L'Ombre Jaune a écrit:fanche a écrit:nexus4 a écrit:Ah bon aujourd'hui tu ne bosses plus pour bouffer ?
C'est un constat sur la qualité des jobs d'aujourd'hui, avant un tourneur fraiseur était fier comme un bar tabac, maintenant quand une copine me dit qu'elle est consultante en fric elle regarde de côté d'un air gêné
Sinon vu dans les blagues les plus nulles: "J'ai toujours été passionné par ne pas mourir de faim"
J'aime bien les gens au ton péremptoire qui prétendent que c'est du "bullshit" de dire qu'on choisit forcément pas sa carrière en fonction d'une autre partie de sa vie : la retraite.
Dans mon cas, nous sommes des milliers en Belgique à avoir choisi de servir le citoyen sous l'égide de la Gendarmerie (maintenant défunte depuis plus de 20 ans).
Si j'avais voulu choisir le même type de carrière mais en gagnant d'avantage chaque mois, et en sachant que je n'allais quasi jamais devoir travailler les nuits ou les week-end, j'aurais choisi la police communale, mais en même temps j'aurais dû assumer que j'allais devoir bosser jusque 65 ans.
A la Gendarmerie de l'époque, (avant sa très nuisible démilitarisation en 1992), c'était comme en France : un Gendarme est un militaire, avec aussi des compétences étendues en matière de police, donc, retraite à 56 ans.
Et donc, nous fermions loyalement notre gueule, nous ne savions jamais dire si nous allions être de la fête pour l'anniversaire d'un tel ou une telle, avant la veille au soir, nous ne connaissions l'horaire de nos services du samedi et dimanche que le vendredi à partir de 17h (en théorie, car tout le monde téléphonait tip-top au même moment au "gradé de jour" pour le connaître, alors les moins chanceux ne le connaissaient que vers 22h), nous bossions 24/7 à la place des policiers communaux qui fermaient leur commissariat chaques soirs à 19 voire 17h, et qui étaient également portes closes durant les week-end. (hormis certains rares grands commissariats dans une demi-dizaine de grandes villes).
Mais nous "savions" qu'eux allaient bosser jusque 65 et nous, en tant que militaire, jusque 56.
On ne se prenait pas trop la tête et on se prenait les coups durant les bagarres à interrompre, les crachats et insultes durant les services d'ordre, les détresses hystériques lors des annonces de la mauvaise nouvelle de la mort d'un proche, les coups de feu pour certains, etc...
Puis, démilitarisation (1992), réforme des polices (1999), dont les accords prévoyaient pourtant la sauvegarde des âges de pensions des divers corps de police qui allaient fusionner dorénavant.
Et puis, Paf ! En 2014, suite à une plainte d'un syndicat corporatiste qui défendait une classe minoritaire d'officiers de police, la Cour Constitutionnelle décide de ramener tout le monde à 62 ans, en dépit des accords signés par les partenaires sociaux, et en dépit de la demande qui nous fut faite d'accepter (et de signer pour acceptation) les nouveaux statuts, en échange de la garantie de notre droit à garder la pension à 56 ans.
Ils auraient au moins pu prévoir des mesures transitoires, un échelonnement pour ceux qui allaient arriver "enfin" à leur retraite, pour ne pénaliser quasi personne, et n'impliquer quasiment que les nouveaux statutaires.
Nenni, rien à foutre, on nous a vendu qu'il fallait s'adapter, l'espérance de vie augmenterait
(on verra plus tard, avec d'avantage de recul) et qu'on ne pouvait pas financer nos pensions, car l'Europe nous demandait de ne pas dépasser les 3% de déficit budgétaire, bla-bla-bla, (mais l'Europe permet l'évasion fiscale annuelle de plusieurs milliers de milliards d'euros pour les grandes multinationales qui ne paient pas l'impôt comme monsieur tout le monde, à la république ou au royaume dans lesquels ils font des profit)
Alors, voyez-vous, si on nous a mis 6 ans de plus dans la gueule, en remerciement des pénibles services rendus à la collectivité, faut pas s'étonner que la solidarité pour les jeunes générations, (qui semblent donc trouver légitime de n'en avoir rien à foutre des générations plus anciennes), nous sommes des milliers à s'asseoir bien pesamment dessus.