Une sœur - Bastien Vivès - Casterman

[chris24]

Message précédent :
Jolie chronique !

[Yog-volo]

Très bel album, dessin toujours aussi efficace, narration fluide, on y croit de bout en bout et je me suis surpris plusieurs fois à...

[Révéler] Spoiler:

...être jaloux de cet adolescent que j'ai trouvé très chanceux... Je dessinais aussi beaucoup mais vraiment rien à voir avec mes treize ans à moi. Dans quelle mesure ce récit est-il autobiographique et quel est sa part "fantasmé" ? mystère... c'est là aussi la force de ce bouquin et celle de Vivès

[Aigle Solitaire]

La facilité qu'a Vivès à retranscrire les relations et les sentiments humains de manière parfaitement juste et fluide est toujours aussi impressionnante. Un vrai bon moment de lecture (mais un peu trop court) !

une plongée hors du quotidien, et tellement réelle... ça m'a remémoré énormément de souvenirs... Et pour autant je reste également frustré par cette fin -surtout par la dernière planche, qui ne me contente en rien... Mais je vais relire ça...mais cette dernière planche...rhaaaaa! Sérieusement, si quelqu'un trouve une explication à l'attitude de la gamine...si...neutre, si inexpressive. Je crois que j'ai besoin d'aide là.

Bon enfin c'est un bon point, ça pose réellement question. ^^

Ta remarque m'avait frappé et m'était resté en tête, alors j'ai relu l'album hier soir pour me faire une meilleure idée...

[Révéler] Spoiler:

et pour ce qui est de l'attitude d'Hélène sur cette ultime planche, j'ai l'impression que son regard n'est pas dirigé vers Antoine / le lecteur, mais qu'elle regarde par dessus, par delà, un regard qui embrasse toute l'île, certes, mais surtout un regard d'adieu, au lieu, à cette parenthèse douce amère, et à l'Hélène d'avant. Elle se débarrasse de ses derniers oripeaux d'enfance et d'innocence, avant de plonger dans sa vie d'adulte.

pour ce qui est de la sexualité, elle est présente mais loin d'être débridée. On est plus dans le registre de la découverte et des attouchements, des tâtonnements, la plupart interrompus par des éléments extérieurs d'ailleurs, et réalisés dans une atmosphère plutôt joyeuse et insouciante, c'est du domaine du jeu, sans réelle implication affective et émotionnelle.

Tout à fait d'accord.

[ubr84]

une plongée hors du quotidien, et tellement réelle... ça m'a remémoré énormément de souvenirs... Et pour autant je reste également frustré par cette fin -surtout par la dernière planche, qui ne me contente en rien... Mais je vais relire ça...mais cette dernière planche...rhaaaaa! Sérieusement, si quelqu'un trouve une explication à l'attitude de la gamine...si...neutre, si inexpressive. Je crois que j'ai besoin d'aide là.

Bon enfin c'est un bon point, ça pose réellement question. ^^

Ta remarque m'avait frappé et m'était resté en tête, alors j'ai relu l'album hier soir pour me faire une meilleure idée...

[Révéler] Spoiler:

et pour ce qui est de l'attitude d'Hélène sur cette ultime planche, j'ai l'impression que son regard n'est pas dirigé vers Antoine / le lecteur, mais qu'elle regarde par dessus, par delà, un regard qui embrasse toute l'île, certes, mais surtout un regard d'adieu, au lieu, à cette parenthèse douce amère, et à l'Hélène d'avant. Elle se débarrasse de ses derniers oripeaux d'enfance et d'innocence, avant de plonger dans sa vie d'adulte.

pour ce qui est de la sexualité, elle est présente mais loin d'être débridée. On est plus dans le registre de la découverte et des attouchements, des tâtonnements, la plupart interrompus par des éléments extérieurs d'ailleurs, et réalisés dans une atmosphère plutôt joyeuse et insouciante, c'est du domaine du jeu, sans réelle implication affective et émotionnelle.

Lu hier soir et beaucoup aimé. Content que Vives revienne à ce type de récit (j'avoue que Lastman m'ennuie un peu).
Comme souvent tout à fait d'accord avec Olaf.

Un petit complément sur la fin que je suis étonné de ne pas trouver dans vos analyses :

[Révéler] Spoiler:

Le dessin d'Hélène sur la dernière case est bien plus précis que dans l'ensemble de l'album où Vives est plutôt dans le trait lâché. Pour moi cela correspond à la tentative réussie d'Antoine de la dessiner (c'est un des fils rouge de l'album, et une des possibilité pour le mot donné avant le départ).
On ne sait donc pas si c'est réellement Hélène, si c'est le dessin d'Antoine, si c'est une sorte de métaphore pour dire qu'il et elle se sont trouvées (avec la fin de l'adolescence).
Et cela me pose question aussi par rapport à l'auteur, comme si Vives nous montrait son dessin de la fille qu'il aurait rencontrée ado, je trouve que cette planche sort complètement du récit (ça tombe bien c'est la dernière) pour nous poser la question du but de l'album entier, comme si tout l'album ne tendait que vers cette recherche de précision dans le trait (à la fois dessin et caractère).

