Q64 a écrit:Briolanie a écrit:Je crois que globalement, le téléchargement (ou l'emprunt en bibliothèque) sert à se faire une idée, à découvrir des choses "sans risques" (on ne paie pas, on peut toujours essayer), tandis que l'achat porte sur des titres différents, que l'on veut absolument posséder.
C'est aussi mon cas, mais je ne crois pas que ça soit vraiment la "philosophie" du pirate
Ah oui, mais je ne télécharge pas, moi!
En plus, les MP3 que j'ai sur mon ordi sont en très grande majorité des CD que j'ai tout à fait légalement sur leur support physique et que j'ai numérisé pour pouvoir embarquer ma musique avec moi...
Ce n'est pas une question de "philosophie du pirate" ou non, c'est juste une question de savoir la somme que les gens sont prêts à mettre dans certaines choses. C'est juste du commerce. Il y a des trucs qui sont à la mode, qu'on a envie d'écouter une fois, qu'on a envie de découvrir comme ça, et pour lesquels on n'est pas prêt à payer, ou du moins, pas les sommes demandées par les officines qui les distribuent légalement. On peut avoir envie d'en faire une consommation "kleenex", qui suppose qu'on n'achète pas parce qu'on n'a pas envie de s'en encombrer après l'avoir lu / écouté / regardé, ou alors on le revend aussitôt après (avec une perte). Moi, pour ce genre de chose, je vais à la médiathèque ou je loue des DVD, il y en a qui téléchargent ("piratent").
Et il y en a aussi qui achètent ce qu'ils ont téléchargé, parce qu'ils ont aimé, et qu'ils veulent l'avoir en meilleure qualité (ce qui peut se discuter suivant les éditeurs, mais c'est une autre question). En fait, c'est ça que montrent les dernières enquêtes sur "les pratiques culturelles des Français": finalement, ceux qui téléchargent le plus, ce sont aussi ceux qui achètent le plus, parce que ce sont les plus gros consommateurs, tout simplement, et qu'il y a plusieurs modes de consommation différente.
Après, bien sûr, il y a les "pirates" qui font ça comme un sport, pour le fun, pour le goût de l'interdit, parce qu'ils ne veulent pas payer par principe et toutes ces âneries, mais je ne crois pas que ce soit une majorité...
Concernant la BD, le passage au numérique étant bien plus avancé au Japon que chez nous, je crois bien qu'ils font déjà face à ce problème, mais il ne me semble pas que ça mette l'industrie du manga papier en péril, ni que les ventes des plus gros succès en soient entachées... Et entre l'Extrême-Orient et chez nous, compte-tenu des différences de délais de parution, il y a aussi le phénomène des "scantrad": des équipes d'amateurs de tel ou tel manga scannent la version papier dès qu'elle paraît au Japon, ils le traduisent et le mettent en ligne. Ça existe par exemple pour
Fullmetal Alchemist.
Les jeunes qui font ça retirent leurs traductions dès que la version officielle paraît en France, et sont (d'après leurs discussions sur leurs sites et forums) les premiers à sauter dessus pour l'acheter... On peut voir aussi ça pour le dessin animé tiré de la même série. Il y en a eu une première version, entièrement disponible sur Youtube et Dailymotion en toute illégalité; quand les studios Dybex ont diffusé la deuxième version cette année, ils ont pris l'initiative de diffuser eux-mêmes sur ces plate-formes l'intégralité des épisodes (sous-titrés, je crois bien) dès le lendemain de leur diffusion au Japon. Je ne crois pas que cela ait altéré l'audience télé du dessin animé.
En fait, ce dont je suis persuadée (mais j'ai l'impression que vous êtes d'accord avec moi, de toutes façon
), c'est que le défi du numérique n'est pas le "piratage" mais la multiplication des modes de diffusion d'une œuvre donnée, sur plein de supports différents: papier, fichiers .pdf, fichiers numériques interactifs, bientôt, vidéo diffusée à la télévision ou sur les plate-formes d'échange sur Internet... C'est là que les industries doivent bien prendre le virage et voir comment elles peuvent s'adapter à ces nouveaux modes de consommation pour adapter leur offre à la demande. Je ne sais plus trop qui disait que les libraires avaient du souci à se faire, et je pense que malheureusement, c'est vrai... Mais ça ne signifie pas pour autant la disparition du papier.
Q64 a écrit:PS: Briolanie je lis tes posts ( quand je tombe dessus ) et c'est toujours un plaisir
Merci, c'est gentil!
Hugui, je pourrais te parler des heures de la conservation des différents supports, mais je crois que j'ai suffisamment tartiné comme ça.
Mais en très gros, je suis d'accord avec toi: l'archivage du numérique pose problème, et c'est un énorme défi à relever. Ça n'est pas du tout à négliger dans le débat sur le numérique.