Mister_Eko a écrit:J'ai rajouté un sondage.
« Notre carrière juridique n’est qu’un moyen pour arriver à une fin, et […] cette fin est de construire le royaume de Dieu. »
Cette phrase sera répétée, scrutée et débattue si Donald Trump choisit celle qui l’a prononcée, la juge Amy Coney Barrett, pour succéder à la juge Ruth Bader Ginsburg.
Lors d’un rassemblement au Minnesota samedi soir, le président a réitéré sa préférence pour une femme pour remplacer l’icône féministe.
« En fait, j’aime beaucoup plus les femmes que les hommes. Je dois le dire », a-t-il déclaré à ses partisans qui ont scandé « FILL THE SEAT » à plusieurs reprises au cours d’un discours décousu de 86 minutes.
Malgré les appels des démocrates – et le dernier souhait de la juge défunte –, Donald Trump souhaite combler ce siège sans attendre l’investiture d’un nouveau président. Il devrait procéder à une nomination dès cette semaine et appeler le Sénat à tenir rapidement un vote de confirmation, chose qui n’est pas acquise.
Mère de sept enfants, fervente catholique et adversaire farouche de l’avortement, Amy Coney Barrett, 48 ans, est considérée comme la candidate favorite de Donald Trump et de la droite religieuse. Nommée en 2017 à la Cour d’appel des États-Unis pour le septième circuit à Chicago, elle avait déjà fait partie des finalistes pour remplacer le juge Anthony Kennedy, parti à la retraite en 2018. En choisissant plutôt le juge Brett Kavanaugh, le président avait confié à son entourage qu’il « réservait » la professeure de droit de l’Université Notre Dame pour le siège de la doyenne de la Cour suprême, dont la santé était fragile.
La juge Barbara Lagoa, 52 ans, l’intéresse aussi. Au début de 2019, cette fille d’exilés cubains était devenue la première Hispanique à siéger à la Cour suprême de Floride, État-clé de l’élection présidentielle.
Une chance inespérée
Quel que soit son choix, Donald Trump se pince peut-être en privé pour s’assurer qu’il ne rêve pas. Même si la mort d’une compatriote de la stature de Ruth Bader Ginsburg n’a rien de réjouissant, il a aujourd’hui la chance inespérée de changer non seulement le cours de l’histoire américaine, mais également celui de la campagne présidentielle.
Si le président parvient à obtenir la confirmation de son choix, il portera la majorité conservatrice de la Cour suprême à six juges contre trois, un rapport de force susceptible de menacer plusieurs acquis progressistes, y compris le droit à l’avortement.
La bataille pour la confirmation de son choix pourrait également permettre à Donald Trump de reléguer au second plan sa gestion de la pandémie de coronavirus, qui a contribué à l’avance de Joe Biden dans les sondages.
Les démocrates tenteront de leur côté d’établir un lien entre la bataille de la Cour suprême et la crise sanitaire. La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a ainsi rappelé dimanche matin que l’administration Trump conteste actuellement la loi sur l’assurance maladie de Barack Obama devant la plus haute instance.
Joe Biden a repris le même message en après-midi.
Cette bataille ne mobilisera donc pas seulement les républicains, qui ont longtemps consacré plus d’attention et d’énergie aux combats entourant la nomination des juges. Dans les 24 heures qui ont suivi la mort de « RBG », les électeurs démocrates ont donné 80 millions de dollars en ligne à diverses campagnes ou causes progressistes.
Cette avalanche de dons ne s’explique pas seulement par le statut iconique acquis ces dernières années par la juge octogénaire. Elle tient aussi à une rancune tenace envers le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, qui avait refusé de tenir un vote sur le choix de Barack Obama pour remplacer le juge conservateur Antonin Scalia, mort 269 jours avant le scrutin présidentiel de 2016.
Le sénateur McConnell avait fait valoir à l’époque qu’il revenait aux électeurs de faire ce choix à l’occasion de l’élection. Plusieurs de ses collègues républicains avaient tenu le même raisonnement, sans même se ménager une porte de sortie, contrairement à leur chef de file. Celui-ci avait précisé que sa règle ne tiendrait pas si le président et la majorité au Sénat étaient issus du même parti.
« Le dogme et la loi »
La nomination d’Amy Coney Barrett ne manquerait pas d’exacerber les divisions politiques, culturelles et religieuses aux États-Unis.
Ces divisions ont déjà fait surface en 2017 lors de l’audition de la future juge devant la commission judiciaire du Sénat pour sa confirmation à la Cour d’appel pour le septième circuit.
