icecool a écrit:Oui, et en faisant exactement ce que j'ai précisé : c'est à dire en jouant de plus en plus sur un écart entre le schéma traditionnel aventureux et une réflexion sur le genre. Réflexion qui a dû reste conduit les uns et les autres vers un onirisme de plus en plus prononcé, preuve que l'aventure rêvée est celle d'une vision d'auteur (cf. la création des one shots) plus que celle, dépassée, d'une série sans fin où chaque épisode ne fait que se surajouter aux précédents.
Le renouvellement du genre (ce qu'arrive très bien à faire nombre de séries américiaines actuelles) suppose des modifications structurelles et un jeu sur le référentiel (dans le cadrrd'une BD, l'univers préconçu par les lecteurs) : bref, Spirou, - qu'il soit fait pour les jeunes ou pour les plus anciens - se dessine comme un jeu de mémoire (voir la couverture de ce futur Alerte aux Zorkons).
ça, c'est ton avis sur le sujet. ou ton envie
On peut tout à fait voir la chose autrement et simplement pensait qu'on peut renouveler le genre par les thèmes abordés.
C'est exactement ce qu'a fait Fournier selon moi.
Fournier a repris la série de manière on ne peut plus classique. Il a apporté sa touche via ses personnages secondaires (ito, orore), le triangle en tant que méchant récurrent, et surtout des thèmes qui le touchait et qu'il lui semblait important d'aborder d'une manière différente que Franquin.
Ses thèmes politiques (Kodo) vont plus loin que Franquin dans une certaine dénonciation, qrn et dictateur compris.
Ses thèmes écolo aussi. Sa vision est plus radicale que celle de Franquin.
Mais malgré tout, il n'a jamais chercher à renouveler le genre structurellement. Il s'est mis dans le cadre, et a su s'y exprimer.
C'est aussi ce qu'on fait Tome & Janry sur la plupart de leurs albums. (jusqu'à moscou)
Cette modification structurelle, en résumé, ce Spirou qui grandirait, qui serait la solution ultime, elle n'est intervenu qu'une seule fois. Jamais avant. Là, selon moi, c'est toi qui essaie d'en faire un passage obligé alors qu'il n'en est rien.
Tout ce débat ne vient que de l'envie de Tome&Janry de faire autre chose avec Spirou. Basiquement, ils ont fait du Spirou pendant 10-15 ans, et en ont eu marre, voulant faire autre chose, ne se sentant plus à l'aise dans ce cadre.
Le pb c'est d'avoir eu une envie de faire autre chose avec un personnage qui ne leur appartenait pas.
Et ils on alors commencé à toucher à la structure.
Ont-ils eu raison ? Franchement je ne sais pas. Peut-être auraient-ils fallu qu'ils arrêtent d'eux-même et assouvissent leurs envies dans un autre cadre plutôt que de condamner ce cadre qui avait un vécu avant eux, et en aura un après. ça c'est mon opinion.
Un autre point quant au renouvellement structurel du genre, c'est pour moi une question qui ne se pose plus, surtout de nos jours. Ce n'est pas une question nouvelle.
Franquin, Giraud, se la posaient déjà dans les années 70.
Yann, Conrad (et d'autres) l'ont reprise et s'y sont frotté directement, de plus ou moins fort belle manière au début des années 80 à une époque où cette question devait absolument se poser pour que la bd puisse évoluer.
Ils l'ont démonté, mis à terre, décortiqué, dénoncé. Tout a été dit, tout a été essayé.
Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Yann et Conrad sont les tenants dans leurs bds de ce genre. Ils l'ont enterré pour mieux le faire renaître de ses cendres. Et ce n'est pas fini. Il suffit de voir des séries comme Commando Colonial que ce genre a tout à fait sa place de nos jours pour une simple et bonne raison. Dans ce genre, ce n'est pas la forme qui compte. Ce ne sont pas les règles, qu'on se doit de suivre (4 bandes et cie), qui font la qualité de ce genre, c'est et ce sera toujours les thèmes abordés, l'histoire qu'on veut raconter.