Hâte d'avoir votre avis sur mon analyse à chaud.

[Yoda33]

une bd bien sympa mais qui se lit trop vite.

Meme avis, un bon moment assez rapide somme toute

[Aigle Solitaire]

Un petit complément sur la fin que je suis étonné de ne pas trouver dans vos analyses :

[Révéler] Spoiler:

Le dessin d'Hélène sur la dernière case est bien plus précis que dans l'ensemble de l'album où Vives est plutôt dans le trait lâché. Pour moi cela correspond à la tentative réussie d'Antoine de la dessiner (c'est un des fils rouge de l'album, et une des possibilité pour le mot donné avant le départ).
On ne sait donc pas si c'est réellement Hélène, si c'est le dessin d'Antoine, si c'est une sorte de métaphore pour dire qu'il et elle se sont trouvées (avec la fin de l'adolescence).
Et cela me pose question aussi par rapport à l'auteur, comme si Vives nous montrait son dessin de la fille qu'il aurait rencontrée ado, je trouve que cette planche sort complètement du récit (ça tombe bien c'est la dernière) pour nous poser la question du but de l'album entier, comme si tout l'album ne tendait que vers cette recherche de précision dans le trait (à la fois dessin et caractère).

Hâte d'avoir votre avis sur mon analyse à chaud.

Personnellement, je trouve que c'est une théorie qui se tient. Je pense même que tu as raison.

[ben27]

Lecture mitigée pour ma part.
Côté positif : Vivès a une capacité incroyable à décrire les instants du quotidien, les petits rien qui font le sel d'une vie. Et il réussit une nouvelle fois cela dans cet album. Graphiquement, il a une aisance insolente, c'est du tout bon (et beau).
Ma réserve provient du scénario et surtout de la partie sexualisée qui ne m'a pas convaincu pour un sou. J'entends l'argument consistant à dire que l'adolescence décrit dans le livre n'a pas à être celle de tout le monde mais tout de même :

[Révéler] Spoiler:

Un môme de 13 ans, pas particulièrement en avance sur son âge, qui rencontre une jeune fille de 16 ans, limite siliconée, qui accepte qu'il la touche, le suce et le branle dans la douche

faut quand même pas pousser. Ca casse le côté réaliste du récit à mon sens (récit qui aurait très bien survécu à ces épisodes).

[Révéler] Spoiler:

l'épisode avec les poil pubiens était très bien : réaliste et soft

Finalement, on pourrait quasiment y voir une suite de fantasmes masculins sur l'éveil à la sexualité. Je serais d'ailleurs curieux de connaitre l'avis de femmes l'ayant lu (il faut que je le passe à la mienne).
Ce point n'enlève pas ses qualités à l'album, je trouve juste que ca amoindrit son impact comme j'avais pu le ressentir à la lecture de Polina.

[silverfab]

Bien apprécié pour ma part ce nouveau Vivès; si je rejoins un peu Ben sur le coté "cul" de l'album, je dirais que la scène qui m'a fait tiquer c'est surtout celle de la

[Révéler] Spoiler:

fellation, en effet même si c'est l'âge où les ados s'éveillent aux choses de la vie (et du sexe) ça fait un brin nympho tout de même...

.

Mais bon, après, Une Soeur ne s'est jamais présenté comme une étude des moeurs des ados; c'est plus un mélodrame dans lequel, en effet l'auteur projette peut être quelques fantasmes mélés à des expériences persos (ou pas d'ailleurs).

Pour bosser avec des ados depuis plus de 15ans j'ai trouvé beaucoup de choses très bien écrites, d'autres plus capillotractées mais ça reste une des belles lectures du printemps.

Quant à la toute dernière image:

[Révéler] Spoiler:

je dirais surtout qu' Hélène, vu son âge et sa mentalité, est déjà passé à autre chose, montrant probablement involontairement à Antoine que cette aventure n'a pas eu la même importance pour eux deux.

[Yoda33]

[Révéler] Spoiler:

Un môme de 13 ans, pas particulièrement en avance sur son âge, qui rencontre une jeune fille de 16 ans, limite siliconée, qui accepte qu'il la touche, le suce et le branle dans la douche

faut quand même pas pousser. Ca casse le côté réaliste du récit à mon sens (récit qui aurait très bien survécu à ces épisodes).

Ah ben écoute, ce n 'était pas impossible il y a plusieurs décennies je te confirme, et de nos jours, c est carrément plausible ...

