Ecoute je t'ai donné un certain nombre d'arguments , pas cette fois-ci car j'attends toujours des réponses de ta part, et de ton coté tu nous sors un discours vaguement mode et pseudo scientifique à la Laborit qui n'a pas grand chose à voir avec l'art, sans jamais répondre à mes précédents arguments. Je t'ai donné une vision historique que tu trouves triste sans jamais argumenter, alors qu'elle est la seule qui permette de transcender notre finitude. Ensuite jouer à Galilée c'est un peu facile, rejeter l'autre d'un revers de la main sans prendre la peine d'y réfléchir pas très constructif.
Crois tu sérieusement qu'un artiste cherche à se faire plaisir lorsqu'il crée une oeuvre d'art, je veux dire peut-être qu'il se fait plaisir sensuellement, ça dépend, mais est-ce là son but ultime ? Ca parait tellement dérisoire et étriqué comme vision.
J'aime les rélexions pointues, les joutes réthoriques, mais comment puis-je "changer de discours" si je veux conserver mon libre-arbitre ? On peut confronter des idées différentes sans essayer de les imposer, non ? Et je ne rejette pas une personne, mais un comportement.
Je me souviens avoir abandonné notre discours précédent à la fois par fatigue, par agacement devant un comportement un peu agressif... et puis par désapointement : je ne voyais plus rien à répondre aux divers arguments du dernier post, j'avais l'impression de m'être déjà expliqué, que l'on ne pouvait plus s'aider mutuellement à enrichir notre propre pensée (ce que je cherche à faire dans ce topic), que nous tournions en rond.
Mais OK, je récupère mon épée : en garde
!
(mais ne crois pas que nous tomberons d'accord ! Nous nous aidons juste mutuellement à progresser, comme lorsqu'on fait l'amour : donner et recevoir)
Si je comprends bien ton raisonnement sur la "finitude", tu voudrais dire qu'un artiste crée pour subsister au-delà de sa propre existence à travers une oeuvre qui se poursuivrait dans le temps ? Et que c'est la crainte de la mort qui le pousserait à agir ainsi ?
Au passage, quand je parlais de "tristesse", je voulais dire que concevoir un objet artistique, une oeuvre, dans le seul but de marquer une époque, en vue d'un "témoignage" futur, me semblait incongru... et même triste ! Je n'avais peut-être pas bien compris la portée de cette citation, ni fait le lien avec l'acte de créer en lui-même (on se mélange parfois les pinceaux entre le désir créateur, l'acte créateur, l'objectif de création, la relation artiste-destinataire et le perçu du destinataire).
Personnellement, je privilégie les Arts qui sont destinés à une foule : l'Art-Don qui renvoie une satisfaction égoiste d'avoir été lu, vu, compris (ou pas), apprécié, etc... L'effet "Blog", s'il fallait le résumer grossièrement
. Peut-on parler de "communication" sans se faire houspiller ? Je veux plaire comme de grands artistes/oeuvres m'ont plus. Provoquer moi-même ce plaisir que je connais si bien en tant que récipiendaire.
J'ai donc un peu de mal à concevoir le comportement artistique "pur", celui qui ne concerne que l'artiste en lui-même en dehors de tout effet de transmission (si ce n'est cet état de transe qu'on a lorsque l'oeuvre est en-cours, qu'on oublie totalement pour qui on crée et qu'on est pleinement dans son monde à soi. C'est très agréable, mais chez moi ce n'est que temporaire, la difficulté technique ayant tôt fait de me renvoyer dans la souffrance du travail).
Mais je l'admets en tant que tel.
(et donc désolé si je l'analyse aussi mal... voilà une bonne raison pour essayer de me le faire sentir au lieu de me le faire dire
!)
Pour moi, donc, il est possible qu'une partie de la raison artistique consiste à "accoucher", à laisser une part de soi derrière soi, un peu comme les égyptiens avec leurs momies et leurs pyramides. ça me ferait un peu peur, quand même : imaginez le nombre d'oeuvres qui meurent publiquement au bout de quelques années seulement (des BD) ! voire même qui meurent avant même d'avoir pu être découvertes ! Ce serait effectivement un drame pour l'artiste qui concevrait la chose ainsi. [:bru:8] Mais je suis encore dans l'Art-Transmission, là...
'l'Art a à voir avec l'intelligence" :
Il faudrait déjà définir le mot "intelligence" pour que je puisse en parler... Pour moi, l'intelligence consiste à savoir s'adapter à l'environnement physique et humain en accord avec les règles de la nature. Or, participer aux échanges artistiques en fait partie.
"l'angoisse de la mort" :
Voir ci-dessus pour l'idée d'auto-réplication. Sinon, créer pour ne pas mourir me semblerait extraordinairement romantique. Je pense que c'est ce qu'on voudrait se faire croire pour donner plus de prix à sa propre existence, à l'humanité entière, à la vie, à la création elle-même... Ce n'est pas ma philosophie. Créer parce qu'on en a un besoin insondable et irrépressible ? Je veux bien, mais il y a forcément une raison psychologique derrière tout ça (hou ! Le gros matérialiste à la... au fait, c'est qui Laborit ?).
"
Il est des créations qui se font en pure souffrance, sans mise en abîme, et qui seront reçues comme telles tout en étant considérées comme vitales" :
Non. Aucun être humain, aucun être vivant, ne fait quoi que ce soit sans un objectif précis, qui lui apporte plaisir ou réconfort. Même le suicide est un moyen d'échapper à une souffrance. L'instinct de conservation l'en empêche tout aussi sûrement qu'il nous empêche d'arrêter de respirer. Et si l'on accepte une souffrance momentanée, c'est pour en obtenir un plaisir par la suite. Même le sacrifice ultime a une raison d'être. Je ne vois aucune exception à cette règle.
Si on souffre à créer, on ne le fait pas, tout simplement (ajouter "à mon avis" à tout ce qui précède et suit
).
Le plaisir, dans le cas d'un artiste qui mettrait tout son mal-être dans son oeuvre, serait dans le fait de l'exprimer en une matière concrète pour s'en débarasser en partie, ou pour transmettre ce trop plein de souffrance en un appel au-secours qui est la preuve même qu'il espère encore quelque chose (l'espérance est le seul plaisir que Pandore a laissé dans la boîte).
"Considérée comme vitale" par les destinataires ?
Bien sûr ! Ils vont recevoir en pleine gueule la part de souffrance exprimée par l'artiste et être émerveillée par la profondeur de l'âme humaine ou par la qualité d'expression d'une oeuvre qui fut accouchée de cette façon, ou alors effrayés par tant de haine, de frayeur, de désespoir, etc... et le plaisir qu'ils en tireront sera soit direct (beauté) soit indirect (retour de vague ultérieur).
Au passage, je vous conseille de lire la BD en ligne de Gabrion :
Primal Zone, si vous appréciez les oeuvres fortes et intériorisées évoquant une souffrance pure et indicible... le tout dans une narration et un dessin d'une clarté éblouissante
!