Emile Bravo parle de la suite de son
Journal d'un ingénu, encore en pleine gestation :
Revenons sur votre nouvelle histoire de Spirou, si vous le voulez bien. Pourriez-vous nous en dire plus sur le scénario ?
Dans le premier album, j’expliquais comment un enfant s’ouvre au monde. Là, je raconterai comment un enfant devient le héros pour les autres enfants, mais je suis encore en pleine élaboration. Ça ne sortira pas tout de suite.
Cela se passera dans le même univers que celui du Journal d’un ingénu. C’est une suite directe. L’idée c’est de faire comprendre aux enfants ce qu’est un héros. Ceux que l’on voit dans les œuvres de fiction, cela n’existe pas. Ce sont les circonstances qui font que l’on devient un héros et surtout, ce sont les autres ! C’est dans le regard des autres que l’on est un héros, ou pas. J’essaie de démystifier tout cela. Cela ne sert à rien d’attendre le Messie dans des cas extrêmes comme dans les guerres, par exemple. Chacun de nous est confronté à ses propres responsabilités. Je pense que si nous étions un peu plus naïfs et enfantins, nous aurions un comportement beaucoup plus humain. Le problème c’est que nous évaluons toujours les risques. Ce n’est pas le cas de Spirou. C’est encore un enfant ou un jeune adolescent qui suit son cœur.
Je voulais aussi séparer l’héroïsme du cadre guerrier dans lequel on le place parfois. Ce que j’attends, moi, d’un héros, ce n’est pas qu’il prenne les armes, c’est qu’il se comporte de manière humaine parce que pour moi, c’est cela le plus important. Mon Spirou ne prend pas les armes, ne tue pas les Allemands, il sauve simplement des gens. Il est simple et accessible pour tout le monde. Selon moi, c’est pour cela qu’il est le héros des enfants depuis près d’un siècle.