la bd est elle un art adulte?

de **gill** » 14/01/2009 17:21

Message précédent :

Tiens, tu serais pas taoïste, par hasard?

Heu... Pas vraiment, non.
J'essaie de me forger ma propre philosophie à partir d'informations "brutes" non-partisanes (et de discussions :wink:

). J'ai donc tendance à reprendre les choses depuis leurs origines (science, histoire, sociologie) pour essayer de comprendre leur raison d'être. Et j'aime l'empirisme.

Par exemple : pourquoi y a t'il des Arts "officiels", plus ou moins reconnus, avec des critères qui ne semblent plus rien devoir aux qualités réelles de l'artiste ou de l'oeuvre (popularité médiatique, valeur marchande, acceptation ou refus par le grand public, etc...)

Tiens, par exemple : on a remarqué plus haut que le grand public n'est pas entièrement acquis à un Art (la BD) qui semble pourtant incroyablement intuitif (après le cinéma) !
D'où vient ce déficit d'image ?
- du cheminement historique de ce médium : Art populaire attirant d'abord les plus jeunes, puis exploitation à outrance de cette caractéristique au point de vendre de tout et n'importe quoi puisque ça se vend quand même.
- de son opposition avec la "vraie lecture" de la part des parents et éducateurs et que la Bande Dessinée a toujours connue, ce qui la stigmatise.
- d'un simple manque de culture de la part des élites et journalistes culturels (en partie dûe aux raisons précédentes)
- d'une absence depuis trop longtemps de véritables oeuvres majeures (ou d'un trop petit nombre) (question subsidiaire : qu'est-ce qu'une oeuvre majeure susceptible d'améliorer l'image de la BD auprès du plus grand nombre ? Astérix ou Maus ?)

D'où ma présence ici

!

de **azertyuiop1** » 14/01/2009 17:22

Mais admettons une successions de cases de couleurs unies passant progressivement du jaune au bleu, par exemple. Il y aurait bien continuité. Pour moi, ça serait une bande dessinée. Mais pourrait-on parler pour autant de narration? Je ne sais pas. Enfin, pas selon l'idée que je me fais d'une narration, en tous cas...

Ben ça raconte au minimum le passage du jaune au bleu et le sens global est différent du sens de chaque dessin. C'est une narration peut-être plutôt pauvre, sauf s'il y a un second sens, mais c'en est bien une (pour moi).

de **azertyuiop1** » 14/01/2009 17:32

Tiens, par exemple : on a remarqué plus haut que le grand public n'est pas entièrement acquis à un Art (la BD) qui semble pourtant incroyablement intuitif (après le cinéma) !
D'où vient ce déficit d'image ?
- du cheminement historique de ce médium : Art populaire attirant d'abord les plus jeunes, puis exploitation à outrance de cette caractéristique au point de vendre de tout et n'importe quoi puisque ça se vend quand même.

Surtout que ce n'est pas vrai, la bande dessinée n'a pas été d'emblée conçue pour les enfants. Celui qui est considéré comme son créateur, Töppfler ne faisait pas de bd pour enfants, c'est venu bien plus tard.

- de son opposition avec la "vraie lecture" de la part des parents et éducateurs et que la Bande Dessinée a toujours connue, ce qui la stigmatise.

Oui ça a été pris pour de la lecture pauvre, ou au mieux un moindre mal, parce qu'il y a cette facilité à lire une histoire avec des images sans passer par l'abstraction des mots. ce n'est pas pour rien qu'on appelait ça un illustré, c'est à dire d'un livre illustré , sous entendu parce que c'est plus facile.

- - d'un simple manque de culture de la part des élites et journalistes culturels (en partie dûe aux raisons précédentes)
- d'une absence depuis trop longtemps de véritables oeuvres majeures (ou d'un trop petit nombre) (question subsidiaire : qu'est-ce qu'une oeuvre majeure susceptible d'améliorer l'image de la BD auprès du plus grand nombre ? Astérix ou Maus ?)
.

Et tout cela vient de sa batardisation de départ, mêlant images et éventuellement textes. Or cette batardisation est aussi sa richesse si on s'en sert .

de **icecool** » 14/01/2009 17:51

Par exemple : pourquoi y a t'il des Arts "officiels", plus ou moins reconnus, avec des critères qui ne semblent plus rien devoir aux qualités réelles de l'artiste ou de l'oeuvre (popularité médiatique, valeur marchande, acceptation ou refus par le grand public, etc...)

N'oublions pas que les arts "officiels" ont permi aux gouvernants d'asseoir leur représentation par des commandes d'oeuvres à leur gloire : sculpture, peinture, musique et théâtre ont longtemps dû suivre les "régles imposées". ce fut le cas, encore, du Cinéma dans les pays fascistes et communistes dès les années 1920.

La bd n'a bien sur jamais suivi ce sombre chemin (hum...)

de **yann gourhant** » 14/01/2009 18:04

Ben ça raconte au minimum le passage du jaune au bleu et le sens global est différent du sens de chaque dessin. C'est une narration peut-être plutôt pauvre, sauf s'il y a un second sens, mais c'en est bien une (pour moi).

Bon d'accord. J'essayerais de trouver un autre exemple. Je reste quand même convaincu que, d'une manière ou d'une autre, on doit pouvoir faire une BD abstraite, càd qui ne raconte rien. C'est, d'ailleurs ce que Scott McCloud appelle la "Non-Sequitur Transition", la dernière catégorie d'articulation d'images (désolé, je n'ai pas la version française). Une BD entièrement réalisée de cette manière risque d'être imbuvable, mais sait-on jamais ce qu'elle provoquerait?

D'où vient ce déficit d'image ?
- du cheminement historique de ce médium : Art populaire attirant d'abord les plus jeunes, puis exploitation à outrance de cette caractéristique au point de vendre de tout et n'importe quoi puisque ça se vend quand même.

Je reprendrais l'exemple d'azertyuiop1, en y ajoutant des gens comme McKay, ou plus tard, Herriman, Schultz, etc...
Effectivement, la BD était plutôt adulte au départ, mais je pense que les éditeurs ont perçus rapidement le potentiel qu'elle pouvait représenter pour la jeunesse. Mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'aspect jeunesse a prit le dessus sur le potentiel adulte. Peut-être les écrivains ont-ils eu peur que leur suprématie intellectuelle puisse être ébranlée par des dessinateurs auteurs?