Brian Addav a écrit:Pourquoi les gens se sentent-ils plus offusqués-indignés par la fausse destruction d'une peinture plutôt que par disparition de notre environnement naturel ?
vous avez deux heures.
La perception de la disparition de notre environnement naturel fait partie d'une profonde dissonance cognitive que nous ne parvenons pas à résoudre. Nous savons ce que nous devrions faire mais, pour des tas de raisons, nous sommes incapables, individuellement et collectivement, de le mettre en oeuvre.
Cela nous ramène à nos petits arrangements médiocres, à nos contradictions, à nos je-m'en-foutismes, à nos bras baissés devant l'immensité de la tâche.
Au milieu de tout cela, pour moi, l'art est la seule chose qui nous rappelle que nous pouvons parfois être plus grand que nous. L'art, c'est l'espoir, sans doute illusoire mais à chaque fois réitéré, qu'il est possible de dépasser notre petitesse.
Il y a dans l'art à la fois quelque chose d'incroyablement fort et de terriblement fragile.
Je pense qu'il n'y a pas de salut possible pour l'espèce humaine sans l'art.
Alors quand deux idiotes viennent clasher un Van Gogh en éructant un discours incohérent, ça me heurte profondément.
Dans leur combat, ces deux idiotes devraient puiser dans l'art sa force. Là, elles ne font qu'exposer sa fragilité en le détruisant symboliquement. Ca me désole.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"