(troisième et dernière livraison d'Easter Eggs
)
7 : L'AFFAIRE MORANp 3 : La partie de cartes, le nom des joueurs etc., tout cela vient de la nouvelle "La Maison Vide", dont nous avons entremêlé l'intrigue avec notre histoire, afin de pouvoir y intégrer nos héros, agissant en quelque sorte "en coulisses" de la nouvelle de Conan Doyle.
p 4 : Revoilà donc le Merry Minstrel (voir tome 3, après sa reconstruction), futur QG de nos héros...
p 5 : En dernière case, Scabs (qu'on ,'avait pas revu depuis la mort de Bloody Percy, au tome 4) affiche clairement une allure de "Bloody Percy Junior"...
p 9 : L'arme utilisée par Moran est le fameux "fusil à vent" évoqué dans "La Maison Vide" (une arme à air comprimé, d'une efficacité impressionnante - et très "iconique").
p 11 : Le légiste est le sosie du professeur Litefoot, personnage secondaire d'un épisode-culte de "Doctor Who" datant de 1977 et se déroulant à Londres dans les années 1890... Les "balles à pointe tendre" évoquées par le personnage sont mentionnées dans "La Maison Vide".
p 16 : Tom torse nu... une première !
p 18 : Le joueur de guimbarde (et étrangleur professionnel) est, lui aussi, évoqué dans la nouvelle de Conan Doyle, dans laquelle cet instrument de musique est désigné par son surnom de "Jew's Harp" (parfois traduit de façon littérale...
)
p 22 : L'énorme couteau du Colonel est un kukri, l'arme emblématique des fameux Gurkhas - rappelons que le personnage est un grand chasseur de fauves ayant séjourné en Inde et dans sa région... Le choix nous a donc paru logique !
p 26-27 : Le tour de souplesse de Tom est un véritable exploit- mais réalisable, si l'on possède une agilité de contorsionniste (ce qui est le cas de notre monte-en-l'air).
p 35 : Première apparition de l'infirmière Miss Gannon et du constable Watkins, que nous retrouverons par la suite... A noter que le nom de Miss Gannon et l'adresse de son dispensaire (Bramwell Street) est un hommage et un clin d'oeil à l'excellente série TV britannique "Bramwell", qui raconte la vie d'une femme-médecin dans l'East End, dans les années 1890... série créée par une certaine Lucy Gannon.
p 46 : Le stratagème du buste de cire provient de "La Maison Vide" (mais nos héros n'y font bien évidemment aucune apparition). Dans la nouvelle, Holmes attribue sa création à un certain "Oscar Meunier de Grenoble", sans plus de précision. Il nous a paru amusant de lier ledit buste au mannequin de Holmes du musée Madame Tussaud, vu dans le tome 5...
p 53 : Ici, on laisse entendre que le "Club Diogène" pourrait bien n'être qu'une façade pour une branche des services secrets de la Couronne... Cette idée fort séduisante (compte tenu du caractère particulier de ce club) est évoquée dans plusieurs sources apocryphes, comme l'excellent film de Billy Wilder, "La Vie Privée de Sherlock Holmes"
p 54 : La conversation de Holmes et de Watson est une série de clin d'oeil à Conan Doyle; elle explique notamment pourquoi le docteur va devoir attendre plusieurs années avant de pouvoir publier son récit... et montre aussi "l'invention" des voyages de Holmes durant le Grand Hiatus (voir postface du tome 5).
P 55 : Scabs jure qu'on entendra de nouveau parler de lui... Qui sait ?
P 56 : La dernière case montre les nouvelles recrues des Francs-Tireurs (issues de la bande de Scabs) - et le fait que ce "briefing" ait lieu devant le Merry Minstrel est aussi une allusion au fait que, dans le tome suivant, nos héros vont y installer leur nouveau repaire...
8 : LES MAÎTRES DE LIMEHOUSE P 3 : Ah, Limehouse et ses fumeries d'opium... un élément "incontournable" mais plus complexe qu'on ne pourrait le croire de prime abord. Elles sont déjà évoquées par Dickens dans son roman-feuilleton inachevé,
Le Mystère d’Edwin Drood (1870); dans
Le Portrait de Dorian Gray, paru en 1891, Oscar Wilde évoque également ces « opium dens », « tanières d’horreur » où l’on peut « acheter l’oubli »... Mais aujourd'hui, les spécialistes de l’histoire de Londres sont partagés quant à leur existence réelle : pour certains, de tels lieux étaient aussi répandus à Londres qu’ils l’étaient alors à Paris ou à San Francisco ; pour d’autres, les fumeries londoniennes n’auraient existé que dans l’imagination des lecteurs et des auteurs de littérature à sensation. Il s'agit là d'une question purement londonienne car l'existence de tels endroits dans des villes comme Paris ou New York, à la même époque, est tout à fait documentée, y compris photographiquement. Jusqu'à une date récente, en revanche, on ne connaissait aucune photo incontestable d'une fumerie d'opium londonienne à l'époque victorienne - mais absence de preuve n'est pas preuve d'absence ! Depuis peu, quelques photographies ont été découvertes mais leurs origines restent sujettes à débat de spécialistes. Une chose est sûre : dans le Londres de Sherlock Holmes, de tels endroits existent bel et bien, puisque Holmes lui-même visite un de ces lieux de perdition (situé, bien entendu, dans l’East End) dans l’aventure de
L’Homme à la Lèvre Tordue. . (désolé, c'est un peu long - à l'origine, j'avais écrit une postface d'une page sur ces sujets...
