Morti a écrit:D'accord avec toi et ça me fait même pense à une chose : est-ce que vraiment, les dessinateurs des années 30-40-50 n'auraient pas pu dessiner comme ceux d'aujourd'hui ?
Qu'est-ce qui a changé tellement le style ?
Est-ce une question d'influence, de talent ?
Et pourquoi subitement on a vu apparaître des gars qui dessinaient comme personne avant eux ?
Je crois aussi que le public franco-belge de l'époque n'était peut-être pas prêt à "avaler" ce que le public américain (par exemple) consommait allègrement depuis des décennies. Peut-être parce que la "figuration narrative" visait ici essentiellement la jeunesse (d'où les lois de protection évoquées ci-avant) et que la BD était considérée comme une sous-culture (les "illustrés"en opposition aux "livres d'images" type Bécassine ou Babar). Le dessin était souvent figé et c'est le texte qui donnait le sens de l'histoire à grand coup de tartines d'explications sous une vignette unique. La grosse innovation, à mon avis, vient du fait qu'à un certain moment, les auteurs passent à une vision plus elliptique des choses: on dit moins, on montre plus et au lecteur de faire le lien... Peut-être est-ce dû à la pénurie de comics venus d'outre-Atlantique qui a obligé les auteurs maison à se mettre au diapason des auteurs américains qui depuis belle lurette avaient compris ce que le mouvement apporte à la narration.
Pour certains, ça prend un certain temps, je pense à Jacobs dont je viens de relire "SOS météores", album pourtant daté de 1958/59, mais complètement envahi de didascalies qui finissent par être indigestes pour un "lecteur moderne".
Morti a écrit:Quant aux scénarios, je pense que la censure de l'époque limitaient quand même le genre de BD à proposer aux chères têtes blondes de l'époque.
Cela a évolué un peu dans les années 50 et puis surtout après 1968.
Un autre truc aussi. S'il y a eu des magazines réservés à une clientèle féminine dans les années 30, 40, 50,60, il n'en est pas resté grand chose côté albums, la BD étant essentiellement en direction des petits garçons. Si on parle revues de BD des années 50/60, on pense Pilote, Spirou, Tintin, voire Vaillant ou Fripounet et il a fallu attendre pas mal avant d'avoir des héroïnes dans des séries tout public. Le reste a suivi.