Bonjour,
Barry lyndon a écrit:
Présenté comme ça, forcément, ça détonne...
Mais pour rappel, le strip du haut est tiré de la version de 1931 de Tintin au Congo, et celui d'en dessous est effectivement tiré de la refonte de 1943 à laquelle a collaboré l'ami Jacobs.
Aussi, pour remettre un peu tout ça en perspective, voici une planche de l'étoile mystérieuse publiée dans Le Soir en 1941 :
L'évolution du trait d'Hergé en une seule petite décennie est notable et permet de mieux resituer le travail de "modernisation" opéré par Hergé tout le long de 1943, notamment sur "Congo" et "Amérique" pour les changements les plus spectaculaires.
On peut aussi déjà juger la qualité de son travail sur cette planche de Jo Zette et Jocko parue en 1936 :
Pour en revenir aux studios proprement dits, Goddin explique rapidement quelles étaient les tâches des différents acteurs dans "
Comment naît une bande dessinée". En gros, pendant qu'Hergé "planche" sur les crayonnés et la mise en forme des pages, ses collaborateurs préparent en parallèle la documentation, les repérages, les croquis des différents éléments de décor susceptibles d'intervenir au cour du récit. Il y a aussi des intervenants qui bûcheront sur des aspects plus spécifiques, comme par exemple les appareils, les avions, etc. Grosso modo, depuis l'Affaire Tournesol, Hergé sépare crayonnage et encrage, les deux ne se faisant plus sur la même planche. Beaucoup de décalque, etc.
Bref, un vrai travail d'équipe. Goddin spécifie bien qu'il est difficile de dire qui a vraiment fait quoi dans le résultat final.
Toutefois c'est bel et bien Hergé qui mène la barque, dresse la mise en page préliminaire, les crayonnés, les attitudes...
D'ailleurs, sur le processus de création chez Hergé, je renvoie à "
Hergé et les Bigotudos", du même Goddin.
Il faut dire aussi qu'entre 1950 (L'or Noir) et 1960 (Coke en Stock), 11 albums sont sortis, dont des refontes de Jo et Zette, de Popol et Virginie. C'est beaucoup pour un seul homme. Sans parler des produits dérivés, comme on dit aujourd'hui, ou des illustrations à faire pour le journal, des pubs, des événements, etc.
Du coup je ne comprends pas trop la polémique. Je ne vois pas en quoi cette répartition du travail pose un problème, surtout dans un contexte de prépublication dans un journal, avec des délais à tenir. Que je sache, au Japon il est très fréquent qu'un auteur soit entouré d'assistants pour l'encrage, les décors... puis ils prennent éventuellement leur envol.
Il est vrai que certains collaborateurs d'Hergé sont restés des décennies au studio et que ça a pu engendrer des amertumes, des frictions. Mais ça, difficile de savoir exactement comment tout le monde a vécu toutes ces années.