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p 4 : L'affaire de "l'assassin du boulevard" parisien fait partie de ces enquêtes simplement évoquées par le Dr Watson / Conan Doyle mais jamais racontées en détail... Elle nous fournit ici un excellent prétexte pour éloigner Holmes de Londres mais elle montre aussi que, depuis la fin du Grand Hiatus, Holmes traite avec des clients de plus en plus prestigieux et internationaux (ici, la sûreté parisienne)
p 7 : case 5 : "Cleaver", le surnom du lieutenant de Gurney, signifie "hachoir" (son arme emblématique)
p 8 : L'inspecteur Hopkins fait partie des personnages secondaires du "canon"; c'est un policier plus jeune que Lestrade, très réceptif aux méthodes de Holmes et auquel ce dernier semble vouer une estime réelle. En case 5, la réflexion de Holmes sur le "nain cannibale des îles Andaman" est une référence / un clin d'oeil au "Signe des Quatre".
p 9 : La lutte pour l'interdiction de l'opium fut une véritable croisade... couronnée de peu de succès. Voici un autre extrait de ma postface abandonnée
(désolé si c'est un peu long) :
L’Opium et les VictoriensAu-delà du débat d’historiens sur la réalité des fumeries de Limehouse, l’opium faisait partie de la réalité victorienne. Aussi difficile que cela soit à imaginer aujourd’hui, cette drogue (pratiquement en vente libre jusqu’en 1868) était consommée de façon massive, sous toutes sortes de formes (comme le laudanum) et dans tous les milieux ; elle était présente dans d’innombrables remèdes et produits pharmaceutiques, comme « antidouleur » et même dans des solutions « calmantes » destinées aux jeunes enfants.
A partir de 1868 et du « Pharmacists Act », le gouvernement de Sa Majesté restreignit la vente de l’opium aux seuls pharmaciens habilités ; ce commerce plus étroitement contrôlé fit chuter de façon significative le nombre de décès liés à l’opium, mais ne mit en aucun cas fin à la consommation d’opium – qui, en devenant plus clandestine, devint aussi plus difficile à surveiller. L’opium était là pour rester ; il faudra attendre 1912, avec la Commission Internationale de l’Opium, et 1920, avec le Dangerous Drug Act, pour que l’opium entre pleinement dans la catégorie des drogues illicites…
Mais revenons à l’époque de nos héros. En 1893, une très importante Commission de l’Opium fut réunie à la demande de la Reine Victoria elle-même, suite aux nombreuses campagnes menées par d’inlassables adversaires de cette drogue qui, comme notre révérend Powell, réclamaient l’arrêt sans condition du commerce de l’opium à destination de la Chine – où la drogue faisait d’épouvantables ravages.
A l’époque victorienne, le commerce (et non le trafic) d’opium en Orient était en effet une affaire d’état. Suite aux deux guerres de l’opium (1839-1842 et 1856-1860), les Britanniques étaient parvenus à imposer à la Chine le commerce de la drogue – une drogue provenant pour l’essentiel de l’Inde, joyau de l’empire colonial britannique. Durant les décennies qui suivirent, ce juteux négoce permit de bâtir bien des fortunes et fut plus d’une fois « défendu » par la force, au moyen d’expéditions punitives aussi épouvantables que celle vécue par May dans son enfance. Comme le rappelle le révérend Powell dans son vibrant discours, c’est toute une nation qui fut ainsi livrée à l’épouvantable esclavage de l’opium, avec tout son cortège d’horreurs et de drames.
En 1895, sans doute peu de temps après la fin de l’histoire que vous venez de lire, la fameuse Commission royale rendit son rapport. Le verdict fut sans appel : il n’y avait aucun motif valable pour suspendre le commerce de l’opium en Chine… et toutes les raisons de le poursuivre. Le débat était clos – au moins pour quelque temps…p 10 : Où l'on découvre la nouvelle vocation de Charlie - cette scène établit aussi un "pont" entre le tome 7 (où Charlie avait déjà confié son "envie de raccrocher") et le tome 9 (centré sur ses débuts de chanteuse...)
