L’équipe de l’IHU Marseille revient avec un papier non-publié de haute - qualité balancé sur twitter
, pour préserver le standard avec lequel ils étudient le médicament miracle hydroxichloroquine.
Le manuscrit est disponible ici :
https://www.mediterranee-infection.com/ ... oFEgg-Pnlo On s’attendait à une étude qui va étudier l’effet de l’hydroxychloroquine et azithromyicine (HC/AT) comparé à … quelque chose. Par exemple le traitement standard. Mais non, il n’y a pas de bras comparateur. Donc non, ce n’est pas une étude d’efficacité, nous ne pouvons pas conclure quoi que ce soit concernant l’efficacité des 2 molécules. Ils auraient pu au moins comparer l’HC seule à l’association HC/AT.
Il s’agit donc d’une sorte de registre local. Mais on ne sait même pas s’il est exhaustif. Il n’est pas précisé si les patients étaient consécutifs (c’est un minimum de qualité). Non, il s’agit des patients avec une PCR nasale + à leur institution. La condition d’inclusion était a) d’avoir reçu un tt avec HC/AT pendant min 3 jours et b) suivi d’au moins 6j. Le reste des patients sur la période qui n’ont pas eu le tt min 3 j et sont partis sans suivi à 6j manquent.
L’objectif était la mesure sériée de la charge virale nasale.
C’est une population à bas risque, peu symptomatique. Nous savons que l’évolution naturelle de l’infection COVID est favorable dans environ 85% des cas et que la majorité des patients sont asymptomatiques ou paucisymptomatiques. L’âge médian était de 52 ans, donc 50% des patients < 52 ans. Que 12.6% ont > 70 ans. Seulement 15% ont de la fièvre et 5% sont asymptomatiques. 54% ont des symptômes d’infection respiratoire basse (toux?). Le scanner n’a pas été réalisé chez 20% et 26% n’ont pas de signes de pneumonie.
Traitement 15% O2 et 8% ont reçu de la Rocéphine . 3.8% arrivent en Réanimation malgré le traitement miracle et 1.2% décèdent (1 patient). 81% retournent à la maison.
Ils ont quand même fait un ECG avant le début du traitement et à J2. En cas d’ECG anormal, pas de traitement (QT, Q, HVG, BBG)…
La charge nasale est négative dans 83% des cas à J7.
La charge nasale négative n’implique pas que la charge pulmonaire est négative aussi (et c’est la localisation pulmonaire qui nous intéresse)
Ceci n’est pas un étude d’efficacité, il n’y a pas de bras comparateur. Ceci n’est pas un registre de patients consécutifs sur une période. C’est une collection observationnelle de données sur 80 patients traités avec HC/AT et Rocéphine. Donc nous pouvons conclure que les données de l’évolution sous hydroxichloroquine et azithromycine dans une population à faible risque et paucisymptomatique (patients qui toussent ou qui ont une rhinorée, seulement 15% fébriles) correspondent à l’évolution naturelle de la maladie. Les cohortes chinoises > 1000 patients nous ont montré une évolution favorable avec le traitement standard dans 85% des cas (81% retournent à la maison de l’IHU) et une mortalité d’environ 2-2.5% (1.2% dans cette cohorte sélectionnée de < 100 patients). La majorité des patients Covid + ont une évolution favorable sans aucun traitement. Avec un sans chloroquine, avec ou sans Lopinavir etc. Pour établir un effet thérapeutique un bras contrôle est nécessaire.
Des données publiées sur l’évolution de la PCR nasale
Dans une étude chinoise sur la correlation entre imagerie par scanner vs PCR (Tao Ai et al., Radiology Feb 2020)
https://pubs.rsna.org/doi/10.1148/radiol.2020200642 incluant 1014 patients de Wuhan, 258 ont bénéficié d’études sériées de PCR nasale. L’intervalle entre le dosage positif de la PCR nasale et sa négativation a été en moyenne de 6.9 jours, médiane de 7 jours (range 4-15 jours). Exactement comme dans l’étude de Raoult et al. sous chloroquine ! Hm…
Il existe une amélioration (pas disparition !) de l’infection pulmonaire au scanner malgré la PCR négative et 3.5% montre une aggravation. Cette étude n’a rien avoir avec la chloroquine ou autre traitements. Elle nous montre qu’en évolution la PCR nasale va baisser de toute façon et parfois est dissociée de la sévérité pulmonaire. Il faut un critère clinique dur pour montrer l’efficacité d’un traitement.