the frog a écrit:Je viens enfin de lire Le Spirou de Schwartz et Yann, Le maitre des hosties noires
Je ne fais pas mystere que j'aime beaucoup la serie Spirou et Fantasio. Je l'ai decouverte en la lisant dans l'hebdomadaire, mon premier y fut Le gri-gri du Niokola Koba qui par chance est un des meilleurs Fournier. Je n'ai decouvert ceux de Franquin que quelques temps plus tard, mais pour moi celui-ci etait avant tout l'auteur de Gaston. Je n'ai donc pas grandi dans le culte Franquin, ni dans le culte Fournier, ni Tome & Janry, ni qui que ce soit d'autres. Quand Dupuis annonca la sortie de cette serie derivee, le principe de base etait que ce serait uniquement des one-shots signes par des auteurs reconnus dans la BD qui nous montreraient leur vision de la serie et ne signeraient qu'un seul album. Concept interessant auquel j'ai immediatement adhere. On le sait aujourd'hui, le principe de la collection n'existe plus, ainsi le scenariste Yann en a ecrit 4 titres dont ce dernier et Emile Bravo, deja auteur du meilleur titre de la collection est en train de plancher dur sur une tres longue histoire qui devrait faire pres 200 planches si ce n'est plus. En attendant, cette serie d'albums est tres inegale et leur qualite varie du tres bon au tres mauvais si ce n'est carrement mediocre. Je peux d'ores et deja vous annoncer que cet opus fait tomber dramatiquement la moyenne generale de l'ensemble des titres.
Il est la deuxieme partie de La femme-leopard qui nous avait montre un Spirou devenu alcoolique et un Fantasio plus zazou que jamais, l'action se deroulant dans l'immediate apres 2eme Guerre Mondiale, ce qui permit aux auteurs d'emmener nos heros a Paris et plus particulierement dans le quartier de St Germain des Pres ou ils croiseront Sartre et Beauvoir entre autres. Je n'ai pas relu cet album depuis sa sortie mais j'en ai garde un plutot bon souvenir si ce n'est qu'il consistait plus en une mise en place dont l'aboutissement serait ce Maitre qu'autre choses. Nous aurons donc attendu 3 ans pour se dire, tout ca pour ca! En effet, pour prendre la recette de Yann, vous prenez 1 Spirou et Fantasio, quelques savants nazis, un potentat africain assiste de son ame damnee/souffre douleur, un Congo Belge en periode post 2e Guerre Mondiale et pre-Independance, une tribu de femmes amazones africaines (?)(oui je sais mais nous sommes dans du Yann, il faut donc s'attendre a tout et a n'importe quoi), un ecureuil femelle, un fetiche, des robots, une bombe atomique, des aviateurs de la Sabena, une femme reporter americaine nommee Tallulah Bankett avec le physique de l'actrice au presque meme nom, Tallulah Bankhead, un petit indigene congolais fort debrouillard, un pere missionnaire qui tourne des films inspires de Laurel et Hardy pour les autochtones, un sorcier et une sorciere qui se detestent, une survivante d'un camp de concentration. Ouf! Il ne manque a tout cela que quelques ratons-laveurs. Vous melangez le tout aussi bien que vous pouvez de maniere a ce que tout cela tienne dans 62 planches et vous assaisonnez tout cela avec des expressions bruxelloises, congolaises et quelques jurons allemands. Donnerwetter! N'oublions pas les pincees de reference a Tintin au Congo saupoudrees ici et la. Vous donnez votre tapuscrit a votre dessinateur en esperant qu'un miracle aura lieu. Le miracle, c'est que l'editeur n'a pas fait son boulot et qu'il publie cela sans rire. Quant au lecteur, il se demande si il n'est pas de trop dans tout cela car manifestement, ce n'est pas lui qui etait vise dans l'elaboration de l'album. Je ne demandais a lire qu'une bonne histoire au moins digne du precedent en esperant qu'il soit aussi bon que le premier opus du tandem bien qu'il contenait quelques maladresses. Le GROS probleme ici est qu'il n'y a PAS de scenario construit, ce ne sont que des idees eparses et rassemblees tant bien que mal (plutot mal que bien evidemment) en un espece de Meccano qui serait tout de guingois. Je ne vais pas m'apesantir dessus car il n'y a rien d'autres a ecrire.
J'aime bien le dessin de Schwartz mais la je me demande si la lassitude ne l'a pas frappe. J'ai trouve qu'ici, il se relachait beaucoup et d'une maniere generale, son dessin est nettement moins accompli que dans les autres albums que j'ai de lui (S&F et Gringos Locos). Il y a cependant quelques oasis de grande qualite dans ce desert, ce sont les grandes cases qui sont particulierement reussies grace au fourmillement de detail qu'elles contiennent, je me suis arrete longuement sur elles. J'apprecie quand le dessinateur fait de reels efforts pour demontrer son talent d'une part et faire plaisir a ses lecteurs d'autre part, je prends celles des planche 4, 6, 8 et 39 par exemple. Il y en beaucoup d'autres. J'ai la nette impression qu'Olivier Schwartz s'est plus amuse a dessiner ces cases que le reste de l'album. Mais ce n'est pas suffisant pour sauver l'album et compenser la vacuite du scenario puisqu'il faut bien appeler ce qu'a ecrit Yann comme cela du fait de sa fonction de scenariste.
Ce n'est pas que ce soit une daube, c'est encore pire, c'est mauvais purement et simplement. Avec ce Maitre, Yann nous a bien mis.
excellent résumé , tout est dit !