[chris24]

Tout ça est tellement au cas par cas qu'il est difficile de chercher à s'identifier, même en essayant de se rattacher à une époque et donc à des mœurs au travers de généralités et donc de juger de leur éventuelle véracité ou même simplement de leur plausibilité. Si je vous faisais part des histoires de cul de mon petit village dans les années 80, moi qui arrivais adolescent justement, fraichement débarqué de ma banlieue parisienne, vous auriez sans doute doute du mal à les croire vraies et sans doute encore moins si j'avais écrit un bouquin du style d'une sœur racontant ces histoires (histoires qui ne me sont pas arrivées à moi en direct mais à des connaissances et dont je n'ai jamais eu le moindre doute quant à leur véracité au vu des parties impliquées, si je puis dire ! ) Tout ça pour dire que tout ça est tellement contextuel, que dire "ouais c'est bien beau mais c'est pas plausible..." eh bien ça ne tient pas non plus...

[ubr84]

faut quand même pas pousser. Ca casse le côté réaliste du récit à mon sens (récit qui aurait très bien survécu à ces épisodes).

J'ai des amis prof au collège, les élèves vont beaucoup, beaucoup plus loin que ça.

Je trouve au contraire le récit très crédible.

[2fois2cinq]

Lecture mitigée pour ma part.
Côté positif : Vivès a une capacité incroyable à décrire les instants du quotidien, les petits rien qui font le sel d'une vie. Et il réussit une nouvelle fois cela dans cet album. Graphiquement, il a une aisance insolente, c'est du tout bon (et beau).
Ma réserve provient du scénario et surtout de la partie sexualisée qui ne m'a pas convaincu pour un sou. J'entends l'argument consistant à dire que l'adolescence décrit dans le livre n'a pas à être celle de tout le monde mais tout de même :

[Révéler] Spoiler:

Un môme de 13 ans, pas particulièrement en avance sur son âge, qui rencontre une jeune fille de 16 ans, limite siliconée, qui accepte qu'il la touche, le suce et le branle dans la douche

faut quand même pas pousser. Ca casse le côté réaliste du récit à mon sens (récit qui aurait très bien survécu à ces épisodes).

[Révéler] Spoiler:

l'épisode avec les poil pubiens était très bien : réaliste et soft

Finalement, on pourrait quasiment y voir une suite de fantasmes masculins sur l'éveil à la sexualité. Je serais d'ailleurs curieux de connaitre l'avis de femmes l'ayant lu (il faut que je le passe à la mienne).
Ce point n'enlève pas ses qualités à l'album, je trouve juste que ca amoindrit son impact comme j'avais pu le ressentir à la lecture de Polina.

Vraiment je ne suis pas sur qu'on puisse dire si son scénar est réaliste ou pas... Par exemple en colo, crois moi, il s'en passe des pas mal...
et pour une gamine de 16 ans... elle me parait pas du tout siliconée...

Je ne dis pas que ce genre d'histoire est fréquent, mais franchement, tout cela est largement plausible...

[Olaf Le Bou]

faut quand même pas pousser. Ca casse le côté réaliste du récit à mon sens (récit qui aurait très bien survécu à ces épisodes).

J'ai des amis prof au collège, les élèves vont beaucoup, beaucoup plus loin que ça.

Je trouve au contraire le récit très crédible.

Pour avoir une assez bonne idée du comportement de mon ainé et de sa bande de copains et copines entre leurs treize ans et leurs désormais dix-sept, les passages à l'acte décrits sont tout à fait réalistes et crédibles.

ce qui l'est beaucoup moins, c'est la manière dont Antoine est accepté par les grands de 16-17 ans avec qui Hélène traine, et (mais c'est tout le sel du récit) qu'elle s'intéresse à lui, alors qu'en général 2-3 ans représentent un fossé énorme à cet âge là.

[chris24]

La présence d'Antoine est peut-être plus facilement acceptée parce qu'il est avec Hélène et parce qu'il y a de l'alcool. Antoine seul n'aurait très certainement pas eu accès à leur groupe. Le rejeter c'est froisser Hélène et risquer de ne plus la voir elle.

[silverfab]

La présence d'Antoine est peut-être plus facilement acceptée parce qu'il est avec Hélène et parce qu'il y a de l'alcool. Antoine seul n'aurait très certainement pas eu accès à leur groupe. Le rejeter c'est froisser Hélène et risquer de ne plus la voir elle.

Je l'ai conçu également comme ça oui.

