L’histoire tient toutes ses promesses, peut-être même au-delà. La construction est efficace et profite pleinement de la liberté offerte par un nombre de planches par album laissé au bon vouloir des auteurs. Dans le cadre d’une série, j’imagine que ce n’est pas rien. Ce projet comptait initialement 2 albums, un troisième s’est imposé lors de la réalisation de ce second d’une grande densité, beaucoup d’éléments ne pouvant rester en suspend et méritant de la place pour être explorés, donc une suite. Ce n’est pas pour autant que ce deuxième tome manque de consistance, au contraire, mais il se concentre sans doute davantage que prévu dans le projet initial sur la trame, laissant sans doute ce qui devait se greffer dessus pour l’opus troisième. Bon, c’est juste mon impression !
Luc Brunschwig l’exprimait dans ce sujet, les 2 tomes auraient leurs différences : le point de vue et le caractère à la fois lié et indépendant des histoires. C’est donc, rétrospectivement, tout naturellement que ce deuxième tome démarre là où l’on ne l’attendait pas, et ça surprend. C’est toujours délicat de faire le « deuil » d’une part de l’histoire avec laquelle on s’était familiarisé. Mais la qualité de ce qui est proposé atténue très rapidement ce sentiment, et c’est très vite que l’on cède à ce choix qui permet de replonger, d’une autre « manière », dans ce récit.
Le dessin pour sa part est toujours aussi réussi, très expressif (en phase avec le travail remarquable sur les différents protagonistes, pas de second-rôles au rabais), avec une mention spéciale pour une mise en couleurs qui influe indéniablement sur l’atmosphère de l’instant (page 52 !!!). Seul regret, certes d’importance relative, une couverture qui n’arrive pas à la cheville de celle du premier tome.
Simple et dénuée d’artifices, cette histoire trouve sa force dans cette part d’humanité, cette possibilité qui offre à chacun, à son humble niveau, d’influer sur le cours des choses.