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planches blueberry

Le forum des collectionneurs d'originaux (planches, esquisses, dessins, etc...)

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Cette rubrique étant historiquement une rubrique très "sensible" du forum, est surveillée et modérée de très près. Nous vous rappelons que cette section est destinée à parler des originaux et non pour diffamer un tel ou une telle.

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Messagede Le Saint » 31/07/2008 21:00

Message précédent :
Ces choses là, ne vont pas aussi souvent à la poubelle que tu le crois... En tout cas en ce qui concerne Giraud. Il y a quand même pas mal de cartouches voir de demies planches inédites qui circulent. Pas mal qui me sont passées dans les mains. Mais la seule que j'ai conservé est celle ci:
http://img112.imageshack.us/img112/1366/caseinditenezcass85x8og6.jpg


[:paddyy:6] La case qui rend fou [:paddyy:6]

Technique de la hachure permettant de modeler le visage qui prend ainsi du relief.
Encrage à la plume pour un trait plus riche et plus précis.
Utilisation simultanée de la technique des aplats et des hachures
Mise en exergue du relief au dépend du cerné

Bref en une case, tout le talent du Maître [:flocon:3]
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Messagede Cobalt 60 » 01/08/2008 09:24

Encrage au pinceau, comme tous les Blueberry. La plume est réservée aux travaux de Mœbius.
Eh oui, ça tue de savoir que Nez Cassé a été réalisé au pinceau. Mais en réalité, quand on sait s'en servir, le pinceau peut être plus précis que la plume.
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Messagede jfmal » 01/08/2008 09:33

Encrage au pinceau, comme tous les Blueberry. La plume est réservée aux travaux de Mœbius.
Eh oui, ça tue de savoir que Nez Cassé a été réalisé au pinceau. Mais en réalité, quand on sait s'en servir, le pinceau peut être plus précis que la plume.

Ce n'est pas aussi tranché que ça.
Certes, c'est la pinceau qui est pricipalement utilisé par Giraud pour dessiner Blueberry, mais il n'hésite pas non plus à prendre la plume pour les parties les plus fines... Je pense que c'est le cas sur cette case.
Et puis il y a bien sur le cas de l'album "La tribu fantome" entièrement réalisé à la plume, si ce n'est quelques coups de pinceau pour les rehauts de noir.
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Messagede Le Saint » 01/08/2008 09:53

Je précise mes écrits.
Je ne dis pas que pour cette case il y a eu uniquement utilisation d'un encrage à la plume.
Mais l'utilisation de l'encrage à la plume en complément du pinceau notamment pour accentuer l'effet relief.
Selon moi, pour cette case, Jean Giraud a utilisé plume + pinceau.
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Messagede jfmal » 01/08/2008 10:00

Selon moi, pour cette case, Jean Giraud a utilisé plume + pinceau.

D'accord avec toi :ok:
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Messagede Cobalt 60 » 01/08/2008 11:08

Plume et/ou pinceau, seul le propriétaire (où l'auteur) de l'original pourrait nous le confirmer. La plume laisse une marque, une griffe dans le papier, assez reconnaissable.
Dans le cas présent, je pencherai pour du tout pinceau, mais je peux m tromper. Il ne faut pas se fier à la finesse de certains traits (sous les yeux par exemple), ils peuvent aussi être obtenus avec un pinceau pour qui sait bien le manier.
Un contre-exemple : Giraud m'avait bluffé un jour chez Stardom première époque. Il y avait des grands formats de Mœbius. En voyant les variations de traits et la taille des dessins (format raisin), j'étais persuadé que c'était du pinceau, en fait, non. C'était de la plume.
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Messagede Le Saint » 01/08/2008 11:18

Plume et/ou pinceau, seul le propriétaire (où l'auteur) de l'original pourrait nous le confirmer. La plume laisse une marque, une griffe dans le papier, assez reconnaissable.
Dans le cas présent, je pencherai pour du tout pinceau, mais je peux m tromper. Il ne faut pas se fier à la finesse de certains traits (sous les yeux par exemple), ils peuvent aussi être obtenus avec un pinceau pour qui sait bien le manier.
Un contre-exemple : Giraud m'avait bluffé un jour chez Stardom première époque. Il y avait des grands formats de Mœbius. En voyant les variations de traits et la taille des dessins (format raisin), j'étais persuadé que c'était du pinceau, en fait, non. C'était de la plume.


