La Mort de Spirou - Schwartz, Guerrive, Abitan

de **Tireg** » 31/08/2023 14:39

Message précédent :
C'est vrai, et c'est aussi la raison pour laquelle remettre un personnage comme Soda dans les années 80 a été une excellente idée. C'est moins glamour d'avoir un personnage qui regarde un écran pendant qu'un drone survole la ville à la recherche du coupable qui s'est enfui.

C'était aussi Xavier Dorison qui avait dit qu'aujourd'hui, c'était très compliqué de faire de la BD d'aventure contemporaine. Parce qu'un personnage qui est perdu au milieu de la jungle, ou échoué sur une île déserte, ça n'a plus d'enjeux dans un monde où l'ensemble du territoire a déjà été exploré (donc la rencontre de l'Autre a bien moins d'impact), et où les routes commerciales sont tellement denses qu'on ne peut pas trouver de lieu où la solitude serait totale.

Mais si c'est compliqué, ça ne veut pas dire que c'est impossible. Alors effectivement, quand un scénariste n'est pas bon (je ne vise personne non plus), ça ne peut pas fonctionner.
Et tout dépend de la construction du scénario aussi, qui n'est pas obligatoirement dépendant des nouvelles technologies. Prenons "La peur au bout du fil" par exemple, puisque l'intrigue débute par un appel téléphonique. Avec un smartphone, Spirou serait quand même chez lui pour parler à Champignac. Ca ne nuit pas à l'histoire, de même que pour beaucoup de grandes histoires. Ca peut être un outil, sans pour autant tomber dans le deus ex machina.

de **oclero** » 31/08/2023 15:02

Dunyre a écrit:Le problème d’internet et, surtout, des smartphone, c’est qu’ils ont tendance à casser le rythme des récits que ce soit en BD, film ou série.

La modernité jusqu’au téléphone portable qui servait juste à appeler à distance, c’était gérable. Mais là honnêtement, 90% des BD qui se déroulent au XXIe siècle avec un smartphone ou internet sont peu intéressantes, avec une narration hachée entrecoupée de « deus ex machina » facilités par une recherche rapide sur le téléphone du héros. Au lieu d’aller dans une bibliothèque, dans un musée, de contacter son vieille ami l’expert en antiquité, etc. le récit prend des raccourcis, qui sont certes crédibles et réalistes par rapport à notre société, mais qui ne collent pas avec la vraie Aventure.

Je ne pense pas que figer le personnage dans les années 1950 ou 1970 soit la solution, mais malheureusement comme bien souvent l’ancrage dans notre réalité fait perdre de la poésie et du rythme au récit. Quelque soit l’auteur ou le récit d’ailleurs, c’est simplement l’incompatibilité smartphone/internet qui détruit les possibilités d’action. Alors quand en plus les scénaristes ne sont pas très bons (je ne parle pas forcément dans le cas précis hein !), qu’ils préfèrent se faciliter la vie plutôt que de trouver d’autres solutions que le smartphone, cela donne des bouses comme la récente série Benjamin Gates sur Disney + par exemple (là où le premier film utilisait avec intelligence le téléphone portable, sans le défaut du smartphone).

Scorsese, dont les films de gangsters étaient très appréciés par Tome, a réussi à faire un film de gangsters haletant avec The Departed. L'usage des téléphones portables est pourtant au cœur de l'intrigue, sans divulgâcher quoique ce soit (regardez-le, Di Caprio est magistral et le scénario est hallucinant), et pourtant cela ne gêne pas le récit, bien au contraire.

Je pense que cette histoire de smartphones tous-puissants est encore une fausse excuse qu'on se donne pour penser que le personnage est figé dans les années 90 tout au plus. Non, un smartphone ne rend pas tout puissant. Utilisé correctement dans une intrigue, cela peut même devenir un frein au héros (notamment dans des histoires d'espionnage ou de double-jeu).

Spirou ne vit pas dans notre monde, mais une réalité parallèle où tout n'a pas forcément été exploré. Il reste des jungles non-couvertes par la 5G, des déserts arides, des alpinistes à aller secourir dans des montagnes abruptes, des zones sous-terraines où on ne capte pas la 5G, etc.

C'est de la paresse de dire qu'il n'est plus possible de raconter d'histoires d'aventure intéressantes dans le monde actuel.

de **Aramis90** » 31/08/2023 15:26

scorcese a juste adapté (en moins bien) un film coréen hong-kongais génial

regardez internal affairs, pour voir la version qui vaut vraiment la peine

et oui, le portable empêche pas une bonne histoire
mais faut un bon scenariste, et ça...

Galerie 2dgalleries · de **pabelbaba** » 31/08/2023 15:30

De Hong Kong plutôt que Coréen.

de **Dunyre** » 31/08/2023 15:33

Le portable n’empêche pas une bonne histoire.

Le smartphone, bien plus. Les possibilités de recherche énormes tout en diminuant le potentiel d’interactions sociales, voilà ce qui peut réduire un rythme narratif quand bien même le scénario serait de qualité. Pourquoi Spirou irait demander sa route à Tartempion au bistrot du coin ? Il a déjà le GPS. Pourquoi Fantasio partirait en reportage-photo à Verchoubleu-la-Grande alors qu’il a déjà ce qu’il lui faut sur internet, plus qu’à utiliser son ordinateur pour taper le texte qu’il enverra par mail à son rédacteur en chef.
Moins d’interactions, moins de lieux visités… et donc moins d’imprévus, moins d’impondérables, moins de sources d’ennuis et de rebondissements. Reprenez un vieux Ric Hochet ou Gil Jourdan et imaginez le smartphone dans le même récit, exactement le même sans rien changer sinon cela : il y aura forcément des passages inutiles ou incohérents (pourquoi X ou Y est allé là-bas, ce n’était pas la peine il avait son smartphone, plus besoin d’attendre pendant 6 cases que Queue de Cerise revienne pour transmettre les informations de son enquête parallèle, un sms et hop).