« Le dogme [religieux] et la loi sont deux choses différentes », a déclaré la sénatrice démocrate de Californie Dianne Feinstein, en faisant notamment allusion à ce discours de 2006 où la juriste avait fait allusion « au royaume de Dieu » devant les diplômés de l’école de droit de l’Université Notre Dame.
« Et je pense que dans votre cas, professeure, lorsqu’on lit vos discours, la conclusion qu’on en tire est que le dogme vit fort en vous, et c’est une préoccupation », a ajouté la sénatrice de confession juive, qui a aussitôt été accusée d’anticatholicisme.
« L’idée que les catholiques sont tellement redevables à Rome qu’ils sont incapables de rendre un jugement indépendant dans le cadre d’une fonction publique a une histoire longue et sordide », a écrit le commentateur conservateur Sohrab Ahmari dans le New York Times.
Amy Coney Barrett a juré de son côté qu’elle respecterait « tous les précédents de la Cour suprême » en tant que juge d’appel.
« Je ne donnerais jamais préséance à mes propres convictions au détriment de la loi », a ajouté cette membre du groupe charismatique catholique People of Praise, qui enseigne notamment que les maris sont les chefs de leurs femmes et doivent exercer l'autorité sur la famille.
Une chose est certaine : les nombreux admirateurs de la juge au sein de la droite religieuse sont convaincus qu’elle serait prête à invalider la décision « Roe v. Wade » garantissant le droit à l’avortement.
À leurs yeux, Amy Coney Barrett mettrait ainsi à profit sa carrière juridique pour construire le royaume de Dieu dont elle a parlé en 2006. Donald Trump et les républicains du Sénat lui donneront-ils la chance d’accomplir cette mission, si telle est vraiment sa mission ? La réponse ne saurait tarder.
Dieu, l’avortement et la fille du pasteur
(Birmingham, Alabama) Adolescente, Jenna King-Shepherd faisait tout pour plaire à son père, pasteur baptiste d’une petite ville ultraconservatrice de l’Alabama, dans le sud profond des États-Unis. Elle a toujours voulu le rendre fier.
Mais à 17 ans, elle l’a déçu. Terriblement.
Ce soir-là, Jenna a rassemblé tout son courage et s’est dirigée vers la chambre de ses parents. Allongé sur le lit, son père lisait la Bible. « Papa, a-t-elle commencé, je dois te parler de quelque chose.
– Quoi, qu’est-ce qui se passe ? Plus tard…
– Non, papa, je dois vraiment te parler. »
Jenna s’est mise à pleurer. Sans vraiment y croire, son père lui a demandé si elle était enceinte. « Oui », a répondu l’adolescente entre ses larmes.
Le pasteur s’est redressé brusquement. Paniqué.
« Tu es enceinte ?!
– Oui, et je sais ce que je vais faire. J’ai déjà trouvé une clinique. Je vais aller à Birmingham et je vais me faire avorter. »
Pendant 10 ans, Jenna King-Shepherd a voulu oublier cette histoire. Comme son père, elle était obsédée par les apparences. Elle s’est mariée, a eu un enfant. Elle a été finaliste du concours Miss Alabama. Deux fois. Son compte Instagram faisait étalage de sa vie parfaite, comblée.
C’est une alerte sur son cellulaire, en 2019, qui a tout fait chavirer. L’Alabama s’apprêtait à interdire l’avortement dans presque tous les cas – même ceux de viol ou d’inceste. Les médecins qui en pratiqueraient seraient jetés en prison jusqu’à la fin de leurs jours.
« Quand cette alerte est apparue sur mon téléphone, mon cœur s’est serré. Je ne pouvais pas imaginer que les femmes ayant besoin d’un avortement n’y aient plus accès. Et qu’elles n’aient pas le choix que j’ai eu. »
* * *
Adopté en mai 2019, le Human Life Protection Act est la loi antiavortement la plus restrictive des États-Unis. Elle considère l’embryon comme une personne – et l’avortement, donc, comme un meurtre prémédité. D’où la peine d’emprisonnement à vie prévue pour les médecins avorteurs.
« Certains pensent que c’est un peu sévère, mais il faut être cohérent avec l’argument de l’humanité. Une personne est une personne », explique Eric Johnston.
Cet avocat m’accueille dans son bureau de Birmingham pour m’expliquer toutes les subtilités de la loi antiavortement. Dans la salle d’attente, décorée par des extraits des Saintes Écritures, un livre de prières à la patrie américaine traîne en évidence sur une table de bois.