Ton post me fait penser à une vidéo sur youtube où Jean Giraud est en train d'encrer une case de Blueberry avec utilisation d'un pinceau.
Je te rejoins tout à fait sur la finesse de certains traits qui peuvent être obtenus par la virtuosité d'une main experte.
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Messagede jfmal » 01/08/2008 13:13

Plume et/ou pinceau, seul le propriétaire (où l'auteur) de l'original pourrait nous le confirmer. La plume laisse une marque, une griffe dans le papier, assez reconnaissable.

J'ai scruté l'original sous toutes ses coutures... Pas de traces de griffures comme peut parfois en laisser une plume sur le papier. Il est effectivement possible que seul un pinceau ait été utilisé. Ce qui révèle une technique redoutable. D'autant plus que ce bout de case n'est vraiment pas grand (8x8cm), ce qui rend la performance plus impressionante encore. C'est vraiment d'une précision diabolique!
Il faut dire que ce dessin de Nez cassé date de 1977, moment ou Giraud est techniquement au top. Ce dernier m'a d'ailleurs confié assez récemment à propos de cet album, qu'il y avait là des dessins qu'il serait aujourd'hui absolument incapable de produire.
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Messagede Le Saint » 01/08/2008 13:31

:shock: :shock:

Merci pour ces précisions.
Giraud est encore plus fort que je ne le pensais [:flocon:3]

Plus le temps passe, plus je suis admiratif de son travail et ses originaux me donnent un plaisir sans cesse renouvellé [:paddyy:6]
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Messagede Cobalt 60 » 01/08/2008 13:36

Pour confirmer la virtuosité de Giraud au pinceau, on peut aussi penser aux albums de la "Mine" et du "Spectre", eux aussi réalisés avec cet instrument !
Mais le plus bluffant à mon avis, est la vibration que Giraud parvient à donner à sont trait quand il utilise un outil aussi austère que le rapidographe. Il se sert d'un Staedler 0,1 première génération, un machin qui bouche toute les dix minutes. Je ne sais pas comment il fait, mais il parvient à insuffler de la vie au tracé de cet instrument d'architecte sans même avoir besoin de revenir sur son trait comme le faisait Hermann par exemple du temps des premiers Jeremiah.
Il le tient d'une façon très particulière et on voit que l'engin caresse la feuille de sa pointe, sans l'accrocher, comme en suspension. A sa manière, Giraud est artiste zen. Il transforme n'importe quel outil en prolongement naturel de sa main et de son cerveau.
Il n'est que de voir ses mises en couleur sur palette graphique, notamment son portrait de Jodo en couv d'un numéro de DBD. On croirait une gouache réalisée au pinceau, tout en croisillons. Il faut vraiment observer attentivement pour se rendre compte que c'est un travail réalisé à l'ordinateur. Y a pas à dire, ce type est un extra-terrestre.
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Messagede Le Saint » 01/08/2008 13:49

Pour confirmer la virtuosité de Giraud au pinceau, on peut aussi penser aux albums de la "Mine" et du "Spectre", eux aussi réalisés avec cet instrument


Pour ceux qui ont eu la chance de voir quelques planches de ces 2 albums, on ne peut que confirmer.
J'ai le grand TT bleu et je dois dire que c'est un des TT que je regarde le plus.
Je ne lis même plus l'histoire. J'ouvre au hasard et je regarde une planche voire plusieurs.
Et je rêve....Mon shout à moi [:paddyy:6]
J'ai presque constamment des TT de Blueberry à porter de main

Mais le plus bluffant à mon avis, est la vibration que Giraud parvient à donner à sont trait quand il utilise un outil aussi austère que le rapidographe. Il se sert d'un Staedler 0,1 première génération, un machin qui bouche toute les dix minutes. Je ne sais pas comment il fait, mais il parvient à insuffler de la vie au tracé de cet instrument d'architecte sans même avoir besoin de revenir sur son trait comme le faisait Hermann par exemple du temps des premiers Jeremiah.
Il le tient d'une façon très particulière et on voit que l'engin caresse la feuille de sa pointe, sans l'accrocher, comme en suspension.