Et oui, il reste quelques endroits sur la planète un peu à l’écart, mais bon si pour faire un scénario d’aventure aujourd’hui il faut partir au fin fond des montagnes, des forêts, des fonds marins ou de l’Antarctique, c’est quand même le signe qu’il y a un problème…

de **Pardeilhan** » 31/08/2023 15:40

oclero a écrit: [...] Scorsese [...] a réussi à faire un film de gangsters haletant avec The Departed. L'usage des téléphones portables est pourtant au cœur de l'intrigue, sans divulgâcher quoique ce soi. [...] C'est de la paresse de dire qu'il n'est plus possible de raconter d'histoires d'aventure intéressantes dans le monde actuel.

--- Le basculement de notre société dans l'ère numérique n'empêche nullement, en effet, de créer des histoires intéressantes - quelles qu'elles soient - intégrant les technologies du changement.
Le problème - dans le cas du petit groom pétulant - est de de faire ACCEPTER au lecteur que son héros préféré - qui a pour l'essentiel toute sa carrière derrière lui - utilise lesdites technologies. Imaginez que, déjà, à l'époque des Picaros, le jean (pourtant marron !) de Tintin avait-il jeté l'effroi sur le lectorat le plus âgé du reporter à la houppette !

Comme déjà souligné plus haut, c'est la politique éditoriale chaotique de Dupuis (ou repreneurs) qui a cassé la fluidité de l'évolution du personnage. On se retrouve désormais avec un personnage dont le look d'origine est étroitement associé à une profession quasiment disparue ; et ce même personnage est, DE PLUS, l'emblème totémique de cette vieille maison d'édition qui ne sait que faire de lui depuis plusieurs décennies et que les auteurs se balancent comme une patate chaude ! (Sirou-Verse et tra-la-la) [:bru:3]

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Spirou est un agonisant bien encombrant, je pense.

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de **oclero** » 31/08/2023 16:56

Dunyre a écrit: Si pour faire un scénario d’aventure aujourd’hui il faut partir au fin fond des montagnes, des forêts, des fonds marins ou de l’Antarctique, c’est quand même le signe qu’il y a un problème…

Heu... Les endroits inconnus/mystérieux/exotiques c'est une des composantes du genre Aventure, et cela l'a toujours été. Où est le problème ?

S&F a toujours alterné entre des polars en zone urbaine, des aventures "au fin fond" de la savane, de la jungle, de la banquise, des mystères autour du village de Champignac, et des histoires d'espionnage à l'étranger (Le dictateur et le champignon, Spirou à Moscou, à New-York). Toutes ces histoires sont toujours valables, smartphone ou non. C'est un faux problème.

de **Vivi2** » 31/08/2023 19:26

L'album est annoncé pour fin d'année dans le "Journal de Spirou" de cette semaine (abonnés) ! Correction: c'est la prépublication, mais l'album devrait suivre rapidement!

Edit. Mais décembre alors car il n'est pas repris dans les sorties de novembre. Par contre, on aurait un cahier qui traite de l'album, de quoi se faire déjà une bonne idée!

de **Ninja pogo** » 31/08/2023 21:45

De toute façon, Dupuis a déjà réglé la question de la modernité de Spirou avec la création d'une nouvelle série parallèle dans un passé fixe + la série mère qui se poursuit en étant contemporaine de son époque. Comme ça, Spirou continue d'évoluer avec l'époque et ne reste pas figé, mais on a de temps en temps des récits plus nostalgiques qui rappellent la bonne vieille époque. De quoi faire plaisir à tout le monde au final. Je pense que c'était la meilleure solution.

de **Larry Bambell** » 31/08/2023 21:46

Ninja pogo a écrit: Dupuis a déjà réglé la question de la modernité de Spirou avec la création d'une nouvelle série parallèle dans un passé fixe + la série mère qui se poursuit en étant contemporaine de son époque. Comme ça, Spirou continue d'évoluer avec l'époque et ne reste pas figé, mais on a de temps en temps des récits plus nostalgiques qui rappellent la bonne vieille époque. De quoi faire plaisir à tout le monde au final. Je pense que c'était la meilleure solution.

de **Diddu** » 01/09/2023 08:45

A confirmer :
La suite de la mort de Spirou, l'album 57 de la série principale s'intitulerait La nostalgie du futur
Plus d'infos à venir !

Mes Originaux sur 2DG · de **Brian Addav** » 01/09/2023 12:23

Ah c'est malin, ça me donne envie de réécouter l'homme de Mars de Kent...

de **lusabets** » 01/09/2023 14:32

Bonjour

Spirou et la Modernité ?
Ha ha ha !

Je n'avais pas encore vu le dos de couverture de La Mort de Spirou, regroupant la liste des albums.
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Modernité ?
1- L'ensemble me rappelle quelques dos de couverture d'album de Qui vous savez.
2- Le graphisme me souvient celui du couple Chaland/Cornillon (page 209 et suivantes de l'actuel Métal Hurlant n°8),
dessiné il y a 40 ans, dessin parodiant déjà le style franco-belge des années 1958/1960.

Bref, la boucle est bouclée.