Si Me Johnston connaît la fameuse loi comme le fond de sa poche, c’est qu’il l’a lui-même rédigée.
Président de la Coalition pro-vie de l’Alabama, l’avocat de 72 ans attendait cette occasion depuis près d’un demi-siècle. Depuis « Roe v. Wade », qui a mené à la légalisation de l’avortement par la Cour suprême des États-Unis, en 1973.
« Les législateurs [de l’Alabama] ont travaillé avec nous de façon très rapprochée. Ils n’ont pas changé la loi que nous avions rédigée. Quand elle a été adoptée, une poursuite a été déposée. » Les dispositions de la loi ont immédiatement été suspendues, jusqu’à ce qu’un tribunal tranche sur le fond. Ça n’a pas contrarié Me Johnston. « C’était prévu », dit-il en souriant.
L’avocat savait parfaitement ce qu’il faisait en rédigeant cette loi. Il savait que Planned Parenthood, le plus important regroupement de planification familiale aux États-Unis, s’adresserait aux tribunaux pour la faire déclarer inconstitutionnelle.
C’est en plein ce qu’il voulait. « Nous savions que ce serait contesté. Nous ne perdons pas notre temps. Nous avons un plan, un objectif. »
Renverser « Roe v. Wade ».
* * *
Il y a des années que les dirigeants républicains de l’Alabama adoptent des mesures visant à réduire le droit des femmes à l’avortement. Avec l’assentiment des électeurs, d’ailleurs : en 2018, une large majorité d’entre eux ont endossé un amendement à la Constitution de l’État afin de proclamer le « caractère sacré de la vie à naître ».
Mais ce n’était pas suffisant pour interdire l’avortement. Le moment n’était pas venu. Pas encore.
L’occasion est arrivée à l’été 2018, lorsque Donald Trump a nommé un deuxième juge conservateur à la Cour suprême des États-Unis.
Après la nomination de Neil Gorsuch, celle de Brett Kavanaugh a fait pencher à droite la Cour suprême – à cinq juges conservateurs sur neuf. « On ne connaît pas exactement leur philosophie, mais on suppose qu’ils voteraient pour renverser "Roe" s’ils avaient à le faire », dit Me Johnston.
Il est fort probable que le président Trump choisisse un troisième juge pro-vie pour remplacer Ruth Bader Ginsburg, morte vendredi à 87 ans. La Cour suprême penchera alors encore davantage en faveur de ceux qui, comme Me Johnston, veulent en finir avec l’avortement aux États-Unis.
Depuis l’élection de Trump, en 2016, une vague sans précédent de lois pro-vie a déferlé dans les États conservateurs du pays. Mais aucune ne va plus loin que celle de l’Alabama.
« C’est l’affront le plus direct à "Roe c. Wade", dit-il. La loi de l’Alabama stipule que la vie commence lorsque vous pouvez déterminer qu’un ovule fertilisé est implanté dans la paroi utérine. »
Quelques jours à peine après la fécondation.
* * *
Pour Jenna King-Shepherd, il aurait été trop tard.
Elle était enceinte de cinq semaines lorsqu’elle a subi un test de grossesse, à 17 ans. « Quand j’ai vu le résultat, j’ai eu la nausée. J’étais bouleversée. Je savais dans mes tripes que je ne resterais pas dans cette ville. Je savais que je ne quitterais pas le collège. Je ne voulais pas être parent. Pour moi, il n’y avait pas d’autre option possible. »
Son père lui a lu des versets de la Bible. Il lui a dit que l’avortement était mal. Mais il n’a pas tenté de la dissuader. Même qu’il l’a accompagnée à la clinique. Pendant la procédure, il l’a attendue dans la voiture.
Dix ans plus tard, Jenna King-Shepherd a cru pouvoir convaincre quelques élus de l’État, des amis de son père, de faire marche arrière. Naïvement, elle les a invités à dîner pour leur raconter son expérience.
Je pensais que le problème, c’était peut-être qu’ils ne comprenaient pas. La vérité, c’est qu’ils comprennent très bien. C’est juste qu’ils s’en moquent.
Jenna King-Shepherd
C’est à ce moment-là que la jeune femme a appelé Planned Parenthood. Elle s’est portée volontaire pour témoigner.
Peu après, un reporter l’a contactée. « Je ne peux trouver aucune femme prête à parler de son avortement publiquement, lui a-t-il dit. Personne ne veut divulguer son nom et sa photo dans un journal de l’Alabama. Voulez-vous le faire ? »
Jenna King-Shepherd a bloqué son père sur Facebook.
