@Sylvain_Runberg Alors, messieurs les auteurs ? Quelles sont les nouvelles du projet ? On aimerait avoir des infos croustillantes, histoire d'égayer ce confinement !
Pour info...La Bête du Gévaudan c'est deux siècles et demi de mystère et plus d'une centaine de victimes.
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D'abord, la "Bête" ne vient pas du Gévaudan, puisqu'on a recensé en 1763 des premières victimes à l'Est, du côté de la Drôme et de l'Isère. Un an plus tard, elle traverse les départements et se retrouve en Ardèche, à Saint-Étienne-de-Lugdarès, où elle tue une gamine de 14 ans. Première victime "officiellement" reconnue. Suivra une deuxième. Puis une troisième....
On envoie un régiment de soldats, on arme les paysans de fourches et de couteaux. La "Bête" continue à tuer. Les premières neiges arrivent. Le 31 décembre 1764, l'évêque de Mende fait un appel aux prières et à la pénitence. Pour lui, le monstre est un fléau de Dieu pour punir les gens de leurs pêchés. « J'armerai contre eux les dents des bêtes farouches », selon Moïse. La "Bête" fait un véritable carnage, elle s'en prend aux femmes et aux enfants, de jour comme de nuit, pénètre dans les villages, arrache des têtes, se balade sur ses "pattes arrières". On n'a jamais vu ça !
Les soldats sont remerciés. On fait appel à des chasseurs normands, mais ils sont vite dépassés aussi par le nombre de morts. L'étrange "Bête" leur échappe. L'affaire remonte aux oreilles de Versailles, fait sensation dans les gazettes. Le Roi Louis XV s'impatiente : les Anglais hurlent de rire et se moquent des français...Ça devient une affaire d'État, Sire !
Le 20 juin 1765, le gouvernement débarque en Gévaudan en la personne de François Antoine, sous-lieutenant de la Capitainerie royale de Saint-Germain-en-Laye, porte-arquebuse de Sa Majesté...Imaginez-le, ce gaillard juché sur son cheval magnifique, ce chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, escorté par ses serviteurs, ses chiens, et tout un tas d'officiers de la région Île-de-France ! Imaginez tous ces parisiens traverser fièrement les hameaux misérables de Lozère, sous les yeux des paysans ahuris !...Investi du pouvoir royal, « Monsieur Antoine » ne peut pas échouer dans sa mission !
Le 20 septembre, les parisiens tuent un gros loup...Où ça ? Dans les bois d'une abbaye royale, sans témoins, le jour même de la Saint Eustache, la fête des chasseurs. Comme par hasard. Plus c'est gros, plus ça passe ! On s'empresse d'embaumer la carcasse, de rédiger un procès-verbal, de payer quelques malheureux témoins. La "Bête", ou plutôt, le "pauvre loup", est envoyé à Versailles, où Sa Majesté attend de pied ferme. On tire le rideau. Officiellement, il n'y a plus rien en Gévaudan...Circulez, la "Bête" est morte.
L'automne 1765 se déroule sans aucune attaque. Les paysans commencent à croire que « Monsieur Antoine » a bien tué le monstre. Tout est calme, étrangement calme...Mais l'horreur recommence. La "Bête" finit par réapparaître, plus terrifiante que jamais. Tout le Gévaudan se sent abandonné, Versailles reste sourd aux appels et à l'agonie du petit peuple.
Petit à petit, les attaques se resserrent sur une zone bien définie : le Mont Mouchet. C'est là-haut, dans cette montagne de la Margeride, où les résistants français se battront contre l'armée allemande en 1944, que la "Bête du Gévaudan" sera tuée. Le 19 juin 1767, un vieux paysan du nom de Jean Chastel tire un coup de fusil légendaire. Le monstre est un croisement de chien et de loup, pèse 53 kg. Chastel monte la carcasse à Paris. Mais les petits bourgeois de la capitale reculent de dégoût devant l'odeur de charogne. Ah, ces parisiens !...On ordonne d'enterrer "la Bête" dans un jardin du 6ème arrondissement, et on renvoie Chastel dans la France profonde d'où il vient.
Après plus de 100 morts, le carnage cesse définitivement en Gévaudan...
“Mille millions de mille milliards de mille sabords de tonnerre de Brest ! C'est de l'eau !”