Je profite du tome 2 de cette nouvelle intégrale pour relire ces cinq albums (que je n'ai par ailleurs qu'en recueils du journal, plus ou moins incomplets et un peu laborieusement accessibles), et je redécouvre donc les scénarios de Rosy — ce qui explique que
j'avais carrément zappé le fait que c'est bien “ sous Will ” qu'est apparue la Narval...
J'ai de la sympathie pour Rosy, sa personnalité et son parcours, d'autant plus après avoir lu
mais, si graphiquement ces albums sont déjà très satisfaisants, je m'aperçois que côté scénario ont pris un coup de vieux.
Rosy était admirateur des feuilletonnistes, et bien que ses histoires n'aient visiblement pas été improvisées, il recourait souvent à des artifices un peu limites. En lisant, je pensais à des albums comme
L'oreille cassée, et je mesurais (à nouveau...) combien Hergé était hors d'atteinte, s'agissant de ce type de scénario.
Mais ce en quoi les découpages de Rosy pêchent surtout selon moi, c'est par ses dialogues (et singulièrement dans
Le fantôme du samouraï !) — et là je me suis pris à imaginer ce qu'un
Vicq aurait pu faire de cette série...
J'ai de meilleurs souvenirs des albums suivants (ce qui est logique puisque Rosy, après un premier scénario pour – et
avec ? – Franquin, était en quelque sorte encore en plein “ écollage ” à l'époque des histoires de ce tome 2), mais ces cinq premiers-là ne sont évidemment pas sans qualités ; pour un quasi débutant, compte (
Ouvrélédico !
) tenu de l'époque notamment, Rosy n'était pas malhabile.
N'empêche que, pour mon goût, c'est avec Tillieux – même avec ses tics, ses recyclages et ses dialogues “ à la Greg ” (1) – que ces deux personnages vont réellement épaissir un peu — jusqu'aux limites du genre, car Morti n'a pas tort (mais comment pourrait-il en être autrement ! <smileyquicirelespompes>)
qui constate : « (...) difficile de faire des scénarios adultes avec deux personnages de petits gros s'appelant Tif et Tondu ». Pour Morti, le problème semble ne s'être posé réellement que pour la toute dernière résurrection en date du tandem (c'est-à-dire avant le Blutch — qui lui apparemment s'en accommode très bien), mais je me rappelle clairement que moi-même, gamin, je tiquais un peu là-dessus en découvrant les Tillieux...
(1) J'entends par là ces scénarios où le plus petit second rôle a de la repartie -- mais vous connaissez Tillieux et Greg aussi bien que moi...Par ailleurs, une remarque (qui peut devenir une question si vous y donnez suite) : jusqu'à quel point de telles intégrales doivent-elle nous être restituées dans le jus d'époque, jusques et y compris aux erreurs et défauts manifestes, telle cette première bulle :
01_PM-4-4.JPG
Perso je suis d'avis que le jus d'époque, c'est le jus d'époque — mais s'agissant des couleurs, j'hésite quand même à me plaindre de ce qu'elles aient été refaites, même si à plusieurs reprises l'original n'a pas été respecté, cf. par exemple :
02_CLMB-9-9_1pp.JPG
et
03_CLMB-9-9_2int.JPG
À ce propos encore, j'ai une vraie question, qui ne trouvera de réponse que si sergent bebert nous visite et veut bien s'y pencher : que s'est-il donc passé avec le lettrage de
Contre la Main Blanche, des planches 6 à 30 ?!
Quand on compare avec la prépub (2), on constate que, des planches 6 à 30, il a bien existé à l'époque un lettrage dû à Will, pourtant dans l'Intégrale on a affaire pour ces pages-là à un lettrage moche, impersonnel, malhabile.
(2) Tiens, c'est pas tous les jours, j'en profite pour remercier ce « très ancien A.D.S. » d'avoir créé son infiniment précieux site, véritable pendant de celui du regretté M. Bellier. [:flocon:2]
On pourrait penser à des films manquants, mais des films semblent bien avoir subsisté, puisque certaines bulles contenant du lettrage “ exotique ” sont rigoureusement celles de la prépub. Idem pour certaines onomatopées (dont je croyais pourtant qu'à cette époque elles étaient lettrées à part pour faciliter la traduction néerlandaise ?).
D'autre part, on constate que ce nouveau lettrage a été l'occasion d'au moins un coup de ciseaux d'Anastasie (
le nombre d'images par post étant limité mais j'ai oublié à combien, cf. le premier post suivant, SUITE 1).
Parfois même le texte a été revisité, sans raison apparente (cf. plus bas, SUITE 2), voire carrément récrit (cf. plus bas SUITE 3).
En une occurrence au moins, on ne peut que se perdre en conjecture sur le bien-fondé de ladite intervention (cf. plus bas SUITE 4)...
Le lettrage de Will n'était pas sans défaut ; parfois on a même le sentiment qu'il y a pensé un peu tard (cf. plus bas SUITE 5), mais c'était le sien, et le lettrage faisant partie intégrante de la planche, dans de tels cas on aurait envie que l'éditeur se donne la peine de scanner le lettrage de l'auteur afin de reconstituer les phylactères manquants — mais sergent bebert signale que ces intégrales sont de peu de rapport, donc on peut comprendre l'impasse.
Ces remarques n'entament évidemment en rien l'intérêt qu'il y a à acquérir ces nouvelles intégrales, patrimoniales s'il en fût !