Propriétaire d’une station essence dans une zone désertique autant par la population que par le climat, Evel O’Neil y vit avec sa fille, Cristal. Sur cette route 666 perdue au cœur de l’Amérique, le paternel cuve quotidiennement son whisky dans son bombardier vieux de 15 ans, témoin de son parcours à la guerre. Nous sommes en 1963, et O’Neil n’est pas de ceux qui ruminent cette traumatisante période en la noyant dans l’alcool. Le mal est tout autre pour cet ancien champion de course automobile version Streamliner. Victime d’un grave accident avec sa voiture, la black widow, alors qu’il venait d’avoisiner les 500 km/h, c’est bel et bien là que son existence a pris un véritable tournant et qu’il ne s’en est jamais remis.
Une aubaine se présente à lui quand débarque dans sa station Billy Joe. Un chef de bande qui vient remettre son titre en jeu en Streamliner, ce défi sur route qui ne contient qu’une unique règle, aller plus vite que son adversaire. O’Neil comprend vite que ses terres vont devenir un endroit idéal pour faire revivre cette course mythique et chère à tous ceux dont les moteurs puissants, la vitesse, et leur nom gravé sur la Winchester en guise de trophée, sont de véritables obsessions.
Si l’on n’est pas adeptes de voitures, de courses extrêmes, ou de protagonistes sans aucune morale, il ne faut surtout pas passer son chemin pour autant ! Tant vous serez surpris par ce qu’a produit ‘Fane avec Streamliner. Ce féru de motos qui lui a permis de reprendre le célèbre Joe Bar Team, retrouve un univers qu’il maîtrise parfaitement.
Sa justesse graphique est impressionnante au fur et à mesure que défilent les pages. Chapitré et découpé tel un comics, le premier tome de ce diptyque est un vrai régal visuel. Il faut y ajouter la parfaite colorisation d’Isabelle Rabarot. Que ce soit pour les scènes de flashback, d’essais de piste voire d’interviews télévisées, chacune d’entre elles est si bien différenciée qu’on s’y retrouve en un clin d’œil.
Pour ce qui est du scénario ‘Fane est tout autant inspiré. Dans la même lignée que Petites Éclipses (One shot écrit à quatre mains avec Jim), tout est à sa place. L’ossature du récit donne corps à plusieurs protagonistes qui ont tous un réel intérêt. La dynamique de l’histoire ne s’essouffle jamais tant subsiste cette folle énergie jusqu’à la dernière image. Sans oublier l’humour qui le caractérise avec certaines cases quasi identiques où seul un geste change et suffit à provoquer le rire du lecteur (pour preuve, aux pages 31 et 32). Ainsi, maintenant que le décor est bien planté, la suite peut démarrer sur les chapeaux de roues.
Article complet sur Comixtrip : http://www.comixtrip.fr/nouveautes/stre ... lisa-dora/