As tu lu ce que tu écris ? As tu vu Giraud en action ? As tu une vidéo ?
Tu attises ma curiosité.


Il transforme n'importe quel outil en prolongement naturel de sa main et de son cerveau


[:flocon:2] C'est tout à fait celà.
Dans un style complètement différent, tous les auteurs qui ont connu Franquin parlent de Franquin avec à peu près les mêmes termes
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Messagede Cobalt 60 » 01/08/2008 14:19

Oui, bien sûr que j'ai vu le Maître plusieurs fois en action. La dernière c'était au cours d'une dédicace sur un portfolio avec son Staedler tout pourri.
Comme je venais de terminer une illustration quelques jours plus tôt avec un rapidograph Mécanorma neuf qui bouchait à intervalle régulier, ce qui me rendait fou, je lui ai demandé s'il avait les mêmes soucis avec son Staedler d'ancêtre. Il m'a répondu que non (j'en ai aussi de la même marque avec les mêmes problèmes).
Quand j'ai vu comment il l'utilisait, j'ai compris. Il a une façon aérienne de tenir le stylo, totalement dans la décontraction et la continuité du geste, avec une énergie calculée. Aucune contraction nulle part. C'est ce qui donne la vie à son dessin : fluidité et concentration. Exactement comme les calligraphes japonais ou chinois. Et comme eux, le geste est d'une précision absolue : il commence et s'arrête là où il faut, c'est sans bavure, net, contrôlé et décontracté, la maîtrise et l'abandon dans le même temps. Comme il le disait dans une interview, c'est le travail de toute une vie.
Il faut accepter d'être un nain.
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Messagede Le Saint » 01/08/2008 14:32

Un vrai plaisir de te lire :ok:
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Messagede Busch » 01/08/2008 14:33

Pour le Saint:



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Messagede Le Saint » 01/08/2008 14:38

Si c'est du Youtube, je ne verrais rien.
Mais je te remercie de ta délicatesse.

La sécurité veille... :siffle:
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Messagede Busch » 01/08/2008 14:40

Va faire une visite au service informatique :siffle:
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Messagede jfmal » 01/08/2008 15:13

Oui, bien sûr que j'ai vu le Maître plusieurs fois en action. La dernière c'était au cours d'une dédicace sur un portfolio avec son Staedler tout pourri.
Comme je venais de terminer une illustration quelques jours plus tôt avec un rapidograph Mécanorma neuf qui bouchait à intervalle régulier, ce qui me rendait fou, je lui ai demandé s'il avait les mêmes soucis avec son Staedler d'ancêtre. Il m'a répondu que non (j'en ai aussi de la même marque avec les mêmes problèmes).
Quand j'ai vu comment il l'utilisait, j'ai compris. Il a une façon aérienne de tenir le stylo, totalement dans la décontraction et la continuité du geste, avec une énergie calculée. Aucune contraction nulle part. C'est ce qui donne la vie à son dessin : fluidité et concentration. Exactement comme les calligraphes japonais ou chinois. Et comme eux, le geste est d'une précision absolue : il commence et s'arrête là où il faut, c'est sans bavure, net, contrôlé et décontracté, la maîtrise et l'abandon dans le même temps. Comme il le disait dans une interview, c'est le travail de toute une vie.
Il faut accepter d'être un nain.

