horto a écrit:...
Si un éditeur a toujours été un commerçant, il avait le gout, le plaisir d'éditer un livre, pas simplement un objet. Il créait un lien indéfectible avec des auteurs (certains chéris, d'autres oubliés, comme dans une famille).
Que des commerciaux arrivent, pourquoi pas, si et seulement si ils ont compris cette différence. Le directeur éditorial qui crée le lien avec les auteurs et les valeurs d'une entreprise (chez dupuis: humour, aventure, ton gentiment irrévérencieux, aspect familial, Ami de Spirou, etc.), si tu t'assieds dessus, il ne reste rien pour une maison d'édition. Jean Van Hamme avait très bien compris cela, tout en amenant de la nouveauté (Aire Libre, repérages) pour élargir le public, mais avec un niveau d'exigence, et un lien avec les auteurs très fort. Mais il était auteur lui-même, malgré le fait d'avoir travaillé chez Philips.
Comme quoi, c'est possible.
Jean Van Hamme qui avait aussi fait bazarder 14 millions d'albums invendus qui dormaient dans des hangars (dixit lui-même dans des entretiens et son autobio). Leurs auteurs avaient été invités à venir prendre les leurs au prix du papier s'il les voulait. Jidéhem, qui m'avait confirmé ces infos, m'avait aussi avoué qu'il ne vivait que du prix à la planche, car ses albums ne se vendaient pas/plus. A noter qu'il n'était pas amer et qu'il comprenait et acceptait parfaitement que les goûts du public changent au fil du temps.
A noter aussi, la majorité du stock qui n'avait pas été récupéré par les auteurs est passé au pilon et qu'une bonne proportion de l'ensemble a alimenté le marché parallèle pendant des années (j'en ai d'ailleurs bien profité pour compléter mes collections).
En résumé, l'arrivée des "commerciaux" et des gestionnaires
business is business date de l'engagement de Van Hamme chez Dupuis.
Quant au concept de grande famille et de liens indéfectibles entre éditeurs et auteurs, c'est du pipeau de première. Évidemment, qu'humainement, des relations d'estime et d'amitié se tissent entre individus qui travaillent ensemble. Par contre, le juge de paix final a toujours été et sera toujours les chiffres de vente.