Streamliner #2 :Le premier épisode de Streamliner mettait en lumière Billy Joe car après tout, c’est bien lui, le chef de gang des Red Noses, qui est l’instigateur de cette course de vitesse sur la route 666. Sauf qu’il n’avait pas prévu deux choses : que le propriétaire du Lisa Dora mette en jeu sa station essence pour le run. Mais encore moins que O’Neil, n’étant plus en état de conduire sa Black Widow, cède sa place à celle dont le détenteur de la Winchester s’est épris : Cristal.
Ainsi, au moment où une jeune fille va donner le top de la course, toutes les attentions seront portées par celle qui conduit la voiture mythique du « Duke ». C’est ainsi que commence ce deuxième et dernier tome de Streamliner, c’est ainsi que Cristal devient à son tour le personnage principal.
Durant quatre-vingt-quinze planches ce deuxième volet de Streamliner nous embarque dans un run fou où chacune d’entre elles nous happe de telle façon que notre cœur subit de fortes perturbations et que nos oreilles sont spectatrices du vacarme de la Black Widow et consorts. De pareilles sensations pourraient être légitimes devant un écran de cinéma et pourtant c’est bien une bande dessinée qui nous produit le même effet.
Voilà en quoi ‘Fane réussit formidablement son pari. Celui de nous immerger dans ce désert apocalyptique où plus rien ne compte mis à part connaître l’issue de cette course suicidaire. Et pour y arriver l’auteur a su mettre à profit plusieurs inspirations bien senties :
– En rendant attachants tous les personnages, les bons comme les méchants. Et en donnant quelques repères bien trouvés lorsqu’il les associe à des noms connus (Calamity, The Kid…). Il témoigne un tel respect envers ses héros qu’on a l’impression qu’ils sont tous des piliers de l’histoire.
– Difficile alors de ne pas penser au cinéaste Quentin Tarantino tellement lui aussi accorde de l’importance à tous ses protagonistes. Mais la comparaison ne s’arrête pas là. On ne peut s’empêcher avec Streamliner de penser à un de ses films cultes qu’est Boulevard de la Mort. Et si, naturellement, on arrive à associer le travail de ‘Fane au cinéma de Tarantino, c’est que inéluctablement, cela a fonctionné.
– Et puis il y a ce dessin qui n’est qu’une confirmation de ce que nous avait déjà offert ‘Fane. Pour ce diptyque, aucune fausse note (juste un bémol : le « cocard » de Cristal disparaît bien vite dans ce deuxième opus non ?..) Lui qui, au départ, aurait voulu réaliser cette série en un one shot noir et blanc, a apporté une autre dimension en lui donnant de la couleur. Qui plus est avec le très joli rendu d’Isabelle Rabarot qui donne de véritables indications, notamment temporelles.
Toute la technique et la « patte » graphique de l’auteur sont réussies dans ce diptyque. De ses traits des personnages en passant par la « speed line », cette profusion de traits qui permet de crédibiliser la sensation de vitesse (dans Akira, K. Otomo, l’utilise beaucoup). Sans oublier sa fameuse scène qu’on pourrait traduire comme une itération iconique partielle. Elle apparaît régulièrement dans ses publications et fait mouche à chaque fois !
Tous ces éléments mélangés à d’autres documents avec lesquels ‘Fane s’est impregné (voir en fin d’album ou à chaque début de chapitre), font de cette histoire transpirante et humaine un coup de cœur incontestable. Lorsqu’on savoure l’épilogue ainsi que les bonus, on se dit que l’auteur a eu du mal à quitter son œuvre et on a envie de lui dire tant mieux !
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