de ExtraLarge » 31/03/2010 16:12
Le déficit et la dette de la France explosent en 2009 (31/03/2010 16:48)
PARIS (AFP)
Sous l'effet de la crise et du plan de relance, le déficit public de la France a explosé à 7,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2009 tandis que la dette a bondi à 77,6% du PIB, des records historiques qui devraient encore être battus cette année.
Selon des résultats provisoires publiés mercredi par l'Insee, le déficit public (Etat, comptes sociaux et collectivités locales) aura certes augmenté légèrement moins que prévu par le gouvernement, qui tablait jusqu'à présent sur 7,9% du PIB.
Mais il est tout de même passé de 3,3% des richesses produites en France en 2008 à 7,5% l'an dernier, pour atteindre 144,8 milliards d'euros. Et il devrait encore augmenter cette année pour s'établir à 8,2% du PIB.
Le gouvernement s'est engagé à le ramener progressivement à la limite autorisée des 3% en 2013, comme Bruxelles l'exige. Mais il compte pour cela sur une croissance de 2,5% par an à compter de 2011, ce que la Commission européenne juge bien trop optimiste.
La dette publique, quant à elle, a bondi à 1.489 milliards d'euros. Après 67,5% du PIB en 2008, elle continuerait de s'envoler à 83,2% en 2010 puis jusqu'à 87,1% en 2012, avant de commencer à refluer lentement. La limite fixée par les traités européens en la matière est de 60% du PIB.
Selon un communiqué des ministères de l'Economie et du Budget, la dégradation du déficit par rapport à 2008 est "intégralement liée aux effets de la crise mondiale" qui a provoqué un effondrement des recettes fiscales et nécessité des dépenses supplémentaires pour soutenir la croissance.
Cette dégradation un peu moins mauvaise qu'attendu s'explique en partie par une "meilleure tenue des recettes" fin 2009 et par des investissements des collectivités locales moins rapides, selon Bercy.
En février, la Cour des comptes estimait que la hausse historique du déficit n'était pas uniquement due à la crise mais aussi à la gestion du gouvernement qui n'a pas maîtrisé suffisamment les dépenses pour compenser les baisses d'impôts et notamment la multiplication des "niches fiscales".
De 2008 à 2009, le déficit se creuse en effet de plus de 80 milliards d'euros sous l'impact de la forte baisse des recettes publiques (-4,3%, contre +2,6% en 2008) et de la hausse des dépenses publiques (+3,8%), souligne l'Insee.
L'an dernier, les impôts sur le revenu et le patrimoine ont ainsi baissé de 16,6%. "En particulier, par rapport à 2008, l'impôt sur les sociétés diminue de 28,6 milliards d'euros, l'impôt sur le revenu des personnes physiques de 4,9 milliards et les recettes de CSG de 2,1 milliards".
Au total, le taux de prélèvements obligatoires diminue de 1,6 point de pourcentage en 2009, à 41,3% du PIB.
Dans le détail, le déficit du seul Etat s'est aggravé de plus de 62 milliards d'euros pour atteindre 117,6 milliards, soit plus de 81% du déficit public total de la France. Parallèlement, le "trou" des administrations de Sécurité sociale s'est fortement creusé sous l'effet de la crise, passant de 900 millions en 2008 à 25 milliards l'an dernier.
De leur côté, les collectivités locales affichent un déficit de 5,6 milliards, en amélioration de 3,1 milliards par rapport à 2008. Ce déficit représente moins de 4% du total.
La question des déficits fait l'objet d'un bras de fer entre le président Nicolas Sarkozy et une partie des collectivités locales, dirigées par la gauche, qui ne s'en sentent pas "responsables".
Certains de leurs représentants avaient ainsi boycotté la première réunion de la conférence sur les déficits organisée fin janvier à l'Elysée. La deuxième session de la conférence, initialement programmée en avril, a été repoussée à la mi-mai.