yannzeman a écrit:
Je voulais dire, en citant le rythme de parution de Tintin, que depuis bien longtemps déjà, les éditeurs ont compris qu'il fallait occuper l'espace, pour que le lecteur n'oublie pas une BD et qu'il se tourne vers d'autres titres, d'autres séries.
Car la concurrence a toujours existé, en BD.
Avant, il y avait beaucoup de journaux de publication (on ne pensait pas forcément à sortir des albums derrière, et nombre de BD n'ont pas eu de parution en album), une concurrence féroce, et donc il fallait absolument que dans "le petit vingtième" et ensuite dans "le journal de Tintin", il y ait du Hergé (Tintin, ou Quick et Flupke).
Je maintiens que ce n'est pas comparable.
tu ne peux pas comparer un rythme de parution périodique mensuel ou hebdo à une parution en album.
Le périodique force le rythme de production et dans les années 30, la période à laquelle tu fais référence, lorsque tu étais auteur, tu avais soit le choix de suivre le rythme, soit celui de disparaitre. Et seule une certaine notoriété, qui à mon avis n'est pas arrivée avant l'après 2ème guerre mondiale, l'auteur ne pouvait rien imposer du tout. A l'époque du journal de Tintin (après guerre donc), oui un peu plus. Mais c'est aussi la période ou Hergé a produit moins et le périodique n'a pas disparu pour autant avec des phase sans Tintin ou Hergé inside.
Pour reprendre le cas d'Hergé à ses débuts, il était aux ordre de l'abbé Wallez. c'était quasiment sa chose. Hergé produisait comme un fou à cette époque parce qu'il avait besoin de vivre et n'avait pas le choix. Il aimait dessiner, donc tant mieux, mais il n'y avait aucune protection des auteurs. Donc c'était marche ou crève. Et il devait multiplier les boulot pour vivre, la pub, plusieurs séries, etc...
Et si Hergé n'avait pu suivre, un autre l'aurait sans doute remplacé.
Uderzo a connu ça et beaucoup d'autres.
Bref, rien à voir comme fonctionnement.
Et je ne crois pas qu'il y avait tant que ça de périodique de BD à cette époque. Je ne suis pas un spécialiste, mais pour avoir un peu lu sur le sujet, je pense que la concurrence était light. Par contre le rythme de parution imposait forcément un rythme de production.
yannzeman a écrit:Là, entre la surproduction et l'espacement important (on parle de plusieurs années, pour des albums qui se lisent entre 20 mn et 1h max), le risque d'oublier le titre existe. Car la concurrence est féroce aussi.
Oui, il y a ce risque, c'est évident. Un auteur peut en effet vite disparaitre s'il n'arrive pas à rester visible. Sauf si sa notoriété est suffisante ou qu'il n'est pas disposé à certains sacrifices pour garder son indépendance. Bourgeon en est l'exemple le plus frappant avec son choix d'arrêter la BD lorsque Casterman a voulu lui imposer un rythme.
Bajram a atteint ce type de notoriété et a à mon avis le caractère pour faire ce qu'il entend avec UW. Et je ne pense pas que son éditeur puisse lui imposer un rythme de parution. Même si il doit y avoir des discussion, c'est évident.
Mais pour ce type de série, je pense qu'il peut aussi y avoir un effet attente et frustration qui peut concourir à un certain succès. La pub autour d'un album attendu depuis longtemps, cela peut payer.
Bref, aucun auteur n'est à égalité face au rtyhme de parution que les éditeurs souhaitent imposer parfois.
yannzeman a écrit:Mais pour revenir à "UW2", je n'ai pas l'impression d'un saut qualitatif énorme entre ce type de BD qui prend apparemment du temps à être réalisé, et d'autres BD au rythme de parution plus fréquent (comme les récents "Tanguy et Laverdure classic", "Buck Danny classic", "Allan Mac Bride", "les aventures de Betsy", "robert sax", "sourire 58", "les beaux étés", "gung ho", "gilles durance", "carmen mc callum", "travis", les BD de Speltens ("l'armée des ombres","afrikakorps"), Dauger ("ciel en ruine", "les frères novak"), Hugault, ou les classiques "Bob Morane", "Michel Vaillant", "ric hochet").
J'aime bien "UW2", comme "Servitude", "Urban" ou "Holmes", mais pas plus que ceux cités juste avant.
Alors là, forcément, il y a une histoire de goût. Mais mettre dans le même sac des séries comme UW2, Carmen, Travis et d'autres comme "Tanguy et Laverdure classic", "Buck Danny classic", "Allan Mac Bride", Ric Hochet, moi je ne m'y risquerais pas... tellement le gap est énorme, ne serait-ce qu'en originalité.
Buck Danny, Tanguy, Rich Hochet, Michel Vaillant, Bob Morane, au bout de 30/40/50 albums (voire bien avant), c'est quasiment le même scénar à chaque fois. L'impression de lire et relire un peu la même aventure... Ces séries auraient justement mérité une diminution du rythme... Et puis il s'agit pour la plupart de série avec des reprises par des auteurs différents...
Pour Gung Ho, mauvais choix à mon avis, vu les critique souvent formulées ici des reports successifs de certains tomes. D'ailleurs, si on creuse un peu le sujet, on doit pouvoir retrouver des échanges dans lesquels je devais tenir les mêmes propos qu'ici à savoir "un peu de patience pour un travail non bâclé est préférable à mon goût".