JYB a écrit:Il y a au moins une différence entre "avant" et "après". "Avant", les auteurs avaient le temps de s'installer dans le métier, et d'apprendre sur le tas, particulièrement en étant confrontés à des professionnels, au sein de studios, de rédactions de journaux. Il y avait des grands maîtres qui prenaient les nouveaux sous leurs ailes : Jijé, Poïvet, Peyo, etc. "Avant", les auteurs avaient le feu sacré. De nos jours, n'importe qui se réveille un matin et se dit "Tiens, je vais écrire un scénario de BD, ça a l'air cool". Combien de romanciers sont-ils bombardés tout à coup scénaristes de BD (alors que scénariste de BD - je dis bien : de BD -, c'est un métier à part).Erik Arnoux a écrit:Généralement... C'est pas que c'était pas mieux avant, c'était simplement différent.
Ainsi - puisqu'on est sur le topic de Tanguy & Laverdure et vu que Philou est intervenu récemment à ce sujet -, je suis tombé de ma chaise quand j'ai lu que JC Laidin, le décrié scénariste de Tanguy, qui a pris sa retraite, avait été choisi par un comité de lecture composé, entre autres, de trois auteurs majeurs : Guy Vidal, Albert Uderzo et Francis Bergèse. Or, Laidin était un néophyte complet en matière de scénario de BD (je n'insisterai jamais assez sur cette précision capitale : de BD). Pourtant, il a été engagé. Je ne peux pas croire que le comité de lecture ait vraiment lu son premier scénario. Je n'arrive pas à croire qu'ils aient pu valider un débutant qui n'avait jamais écrit un scénario de BD de sa vie ! Surtout pour reprendre une série aussi fameuse et importante que Tanguy & Laverdure.
Comment se fait-il que ce "comité de lecture" n'ait pas prévenu clairement qu'un scénariste de BD, c'est aussi un gars qui sait faire d'instinct, qui a le don ? (j'allais dire : don inné, mais c'est un pléonasme). Le don principal est celui du découpage : découpage scène par scène, planche par planche, case par case, bulle par bulle, puisque ce qui différencie une BD d'un roman ou d'un film ou d'une pièce de théâtre, c'est le découpage dans une succession parfaitement étudiée d'images ; rien ne se fait au pifomètre ! Même le découpage des textes figurant dans les bulles ne se fait pas au hasard (ce dont peu de lecteurs se rendent compte ; en effet, quand c'est bien fait, ça ne se voit pas, tellement ça "coule" bien ; pourtant, c'est aussi ça qui fait que les lecteurs sont "accrochés" par une histoire ; JM Charlier avait ce don, évidemment). Il y a aussi le don du rebondissement, de "faire monter la mayonnaise", etc. Jean-Claude Laidin, malheureusement, n'avait pas ce don et a fini par se planter. Il aurait fallu au moins lui faire faire des essais pendant des mois, voire un an ou deux, pour qu'il apprenne les trucs du métier (surtout, je le répète, dans le cadre de la reprise d'une série aussi prestigieuse que T&L). S'il a pris sa retraite, c'est sans doute parce qu'il a fini par se rendre compte qu'il n'était pas fait pour ça ?
Depuis le départ de Laidin, gageons que les scénarios sont mieux calibrés, mieux découpés, mieux dialogués, grâce aux nouveaux scénaristes embauchés à sa place.
Merci pour les commentaires.
Et oui, ça crève les yeux. Scénariste de BD, c'est un métier.
Lelouche (le réalisateur), Van Cauwelaert (le romancier) et bien d'autres, pourtant pas des branques dans leur domaine, s'y sont cassé les dents.