C'est gentil de ta part, mais je ne fais que partager, à l'intention notamment de ceux qui ne connaissent pas bien cette série, la plus chère au coeur de Peyo, ce qu'on trouve aisément dans les bios disponibles (le Dayez première version, notamment).
Pour en revenir à ce
Sortilège de Maltrochu, lorsqu'il apparaît dans les pages de l'hebdomadaire Spirou en 1967, cela fait un bail que les lecteurs du journal n'ont pas eu droit à un grand récit de Johan et Pirlouit. En fait, il faut remonter à 1961 !
Les amateurs de la série n'avaient eu, en tout et pour tout afin de combler leur impatience, droit qu'à quatre pages d'un récit complet en 1964, ce qui n'avait pas dû rassasier tout le monde.
Voyez sur le lien ci-après : seulement deux grands épisodes voient le jour dans ce laps de temps qui s'étire de 1961 à 1969 (presque une décennie) :
Le Pays maudit et
Le Sortilège de Maltrochu.
http://bdoubliees.com/journalspirou/series3/johan.htmLe saucissonnage en deux épisodes fut la première solution envisagée quand Peyo a commencé à lâcher prise. L'interruption sera plus longue que prévue compte tenu de l'infarctus qui surviendra au printemps 1969.
Aussi, à la toute fin de l'année 1967, le retour de Johan et Pirlouit dans le numéro 1548 fut-il salué dignement dans le journal. Pour fêter
"l'événement", Peyo offrant aux lecteurs une double page de couverture montrant J. & P. suivis par tous les personnages importants des épisodes précédents. Tout ce petit monde, bons et méchants, se rendent à la messe de Minuit pour y chanter
"l'avènement du divin enfant".
Ce dessin, qui avait dû grandement plaire à Charles Dupuis, sera l'un des derniers de Peyo avec une connotation religieuse. Le fils Thierry refusant de se rendre à la messe, les parents y renonceront.
Pour revenir à la déprime de Peyo, il faut ajouter qu'au surmenage et aux discussions d'affaire quotidiennes engendrées par le succès croissant des Schtroumpfs et leur utilisation à des fins publicitaires, Pierre
Sulliford (je prends modèle sur la petite mémé qui logeait Walthéry et qui ne pouvait prononcer le mot "cul", même incorporé dans un patronyme.
) fut grandement affecté par le décès de sa mère.
Pour avoir une petite idée des séries de Peyo qui furent publiées pendant cet épisode de Maltrochu, il suffit de jeter un oeil sur les fascicules de Spirou où ces séries furent à l'honneur.
Enfin, dernière anecdote.
La camaraderie et l'humour (parfois grivois) qui émailleront les pages du
Trombone illustré (le fameux supplément du journal Spirou) en 1977, se sont manifestés pendant la période de convalescence post-infarctus où Peyo s'était vu imposer de garder le lit durant six semaines (lesquelles ont dû paraître interminables pour un homme aussi actif que lui).
Delporte en fut l'instigateur, comme de bien entendu. Pour tromper l'ennui de Peyo, un dessinateur lui apporterait périodiquement une demi-page de Johan et Pirlouit sous la forme d'un cadavre exquis, un récit dessiné à plusieurs mains.
Roba eut le privilège d'ouvrir le bal avec une demi-planche résolument cochonne signée du 15/4/69 où Pirlouit, après avoir bu un philtre spécial, a transformé par magie Johan en une fille à la poitrine généreuse (on le constate puisqu'elle est entièrement dénudée). Dans le bouquin de Dayez, cette demi-planche crayonnée est reproduite mais hélas, pas les autres, livrées par Tibet, Jidéhem, Tillieux, Greg, Hubinon, Mitacq et peut-être d'autres (Morris, Will, etc...).
Bien évidemment, les petits curieux et les cochons qui sommeillent en nous sont alléchés par l'existence de ces pages qui relevaient de la sphère privée et dans lesquelles Walthéry aurait représenté une princesse nue cachée dans le château, Franquin des Schroumpfs en pleine érection, etc...
Le médecin au chevet du convalescent aurait même prié les auteurs de baisser d'un cran sur ces gags, redoutant un second infarctus lié à une crise d'hilarité.