[Olaf Le Bou]

oui, bien sûr, mais Vivès a conscience de l'aspect un peu too much de ce passage, car il use dans cette scène d'un des seuls dialogues un peu trop appuyé et démonstratif du bouquin, des trucs du genre "il assure le môme".


et je reviens là-dessus :

Un petit complément sur la fin que je suis étonné de ne pas trouver dans vos analyses :

[Révéler] Spoiler:

Le dessin d'Hélène sur la dernière case est bien plus précis que dans l'ensemble de l'album où Vives est plutôt dans le trait lâché. Pour moi cela correspond à la tentative réussie d'Antoine de la dessiner (c'est un des fils rouge de l'album, et une des possibilité pour le mot donné avant le départ).
On ne sait donc pas si c'est réellement Hélène, si c'est le dessin d'Antoine, si c'est une sorte de métaphore pour dire qu'il et elle se sont trouvées (avec la fin de l'adolescence).
Et cela me pose question aussi par rapport à l'auteur, comme si Vives nous montrait son dessin de la fille qu'il aurait rencontrée ado, je trouve que cette planche sort complètement du récit (ça tombe bien c'est la dernière) pour nous poser la question du but de l'album entier, comme si tout l'album ne tendait que vers cette recherche de précision dans le trait (à la fois dessin et caractère).

Hâte d'avoir votre avis sur mon analyse à chaud.

j'ai revu l'album, et :

[Révéler] Spoiler:

en fait, il y a plusieurs autres vignettes où Hélène et représenté avec ce même niveau de détail, au moins 3 ou 4 dans l'album, à chaque fois des grandes cases avec la demoiselle en gros plan. pour moi le niveau de détail appliqué par Vivès à son dessin est lié à deux facteurs : un facteur technique lié à la taille de la vignette et au choix d'un plan éloigné ou rapproché, et un facteur narratif, lié à la précision de l'émotion qu'il souhaite transmettre (la case où Hélène crie à Antoine de ne pas traverser la passe à la nage par exemple...).
bref, je ne suis pas convaincu par le caractère "hors récit" de cette dernière planche et sa signification métaphorique sur la précision du trait.

et sinon, discussion avec quelques auteurs au salon de Roubaix hier à propos de cet album, et il semble que le milieu de la bayday s'émeuve un peu du caractère sexiste de l'histoire contée...

et c'est vrai que, pour le moment, ça manque sévèrement d'avis féminin pour dire si l'on est dans le registre du fantasme d'adolescent frustré recraché après coup, ou dans la tranche de vie pleine de sensibilité et de justesse (opinion majoritaire sur le forum jusqu'ici).

[Mr Degryse]

la bayday s'émeuve un peu du caractère sexiste de l'histoire contée...

En quoi on peut qualifier la bd de sexiste ??????

[Le Tapir]

la bayday s'émeuve un peu du caractère sexiste de l'histoire contée...

En quoi on peut qualifier la bd de sexiste ??????

Bonne question! La bd ne fait peut-être pas assez promotion de l'homosexualité? C'est un sale truc hétéro? Mince alors! Je vais peut-être la ramener de ce pas!

[ubr84]

et sinon, discussion avec quelques auteurs au salon de Roubaix hier à propos de cet album, et il semble que le milieu de la bayday s'émeuve un peu du caractère sexiste de l'histoire contée...

et c'est vrai que, pour le moment, ça manque sévèrement d'avis féminin pour dire si l'on est dans le registre du fantasme d'adolescent frustré recraché après coup, ou dans la tranche de vie pleine de sensibilité et de justesse (opinion majoritaire sur le forum jusqu'ici).

Comprends pas trop non plus.

[Révéler] Spoiler:

Les personnages me semblent traités de manière assez égale. La fille étant même mise en valeur par sa maîtrise de la situation à tout instant, c'est elle qui mène et qui se découvre aussi à travers lui !

Mais si on fait un petit jeu et qu'on raconte cette même histoire avec les rôles inversés je n'imagine même pas les réactions et les cris horrifiés !

[Olaf Le Bou]

le fait que l'auteur soit un mec et décrive ce qui peut passer pour un fantasme typiquement masculin serait la preuve de ce sexisme. mais c'est pour ça que j'aimerai un avis féminin sur la question car je me demande si ce procès d'intention n'est pas lui même tenu par des mecs...

Mais si on fait un petit jeu et qu'on raconte cette même histoire avec les rôles inversés je n'imagine même pas les réactions et les cris horrifiés !

clairement, c'est le lynchage en place public.

[toque]

Lu Samedi.

J'ai beaucoup aimé. Il est quand même super fort ce Vives, avec trois fois rien il est capable de te tenir en haleine sur 200 pages. C'est vraiment un compteur hors pair.
Et pour moi la partie qui traite la sexualité est peut être la plus réussi. Vives, contrairement à tous ses confrères, ne se dérobe pas. Il attaque le sujet frontalement sans ellipse.
Et graphiquement y'a des trouvailles extraordinaire. Quel talent !