Un surplus de connaissances est toujours appréciable, mais ce n'est pas la même chose que de dire que l'absence de connaissances préalables va constituer un handicap. D'expérience,
Watchmen s'apprécie déjà très bien sans avoir une connaissance particulière des comics de super-héros traditionnels (je crois bien que je n'en avais jamais lu aucun avant mes premières lecture et relectures de
Watchmen). Le coup du "méchant qui dévoile son plan, etc...", pour prendre l'exemple que cite visarspike2000, c'est un cliché répandu dans tellement de médias qu'on voit bien à quoi ça fait allusion sans avoir eu à lire 300 numéros de comics "classiques" avant ça. À côté de ça il y a des références qui se comprennent sans doute mieux quand on a plus de culture dans ce domaine (la BD de pirates par exemple), mais globalement ça ne me semble pas absolument nécessaire pour une première appréciation ce titre.
Watchmen se veut une œuvre totalement autonome, fermée sur elle-même, créant l'illusion de sa propre continuité, ça fait partie de ce qui fait sa grandeur
(et de ce qui fait le caractère, disons, problématique des récents Before Watchmen...), ça fait aussi partie de ce qui la rend abordable par un néophyte.
Planetary qui a été cité au même titre me semble un cas complètement différent. Là, il y a des chapitres entiers qui sont consacrés à des enfilages de clins d'œil / pastiches / parodies / amorces de réflexion sur le genre, et qui sont totalement 1) incompréhensibles, 2) sans intérêt, si on passe à côté de ça. Par exemple le #17,
To be in England in the summertime, s'apprécie -- et grandement -- à condition de connaître et d'avoir en tête
Hellblazer,
Sandman,
Les Invisibles, une bonne partie de l'œuvre de Grant Morrison et sans doute aussi quelques-unes d'Alan Moore, et d'être sensible de façon générale à l'évolution de la représentation des super-héros à travers les différents "âges" des comics. Sans quoi, on voit juste des personnages qui se baladent en faisant des réflexions sibyllines, au milieu de figurants aux allures bizarres, avant que le "méchant" ne débarque soudain et tienne un discours absurde avant de se faire fumer tout aussi brusquement... C'est le genre de choses qu'on ne rencontre jamais dans
Watchmen, où tout participe d'un même ensemble.
Quant à
Transmetropolitan, de ce que je peux en juger grâce au premier volume Urban, c'est sûr que c'est un style auquel on accroche ou pas, mais ça, ça n'a rien à voir avec le fait d'être néophyte ou pas. Et franchement, c'est de la bonne came.
