toine74 a écrit:yannzeman a écrit:...
Quand je pense Giraud, je ne pense pas qu'il est la référence du western.
C'est un disciple de Jijé, qui lui est un Maitre et a généré des tas de disciples.
(et peut-être que Jijé s'était lui-même inspiré d'auteurs américains, qui ont créé le genre, je pense)
Oui, un disciple qui a rapidement dépassé son maître (dixit Jijé lui-même). Pour ce qui d'être la référence, c'est quand même le premier nom qui sort pour estimer un dessinateur western réaliste. Et ceci autant de la part de la critique que de la profession.
Sans doute parce que Jijé est antérieur, et que la "profession" et la "critique" manquent de culture historique ?
Je fais exprès de provoquer un peu, mais en même temps, je le pense ; Jijé a tellement influencé de dessinateurs que sans lui, peut-être pas de Giraud ?yannzeman a écrit:Moebius, c'est différent.
Il me semble qu'il a créé son style ; a-t-il été suivi pour autant ?
Caza, peut-être ?
Léo, à ses débuts ?
(c'est une vraie question, car je ne suis pas fan de Moebius)
Aujourd'hui, sa SF fait datée.
Ce n'est pas un gros mot dans ma bouche, mais c'est un fait qu'on ne dessine plus vraiment comme il dessinait la SF.
L'influence de Moebius a été énorme dès la parution de Métal Hurlant. Son travail a mis à terre tout le monde et beaucoup se sont mis à singer ses petits traits. Après, très rapidement, Hollywood s'est intéressé à lui et son nom a fait le tour du monde.
Évidemment qu'on ne dessine plus la SF comme lui. On parle de trucs qui ont 40+ ans ! Lui-même a évolué et ses travaux des années 2000 étaient différents de ceux de ses débuts. Ca ne veut pas dire que son apport est moindre ou oublié, il a fait avancer la BD visuellement et thématiquement. En solo (Arzach, Les mondes d'Edena) et en collaboration (Les Yeux du Chat, L'Incal).
Il reste que c'est une des références ultimes en BD comme il n'en existe que très peu, avec sa particularité de jouer sur tous les tableaux (la BD classique, la SF, l'introspection et l'expérimental).
Je ne nie pas du tout la palette de Giraud/Moebius.
Mais sa BD de SF est datée, et pourtant, elle n'est pas plus ancienne que celle de Leloup, qui a développé Yoko aux mêmes périodes que Moebius.
Et Jijé avait lui aussi une palette de styles développée assez bluffante, passant du gros nez au réaliste ; idem pour Uderzo.
Après, la tentation serait forte de dire que Moebius n'est plus aussi influent aujourd'hui, etc... mais mon propos n'est pas de dénigrer Moebius pour le principe.
Simplement, l'influence d'un auteur ne se mesure pas juste à la reconnaissance internationale, mais aussi à ce qu'il a apporté en terme de plaisir de lecture, d'imaginaire et d'envie de faire pareil, plus tard.
Clairement, e n'ai pas la même définition que vous du mot "Maitre", comme je l'ai expliqué plus tôt dans la conversation. Une définition qui ne se limite pas à l'influence directe.yannzeman a écrit:Déjà, ce serait ignorer tous les auteurs qui ont fait de la BD sans s'inspirer du style de ceux qu'ils admiraient ; et ceux qui ont copié le style d'un auteur, sans être fan, mais simplement parce qu'ils pouvaient le faire.
Leloup a certainement fait aimer la BD, et notamment la BD de SF, sans nécessairement que ces lecteurs devenus auteurs n'aient cherché à recopier son style (qui est extrêmement exigeant et ne permet pas l'à-peu-près).
Mais surtout, le mot Maitre a plusieurs définitions (maitre de maison, maitre de l'univers, maitre d'œuvre,...). Et surtout, dans mon esprit c'était cela : Leloup est un Maitre, car il maitrise son art. Il l'a amené à une perfection, jusqu'au déclin inévitable comme tous les auteurs de BD (sauf ceux qui sont mort jeunes, évidemment).
Oui, pourquoi pas, il maîtrise son art (comme énormément d'auteurs), c'est indéniable. Je crois surtout que tu surestimes un peu l'aura de Leloup. Il restera principalement celui qui a introduit une héroïne asiatique dans la BD FB jeunesse. Le reste, c'est de la BD léchée, ultra-classique et moralisante (école Lombard/Hergé), des aventures bien ficelées et de la SF gentillette avec des jolis vaisseaux. Évidemment, il y a quelques perles dans son œuvre (chacun les siennes, moi c'est La fille du vent, La frontière de la vie et les Titans et son messages humanistes).
A chacun d'évaluer l'apport de Leloup.
Il faudrait interroger les dessinateurs de BD des 20-30 dernières années, pour voir ceux qui sont venus à la BD parce qu'ils ont lu du "Yoko Tsuno" ; combien de petits garçons et petites filles se sont intéressés à l'electronique grace à elle ? à l'aviation grace à elle ?
L'influence ne se limite pas à un graphisme.
(qui a frisé la perfection, me concernant ; relis ça avec gourmandise et admiration, parce qu'il dessinait vraiment très vite et très bien. L'école Hergé a donné des auteurs fabuleux, que ce soit Jacobs, Martin, Graton, et Leloup donc.