Philippe44 a écrit:Ma fille travaille au rayon BD du Virgin de Belle Epine à Thiais.
Pour combien de temps .......
Bonjour, je suis ladite fille !
Après avoir lu le topic, quelques réactions à chaud :
- D'abord, Virgin Megastore (les magasins physiques) ça n'est plus Virgin depuis longtemps, enseigne mise à part, c'est surtout Extrapole. Ils ont choisi de garder l'enseigne Virgin pour des raisons d'image de marque même si le concept (prendre tout ce qu'il y a de bien dans les petites librairies pour le mettre dans une grosse... Avec du parquet. C'était important, apparemment, le parquet) c'est quasi-totalement Extrapole. Evidemment, ça ne nous suffit pas à rester optimistes quant à une éventuelle continuation de la chaîne par rachat mais ça aide à cultiver le fatalisme : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (c'est un gars vach'ment futé qui l'a dit) donc y'a pas de raison que ce soit toujours en pire (ça c'est moi, mais attention, je suis aussi vach'ment futée).
Ce qu'on espère, sans doute naïvement au vu des réactions des passionnés de ce forum (qu'est-ce que ça va être pour le Lambda qui cherche des mickeys pour son p'tit neveu !) c'est tout simplement que nos clients se retournent vers la librairie indépendante (dans les zones où cela est possible, mais à Rennes ou Paris, sérieusement, ça le fait) au lieu de remplacer leurs habitudes Virgin par des habitudes Fnac-Amazon.
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Le concept Virgin, justement, en tant que pauvre chtite provinciale je ne connaissais pas et je faisais facilement l'amalgame ; mais après l'avoir vécu de l'intérieur, ça m'agace un peu la trilogie Fnac-Virgin-Cultura, ou tétralogie ou c'que vous voulez, rajoutez les noms ; en gros : LES GROS. Donc : LES MECHANTS. Donc sachez quand même que tous les libraires recrutés sont justement des LIBRAIRES, avec la formation adéquate et souvent de bonnes expériences, et même les p'tits jeunes comme moi ont la passion, personne n'est arrivé par hasard.
Importante différence de fonctionnement par rapport à la Fnac et à Cultura (enseignes que je ne connais de l'intérieur que par témoignages de collègues qui en viennent, par contre) : les commandes ne sont pas centralisées, à part bien sûr les titres phares et la grosse cavalerie, mais les libraires, après avoir engrangé un peu d'expérience, participent aux commandes et ont une grande influence sur l'esprit d'un rayon. Le conseil est aussi extrêmement privilégié et valorisé dans le management. Ces derniers temps, tout ça est moins vrai parce qu'à cause des restrictions de budget, nous avons perdu nos libertés de commande ; mais c'est très récent. Bon point qu'il faut accorder à la Fnac, toujours suite aux récents temps de crise (on va de temps en temps faire de l'espionnage industriel là-bas) : ils ont commencé à changer leur rapport au client pour le rapprocher du nôtre, ils vont au-devant des demandes pour le conseil tandis qu'avant, leurs instructions étaient plutôt : laissez le client tranquille, la signalétique doit être assez bien faite pour qu'il se débrouille.
- En tant que libraire BD (pardon, vendeuse à Virgin, mais il est plus difficile de se gargariser avec ce titre...), on tape pas spécialement sur
la vente en ligne et moi-même je la pratique énormément. Le fait que Virgin ait loupé le coche est bien sûr une aberration, après il doit y avoir des raisons toutes simples et financières, une chose est sûre, c'est ce qui nous coulera. Bon, OK, qui nous coule. MAIS... La vente en ligne, ça n'est pas Amazon. Ça peut être un vrai libraire en ligne. Un vrai bouquiniste ou un particulier. Chapitre, qui finance des librairies physiques et offre également les frais de port. Enfin eux vont mal mais je ne suis pas à jour sur les infos là-dessus. Ou Gibert. Sans la jouer chauvin, c'est assez simple de privilégier
1) des professionnels français, et
2) de vrais commerçants ayant des relais physiques et jouant la carte de la vente par correspondance, plutôt que des stockistes amazoniens. Donc voilà, autant c'est facile de dénigrer Internet, autant le côté pratique ne déresponsabilise pas l'acheteur pour autant. Na.
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Les vautours, c'est énervant quand on en a quinze dans la journée... Mais c'est soit bien démagogique, soit bien naïf de leur jeter la pierre. Sérieusement, nous aussi en tant qu'employés on commence chacun à renifler les bonnes affaires, chômage imminent ou pas, parce que nature humaine et tout ça (d'ailleurs, les soldes BD passent par nous avant d'être mises en vente, et c'est bien pour ça que peu atteignent les rayons, déjà qu'elles sont rares). C'est pas en se récriant sur l'obscénité de la chose que ça sauvera nos emplois. Tout ce qu'il faut, c'est y mettre un peu les formes, mais honnêtement je préfère ce genre de questions que l'impolitesse quotidienne même en période faste : ne commandez pas, je vais acheter à la Fnac. On le sait bien, mais... Pourquoi vous sentir obligés le préciser ? En tout cas, c'est touchant mais surtout drôle de voir les "comment, 1000 personnes au chômage et tu penses aux liquidations, MONSTRE !". Zeeen. Mais concrètement,
guettez plutôt au niveau musique, et encore ; les livres ça va retourner aux éditeurs pour payer une partie des dettes.
Voilà, pour ce qui est des dernières nouvelles on a tous abandonné l'idée d'une reprise de la chaîne entière même si l'appel d'offres n'est pas clos, les magasins sont mis en vente individuellement mais au vu des trop grandes surfaces, les repreneurs potentiels ne sont pas des acteurs culturels (ils réduisent déjà tous les leurs (même s'il n'est pas impossible que la Fnac rachète le magasin de Belle-Épine seul, à titre d'exemple, il est très bien placé)). Sinon, on s'est fait à l'idée que ça sera surtout des Zara ou des Picard... L'enseigne Virgin Megastore pourrait être réutilisée pour certains magasins, mais pour l'instant c'est douteux, d'autant que Virgin UK a apparemment légalement son mot à dire et risque d'être très pointilleux sur l'usage qu'on fait de sa marque.
En attendant, on a tous nos boulots jusqu'à fin mai au moins, et même si les conditions de travail sont très difficiles, et d'autant plus en BD où je dépends des nouveautés pour assurer mon chiffre (pardon, j'ai dit un gros mot), on continue à faire de notre mieux. Il est très frustrant de dire non à 80 % des demandes les semaines où l'arrivage est bloqué, encore plus frustrant de conseiller à mes habitués de descendre à Album au rez-de-chaussée s'ils veulent le-dernier-tome-de-cette-fabuleuse-petite-série-malheureusement-diffusée-par-un-distributeur-qui-ne-veut-plus-entendre-parler-de-nous. Mais ne désertez pas encore nos rayons si vous avez moyen... Un libraire qui s'ennuie, c'est aussi triste que pas naturel. C'est pas parce qu'on est toufoutu qu'on a plus besoin de vous, en plus : on restera ouverts jusqu'à épuisement de la trésorerie.
Désolée pour le roman et j'ai l'impression d'avoir fait un peu ma pub, m'enfin j'espère avoir quand même apporté de l'eau à votre moulin. Et salut à tous les contributeurs BDgest !