ayant longtemps arboré dans sa maison le portrait d’un terroriste israélo-américain qui a tué 29 Palestiniens à Hébron en 1994, Itamar Ben-Gvir a été reconnu coupable de sept chefs d’accusation, dont ceux de soutien au terrorisme et d’incitation au racisme. Il est aujourd’hui ministre de la Sécurité nationale.
Dans ses fonctions, il est responsable des forces de police en Israël, mais aussi dans les territoires occupés. Ces jours-ci, alors qu’Israël demande 24 000 nouvelles armes d’assaut aux États-Unis, le ministre distribue des fusils dans la population civile, créant des « escouades de sécurité ». En Israël, mais aussi dans les colonies illégales.
Lors d’un discours la semaine dernière, rapporté par un journal sioniste religieux, Itamar Ben-Gvir a demandé aux gardiens de prison d’avoir « zéro tolérance » envers les prisonniers du Hamas. « Traitez-les avec autant de force qu’il est possible de traiter ces animaux humains », a-t-il lancé, réutilisant les termes déshumanisants utilisés par le ministre de la Défense alors qu’il annonçait le siège complet de Gaza le 8 octobre.
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, fait aussi tourner les têtes pour les mauvaises raisons. « Je suis un homophobe fasciste, mais je suis un homme de parole », a-t-il dit dans une conversation enregistrée, rendue publique par la chaîne télévisuelle Kan en janvier dernier.
Chef du Parti sioniste religieux, fort de sept députés à la Knesset, ce fils de rabbin est lui aussi issu des colonies juives et s’oppose à la création d’un État palestinien. Au sein de la coalition au pouvoir, il est aussi le ministre qui supervise l’administration des territoires occupés.
En mars dernier, des groupes juifs américains se sont opposés à sa visite aux États-Unis, notant qu’il avait appelé publiquement à la destruction complète du village palestinien d’Houwara – un crime de guerre –, là où des colons juifs avaient brûlé des dizaines de maisons palestiniennes.
Avant son arrivée au pouvoir, il a affirmé que les Palestiniens ont trois choix : vivre sous la domination d’Israël, partir ou mourir en martyrs.
Membre du même parti, Orit Strook, la ministre des Colonies et des Missions nationales, revendiquait – bien avant la guerre actuelle – la réoccupation et la recolonisation de la bande de Gaza par Israël.
Le fils de cette leader de la colonisation d’Hébron, en Cisjordanie, a été condamné à 2 ans et demi d’emprisonnement pour avoir kidnappé et maltraité un garçon palestinien.
Si les propos des ministres jettent de l’huile sur la colère des Palestiniens, leur rôle est limité ces jours-ci, note le sociologue Shlomo Fischer, chercheur au Jewish People Policy Institute d’Israël. « Ils ont un grand pouvoir politique en Israël, malgré le fait qu’ils représentent environ 10 % de l’électorat, mais ils ne sont pas les vedettes de la guerre contre le Hamas », dit-il.
Professeur d’histoire émérite à l’Université de Montréal, Yakob Rabkin, lui, voit dans la présence grandissante des extrémistes au sein du gouvernement israélien l’incarnation d’une tendance profonde. « La société israélienne est une société qui vire à droite depuis des décennies », note l’historien.
S’il reconnaît que les points de vue défendus par ces politiciens sont choquants, l’historien estime qu’ils doivent être mis en contexte. « Ce n’est pas seulement lié aux personnes, c’est structurel. L’État d’Israël se construit sur un nationalisme ethnique exclusif dans un territoire où vivent des Autochtones. Ça mène à de sérieux problèmes. Et c’est là depuis la création d’Israël. La différence avec les politiciens d’extrême droite, c’est qu’ils disent tout haut ce qu’ils veulent faire, plutôt que de le camoufler comme beaucoup de gouvernements israéliens précédents », croit-il.
Une chose est sûre, on s’imagine difficilement comment les pourparlers de paix et les discussions sur l’établissement de deux États voisins pourraient reprendre si ces ministres continuent d’avoir une place à table.