Pendant ce temps, à Marseille.
L'intro d'un article Mediapart qui fait "3 pages". Ca montre bien la mise en tension subite du système.
Marseille (Bouches-du-Rhône).– Comme au printemps dernier, le pouls du pays bat dans les services de réanimation. Et le battement s’affole : la France a compté, le 21 octobre, 41 593 contaminations dans une seule journée, 1 754 nouvelles hospitalisations, 284 nouvelles admissions en réanimation, 138 nouveaux décès. Tous ces chiffres sont croissants et dessinent une nouvelle vague épidémique.
Les évacuations de malades du Covid-19 ont repris, des hôpitaux saturés d’Auvergne-Rhône-Alpes vers ceux de la Nouvelle-Aquitaine, moins surchargés. Seulement, à la différence du printemps, très peu de régions ne sont pas en tension.
À l’hôpital de la Timone à Marseille, le plus grand de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les services de réanimation poussent les murs. La réanimation polyvalente compte 20 lits en temps normal. La semaine dernière, elle a gagné 12 lits supplémentaires, puis encore 10 lits de plus depuis jeudi dernier. Et l’ouverture de 12 nouveaux lits de réanimation est prévue la semaine prochaine. Ce sont autant de « réanimations éphémères ».
C’est, en réalité, à tous les étages du vaste bâtiment médico-technique de l’hôpital Timone 2 – il héberge les urgences, les blocs opératoires, l’imagerie et les réanimations de l’hôpital – que s’activent, au milieu des cartons, les personnels administratifs, techniques ou soignants pour créer de nouveaux lits pour les malades du Covid-19. Il y a normalement 109 lits de réanimation à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), il devrait y en avoir 160 la semaine prochaine. Dans les Bouches-du-Rhône, 56 % des lits de réanimation sont occupés par des malades du Covid-19, qui cohabitent avec les autres malades à un niveau de saturation déjà très élevé.
Le Covid est en train de ronger l’hôpital. Mardi et mercredi à Marseille, 15 des 20 lits de la réanimation polyvalente étaient occupés par ces malades. Dans les 5 autres lits, il y avait des victimes d’accidents de la route ou d’anévrisme, des convalescents d’une opération neurochirurgicale ou d’une greffe cardiaque. Vendredi, la réanimation n’avait plus rien de polyvalente : elle était tout entière réservée au Covid-19, les autres malades étant envoyés dans d’autres services.
Pour eux, l’hôpital manque déjà de places. Les opérations qui nécessitent une réanimation sont déprogrammées, si elles ne sont pas jugées urgentes par un conseil des médecins de l’hôpital. La semaine prochaine, l’AP-HM s’est fixé un objectif de déprogrammation de 25 %.
Cette situation est anormale, insiste le professeur Lionel Velly, numéro deux du service de réanimation polyvalente de la Timone : « Cela fait vingt-cinq ans que je fais de la réanimation, je n’avais jamais vu une unité entièrement occupée par une seule maladie. »