Et elle a plongé.
Elle ne le regrette pas, malgré les contrecoups, terribles. On l’a traitée de salope. On lui a dit qu’elle aurait dû garder les jambes croisées. On l’a prévenue qu’elle paierait pour son crime. « Il n’y avait aucune empathie. Au nom de la moralité, on m’écrivait des messages tellement haineux… »
Au bout de deux ou trois jours, son père a entendu parler de l’article. « Il m’a dit que j’étais stupide et que j’avais fait une erreur terrible. Il s’est demandé ce que les gens allaient dire de lui. »
Elle lui a répondu : « Ce n’est pas ta vie. »
* * *
Quand Jenna King-Shepherd a subi un avortement, en 2009, l’Alabama comptait 13 cliniques d’avortement. Aujourd’hui, il n’y en a plus que trois. « L’accès à l’avortement s’est lentement érodé dans le Sud », s’inquiète-t-elle.
Aux yeux d’Eric Johnston, c’est loin d’être suffisant. « Cette érosion a lieu depuis 47 ans, mais la fondation de "Roe" est encore solide. »
Pour lui administrer le coup de grâce, la réélection de Donald Trump est cruciale, estime-t-il. Quitte à fermer les yeux sur les valeurs pas toujours chrétiennes du président.
« Trump parle sans arrêt. La plupart du temps, je n’écoute même pas ce qu’il dit. Je ne sais pas pourquoi il fait ça… »
Mais ce n’est pas ça, l’important.
L’important, dit-il, c’est que Trump continue de nommer des juges conservateurs à la Cour suprême et aux tribunaux inférieurs, comme il le fait depuis 2016 en échange du soutien indéfectible de la droite chrétienne.
* * *
Jenna King-Shepherd donne raison à Eric Johnston sur une chose : le scrutin du 3 novembre sera crucial. « Vraiment, cette élection est la plus importante de notre vie. Il y a tant de choses dans la balance. Tant de dommages peuvent être faits en quatre ans… »
Libérée de l’emprise de son père, elle est devenue militante à temps plein, embauchée comme directrice administrative de Planned Parenthood, à Birmingham.
Elle espère que d’autres femmes auront le courage de prendre la parole, malgré le risque d’être marquées au fer rouge dans leurs communautés. Il y a trop longtemps que les gens, en Alabama, esquivent les conversations difficiles.
« Nos silences ne nous protègent pas. Il faut parler des choses qui comptent, malgré ce que les autres vont en dire. C’est comme cela que les esprits finissent par changer. »
Elle, en tout cas, a choisi de ne plus se taire.
nexus4 a écrit:Le boss des républicain a déjà dit qu'ils soutiendraient les propositions de Trump, comme toujours avisées.
Vous vous souvenez du copain qu'il avait essayé de placer et qui s'est fait défoncer lors de son audition ? Epique.
pabelbaba a écrit:78 ans... Quand je pense que je ne voulais pas de Juppé parce que je le trouvais notamment trop vieux.
pabelbaba a écrit:Ca reste un léger avantage. D'autant qu'à cet âge, les années comptent triple.
Moui alors pout chaque point on peut dire sue Trump est pire hein.nexus4 a écrit:Ah punaise. JOe Biden qui arrive au pupitre à bout de souffle. Et qui dit qu'il y aura 200 millions de morts du Covid 19.
Misère de misère.
En plus il a le charisme de Lionel Jospin. On est foutu.
Le Complot a écrit:pabelbaba a écrit:Ca reste un léger avantage. D'autant qu'à cet âge, les années comptent triple.
C'est pas faux.
Mais je vois ça de mes 32 ans et ils sont quand même tous deux aux portes du 4e âge.
Chacun son point de vu mais je suis pas d'accord. Après le charisme c'est relatif mais quand je vois Trump le seul charisme que je lui trouve c'est celui d'une serpillière.nexus4 a écrit:Ben justement, non, au mieux c'est kif kif.
Et Trump a plus de charisme que le gars Lionel. [emoji38]
Mister_Eko a écrit:Chacun son point de vu mais je suis pas d'accord. Après le charisme c'est relatif mais quand je vois Trump le seul charisme que je lui trouve c'est celui d'une serpillière.nexus4 a écrit:Ben justement, non, au mieux c'est kif kif.
Et Trump a plus de charisme que le gars Lionel. [emoji38]
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