Tu en parles très bien :ok:
Effectivement Giraud est un virtuose du dessin, au sens litteral du terme.
Effectivement sa pratique du dessin relève tout à fait d'un art martial.
Nous sommes en présence de quelqu'un qui est né avec un énorme don naturel (cf les commentaires que faisait jijé sur son jeune disciple), puis qui a consacré sa vie à la pratique du dessin.
Ce qui fait qu'à 70 ans on peut réellement le considérer comme un MAITRE.
Mais le talent de Giraud ne s'arrète pas là. Il n'est pas qu'un formidable technicien. C'est en plus quelqu'un à l'imagination féconde. Un véritable créateur d'univers.
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Messagede Cobalt 60 » 01/08/2008 16:26

Le Saint et Jfmal, merci.
Je me suis permis de parler un peu technique parce que le Saint m'a donné l'impression d'être intéressé par ce type d'approche, ce qui est mon cas aussi.
Mais je suis d'accord qu'on ne peut limiter l'immense talent de Giraud à ce seul aspect qui serait réducteur. Tous ses suiveurs graphiques, pour doués qu'ils soient ne parviennent pas à égaler son inventivité. Là, il est tout en haut et comme tu le dis : c'est un véritable créateur d'univers. A 70 ans, il peut en remonter aux jeunots. A preuve son nouveau Garage Hermétique, du tout grand Mœbius.
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Messagede bluebandco » 01/08/2008 17:17

Merci à vous pour cet excellent moment de lecture ... j'y ai appris plein de choses ...me confortant dans le fait que Gir est un monstre, un génie ...
Je suis tout à fait d'accord avec vous ! Il y a quelque chose de "mystique" dans son oeuvre ... son trait est toujours juste et pure ...la comparaison avec l'art japonais est d'une très très grande justesse :ok: :ok:
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Messagede Cobalt 60 » 01/08/2008 22:25

Allez, puisque cela a l'air de plaire, et que j'ai un peu de temps, je continue sur ma lancée (il n'y a vraiment qu'ici que je peux pondre ce genre de texte).

Ce qui est particulièrement remarquable dans le dessin de Jfmal, c'est que nous avons là un parfait résumé des techniques de Gir au pinceau : la gamme quasi complète de son vocabulaire graphique en matière de hachures. (1)

Voyons cela de plus près.

La technique d'ombrage

• Effets en dents de peigne pour "fondre" les aplats noirs dans le blanc du papier afin de casser le tranchant du contour, par exemple sur la pommette à gauche du nez. Une technique très utilisée par les encreurs américains.
On retrouve cet effet dents de peigne sur le contour inférieur de la mâchoire afin d'atténuer le retour de lumière qui, sans cela, aurait la même intensité que les hautes lumières des pommettes. Ce qui, par définition, est impossible pour un retour de lumière, comme nous l'ont enseigné les maîtres de la Renaissance (2).

• Hachures dans le sens du volume avec épaississement final : on appuie un peu plus sur le pinceau à la fin de chaque hachures. Exemple, la partie droite du nez ou encore, de façon plus appuyée, la surface ombrée de la mâchoire sous les rouflaquettes. De la hachure à 45° typique de la gravure classique, dont Gir s'est toujours réclamé. Toujours dans cette surface, on trouve une sous-couche de hachures dans le prolongement de celles des pommettes. Les croisillons ainsi superposés donne une densité en même temps qu'une certaine légèreté à l'ombre, définissant ainsi une demi-teinte qui vient se fondre dans le noir situé juste en dessous, avant le retour de lumière. C'est le procédé classique du dégradé, traduit ici avec une totale économie de moyens. Le visage de Blueberry est baigné d'une lumière et d'un jeu d'ombres d'une incroyable complexité, sans aucune faute.
L'effet des hachures en dégradé sur le nez est coincé entre l'arête du nez, très marquée, et une ombre portée sur la droite. L'ombre portée est toujours plus dense que l'ombre locale, car cette dernière subit une petite réflexion de la lumière qui frappe la surface voisine au-delà de l'ombre portée. (3) On s'en rend très bien compte lorsque l'on cligne fortement des yeux sur ce dessin (ou sur tout autre, ou dans la nature). Une fois encore, tous les maîtres de la Renaissance et leurs héritiers ont joué avec délectation de cette loi de la perspective.

• Des hachures avec épaississement localisé. Là, Gir a repassé sur chaque trait pour donner une petite épaisseur en milieu de hachure. On le voit sur la pommette. Cette technique présente un avantage : elle donne une ombre locale en milieu de surface de façon très douce. Il serait difficile de la représenter sans l'emploi de moyens plus sophistiqués tels que l'insertion de points, ou de micro hachures perpendiculaires insérées entre chaque hachure. Gir utilise cette technique lourde fréquemment, mais dans le cas présent elle aurait brisé l'unité graphique très enlevée du dessin. C'est là un choix dicté par une logique artistique intuitive mûrie par des années d'expérience. Un débutant se serait sans doute laissé prendre au piège du beau dessin en en rajoutant inutilement.