p 19 : en case 6, le dialogue Charlie/May reflète une réalité historique : l'absence quasi-totale (voire totale) de femmes chinoises dans la "communauté" londonienne à cette époque. En 1894 (date de notre récit), le quartier chinois de Londres ne comptait que quelques centaines d’habitants – une population presque exclusivement masculine, composée pour la plupart d’honnêtes travailleurs sans le moindre lien avec une quelconque confrérie secrète… à cela s'ajoute les nombreux marins chinois, malais (les fameux "lascars") etc. de passage. Après 1900, la population chinoise de Londres va augmenter de façon notable – et avec elle l’obsession du « Péril Jaune », qui trouvera une de ses expressions les plus frappantes dans la série de romans consacrés au diabolique Docteur Fu Manchu, écrits par Sax Rohmer à partir de 1912 et source de nombreux clichés racistes sur le "Londres oriental"...
p 21 : case 7 : "Romano et Juliette", "coup de fouet" pour "coup de foudre"; Charlie est un peu la spécialiste de ces approximations langagières (cf. son "bouquet-misère" pour "bouc-émissaire" dans le tome 2).
p 23 : en case 6, la réplique de Charlie nous renvoie à son séjour en workhouse, au tome 4
p 26 : en case 5 : trancher la natte d'un Chinois était un acte de violence raciste typique de cette époque - et constituait, pour la victime, une atteinte autant spirituelle que physique.
p 29 ; Charlie métamorphosée ! Mais comme elle le dit à May en case 7 : "C'est maintenant que je suis déguisée !"
p 32-33 : La backstory de May est à re-situer dans le contexte post-guerre de l'opium et reflète les atrocités que cette forme particulière d'impérialisme commercial britannique engendra en Chine... le "scorpion écarlate" est une société secrète fictive (mais de tels groupes ont bel et bien existé)
p 35 : en case 8, la torture dite "des huit couteaux" est une tradition authentique
p 45 : une scène de rêve... une "première" dans la série.
p 53 : en case 6, l'affaire du "Ruban Moucheté" est une nouvelle de Conan Doyle (et une des enquêtes les plus frappantes de Holmes); sur la dernière case, l'allusion de Holmes à "LA femme" est une référence directe au personnage d'Irene Adler, qui lui dame le pion dans "Un Scandale en Bohème" (Watson/Doyle écrit : "Pour Sherlock Holmes, elle restera LA femme...")
p 54 : je suis l'heureux possesseur de la planche originale de cette page finale...
9: LE DRESSEUR DE CANARISComme je l'ai déjà signalé, le titre de cet album est une référence à l'une de ces fameuses affaires "évoquées mais jamais racontées" par le Dr Watson - pour l'année 1895 et en relation directe avec l'East End. Un peu incontournable, donc...
P 3 : Leurs visages restent pour l'instant dans l'ombre, mais les deux agresseurs sont les deux jeunes (ex) Mad Dogs avec lesquels nos héros s'étaient bagarrés dans le tome précédent...
p 4 : Revoilà Miss Gannon et le constable Watkins...
p 5 : Le "tueur du Vatican" : encore une de ces fameuses affaires évoquées mais non racontées (l'assassinat du Cardinal Tosca...), là encore pour 1895 (une année chargée, décidément). Un peu plus loin, le texte de la chanson interprétée par Charlie est une invention personnelle (mais totalement dans le ton de nombreuses complaintes tire-larmes de l'époque)
p 13 : case 3, la réplique de Rodney indique clairement qu'il prend Charlie pour un garçon - Charlie elle-même y fera allusion un peu plus tard...
p 16 : avant-dernière case, le nom de la troupe d'acrobates ("The Fabulous Hendersons") est un clin d'oeil à la chanson des Beatles, "Being for the Benefit of Mr. Kite", dont les paroles présentent les différents numéros d'un spectacle de cirque ("The Hendersons will all be there...")
p 17 : case 5 : oui, Charlie a (ou a eu...) une grande soeur (pour l'histoire : voir le livre "Le Monde des Quatre de Baker Street", dans la nouvelle consacrée aux origines de ce personnage). Dernière case : le laudanum faisait partie des produits pharmaceutiques de consommation très répandue; cette teinture d'opium (voir les notes sur le tome 8) devait être prise diluée, en doses infinitésimales - toute surdose pouvait être mortelle; la petite fiole donnée par Griffith à Rodney contient donc largement de quoi tuer plusieurs personnes...
p 21 : Le refrain de la chanson interprétée par Charlie est une petite référence shakespearienne (Romeo & Juliette) mais on peut aussi y voir un clin d'oeil au fait qu'elle prétend, vis-à-vis de Wilson, s'appeler "Rosie Smith" - le prénom est celui de la malheureuse gamine avec laquelle elle s'était liée dans la workhouse du tome 4 (et qui y meurt tragiquement)
p 50 : Cette fois, ce n'est pas à Holmes mais à Billy d'avoir l'honneur de se livrer au "wrap up" typique des
whodunnits. On sent que, de nos trois héros, il est clairement le futur détective professionnel...
p 55 : avant-dernière case : Blackpool est déjà, à l'époque, une station balnéaire célèbre pour ses attractions; au 20ème siècle, la ville gagnera même la réputation de "capitale britannique de la comédie"... the show must go on!
Voilà ! J'espère que ces notules vous auront intéressés. Bonne relecture
et merci de l'intérêt que vous portez à notre série !