de Keorl » 25/05/2019 20:47
Au premier abord, on a envie d'être choqué. Pourquoi des gens qui commettent des délits graves devraient se voir octroyer un régime parallèle qui leur ferait éviter ce qui a l'air d'être la peine la plus dissuasive (la prison) ? Et oublier les dégâts qu'ils peuvent avoir commis sur la vie d'autres personnes dans certains cas ? Ils ont déjà un sentiment d'impunité suffisant sans qu'on enlève le spectre de la peine de prison encourue. Et puis parler des dommages déjà faits par la simple existence du scandale ... sérieusement c'est concomitant à ce type de délits et ne doit pas se substituer à la peine réelle, d'autant que la majorité du temps ils s'en tirent très bien malgré tout.
Oui mais, il y a des piste des réflexion intéressantes.
Reprenons sur le côté scandale. L'autrice fait justement remarquer que les dégâts restent si la personne est innocentée. Et malheureusement ça se constate facilement dans la vraie vie. Dès qu'une personne de pouvoir est soupçonnée de quelque chose, qu'un journal sort le scoop (genre canard enchainé, médiapart), la pression s'exerce, la réputation est salie même si l'accusation initiale est démontrée fausse (dans la tête des gens, ça reste, ils sont même capables de t'en vouloir encore plus si c'était faux car ils imagineront que tu as été protégé injustement), et enfin des démissions auront été faites. Bref, les "cols blancs" bénéficient assez mal de la présomption d'innocence. Enfin vous me direz, on est là pour parler des coupables puisqu'on parle des peines de prison.
Et justement la prison ... reste assez rare si je ne m'abuse. Sans compter que le caractère dissuasif supposé des peines est rarement un moteur efficace de ... dissuasion. Le délinquant ou criminel espère généralement qu'il ne sera pas pris, peu importe la peine. On retrouvera des explications bien meilleures que la mienne, dans le débat sur la peine de mort. Bref, un système de peines spécifiques plus en accord avec ce types de délits, plus facilement applicables et surtout plus appliquées, ne serait-il pas meilleur ? Par ailleurs l'objectif principal de la prison est de tenir des individus dangereux éloignés de la société. Du vol violent au viol ou pire, on écarte des gens qu'on ne veut pas que les citoyens risquent de croiser dans la rue. Le type qui a fait un délit d'initié ou détourné du pognon, il ne va taper personne. Le tenir éloigné ne sert pas à grand chose. Et le délit étant de nature "intellectuelle", on peut même imaginer continuer la même merde depuis une cellule. Enfin, l'argument de la surpopulation carcérale, qui est actuellement une cause de non exécution des peines ou de "laxisme" des juges, est un argument tout à fait valable, et il me semble défendable de vouloir réserver les places de prison à ceux qui sont la première cible de ce système : les auteurs d'actes violents dont on veut protéger la population.
Tout le soucis est alors de définir un système de peines spécifiques aux délits financiers et assimilés (d'une manière générale aux délits non violents), qui ait du sens, qui porte une punition réellement plus importante que le gain potentiel du délit, et qui ne ressemble pas à une pure échappatoire par rapport à la prison, au risque d'en revenir au point de départ : on a envie de se scandaliser de l'idée.
Quelques pistes sont présentes dans l'article, elles sont insuffisantes.