• Au passage, on admirera l'interruption des hachures pour suggérer par la lumière : les sillons des rides autour des yeux et de la bouche, la micro lumière sous l'aile droite du nez. Là aussi, c'est la cohérence de l'écriture graphique qui suggère cette solution, inutile de surligner outre mesure ce genre de détail en lui consacrant une technique spécifique qui alourdirait le dessin.

La technique de représentation

• Des hachures "figuratives", comme celles qui représentent les poils de la barbe. Elles ne sont pas posées n'importe comment. On voit bien qu'elles suivent l'implantation naturelle des poils.

La technique expressionniste

• De larges coups de pinceau enlevés à l'arrière-plan et dans les cheveux pour contraster avec le côté appliqué des hachures et donner un "fond". Une volonté que l'on retrouve dans les hachures du cou, beaucoup plus grossières, bien que suivant, telles des courbes de niveau, l'architecture des muscles. Gir utilise parfois cette approche complémentaire de visages travaillés avec soin et d'une technique plus relâchée, mais toujours juste, pour son environnement. C'est une manière de créer un focus sur ce qui est réellement important dans l'image et de faire glisse le regard sur le reste. David employait la même méthode dans ses portraits peints. Son élève le plus doué, Ingres, l'a appliqué systématiquement dans ses sublimes portraits au crayon.

• Un cerné par la lumière irréaliste qui permet au visage de se découper sur le fond.


Nous avons donc là un dessin d'un artiste en pleine possession de ses moyens, dont chaque choix graphique obéit à une sensibilité développée à l'extrême, sensibilité à la matière, à la lumière, à la composition, au soucis du détail, le tout figuré avec grâce et légèreté. A aucun moment on ne sent le labeur, chaque trait est habité, les hachures sont posées avec naturel et énergie, rien à voir avec la froide perfection mécanique des graveurs du 19ème siècle. Ce dessin a sans aucun doute été réalisé avec rapidité.
L'humanité touchante de Blueberry éclate dans ce dessin avec ses rides, ses yeux fatigués, le poids des ans.

Cette case est pur chef-d'œuvre de quelque cm2, un concentré de sensations qui se savourent comme un menu trois étoiles, avec cette différence qu'on peut renouveler l'expérience, on y trouvera encore d'autres choses.
Jfmal, tous mes compliments. Je t'envie sincèrement de posséder une telle pièce.



(1) Manquent la micro hachure/point qu'on retrouve, par exemple, sur tout l'album Angel Face. Mais, à l'époque, on était en pleine explosion Moebiusienne. De ce point de vue, Nez Cassé est à prendre comme un retour aux sources Giresque.

(2) Ce n'est pas parce qu'un dessin est en noir et blanc qu'il est dépourvu de couleur. Une surface émet et reçoit des ondes de lumière par réfléchissement et absorption. Il y a une interaction colorée permanente entre ses surfaces voisines, chacune prenant un peu de l'autre.

(3) En principe, le réfléchissement est plus "'intense" à proximité de l'ombre portée. Ici Gir inverse le dégradé pour garder la cohérence de lumière, à savoir une orientation de la source lumineuse qui vient de la gauche. D'après mes observations, Gir enfreint rarement cette règle. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder la façon dont il représente les murs écrasés de soleil. Il dégrade toujours ses hachures dans le bas des murs, là où commence l'ombre portée. Le non respect des règles ou leur détournement est ce qui fait les grands artistes.
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Messagede tavern » 01/08/2008 22:33

Cette case est pur chef-d'œuvre de quelque cm2


Et ton texte est un chef d'oeuvre d'érudition !
Tout ce que tu dis est vrai, mais pour réussir à l'exprimer de manière aussi claire, on sent aussi que tu n'es pas un débutant ! Franchement, chapeau !
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