Merci.
marone222 a écrit:Godard n'est pas du tout cité. Scénario : Jean-Michel Charlier.
En bas de la dernière planche, on peut lire Charlier-Mankho 2019
Scénario Charlier...
Et puis quoi encore ?
![[:bru:3]](./images/smilies/bru.gif "NonNonNon")
C'est vraiment, de la part de l'éditeur, jouer sur les mots avec un certain mépris du lecteur puisqu'il y a une tromperie dans cette présentation des choses : un béotien tomberait dans le panneau direct, croyant avoir acheté et lire une BD dont JMC se serait chargé du scénario et du découpage, domaine dans lesquels il excellait (malgré ses défauts récurrents).
On l'a déjà suffisamment souligné sur ce topic : si Charlier est bien l'auteur du scénario complet d'un feuilleton télévisé intitulé "Les diamants du président", feuilleton que j'ai eu l'avantage de pouvoir regarder en son temps
(hélas, une seule fois alors que j'étais ado) et que j'aimerais bien revoir, il n'a malheureusement pas vécu suffisamment pour pondre le scénario BD d'une suite au tome 1 de Michel Brazier. Si tel avait été le cas, il y a longtemps qu'André Chéret aurait pu dessiner les trois volumes restants.
La genèse concernant cette BD est très claire sur l'excellent site de JYB :
1./ Tout commence par une série télévisée avec l'acteur Michel Constantin dans le rôle principal (Georges Lancier, SIC), intitulée
"Les diamants du président", et diffusée en 1978 :2./ Le lancement d'une nouvelle
bande dessinée (un seul épisode prépublié, inédit en album avant que Fordis ne lance le chantier) initialement réclamée par le magazine téléstar, puis destinée à l'hebdomadaire allemand Zack (qui sera brièvement en France
Super-As) pour atterrir finalement dans les pages du journal Spirou
(une aubaine pour des lecteurs qui, comme moi, ne trouvaient plus guère d'attrait à un certain nombre de séries dans ce magazine).
On peut d'ailleurs supposer que, si en 1979 l'hebdomadaire
Pilote avait continué d'exister dans sa formule mixte (combinant BD d'avant-garde et plus traditionnelles), on y aurait encore trouvé les séries habituelles de JMC pour ce journal (Blueberry, Tanguy, Barbe-Rouge qui firent un temps l'attrait de
Super-As avec quelques autres bonnes séries) mais que
Les Gringos et
Michel Brazier y auraient aussi été publiés. Ces deux dernières séries, bien qu'étant des récits de pure fiction et d'aventures avant tout, abordaient, bien davantage que par le passé, des questions d'ordre politico-économique. Avec Michel Brazier, Charlier tout en prenant les précautions d'usage, traitait d'un sujet sensible : celui des "coulisses de la politique" [*] française en "Centrafrique", domaine qu'il avait déjà abordé dans
Tanguy et Laverdure, à partir de
Pirates du ciel, pour y revenir à plusieurs reprises, notamment dans le dernier cycle écrit par le scénariste liégeois. Si
Pilote avait continué d'exister dans sa formule hebdomadaire, c'est le magazine qui aurait été le plus adéquat pour accueillir ces histoires susceptibles d'intéresser davantage les jeunes gens et les adultes que les jeunes lecteurs.
[*] Euphémisme que d'aucuns pourront remplacer par le terme de "magouilles" impliquant l'Etat et ses hommes de l'ombre ainsi que des empires industriels et commerciaux soucieux de consolider ou simplement préserver leurs intérêts en gardant tout le monde (hommes politiques africains et français) sous contrôle.
Charlier avait donc tiré un passionnant scénario de BD en adaptant librement, avec les modifications qui s'imposent
(on ne passe pas d'un feuilleton pour le petit écran à un récit BD d'un simple claquement de doigts ou en se contentant de récupérer les dialogues), l'histoire écrite auparavant pour la télévision.
Mais le scénario BD de Charlier s'arrête avec le mot fin du premier tome de la série BD Michel Brazier puisqu'il est mort avant d'avoir en écrit la suite
(il n'était pas du genre à conserver dans un tiroir des scénars écrits d'avance).
Ce n'est pas pour rien qu'on a fait appel à Godard pour se charger de l'écriture du tome 2 et des volumes suivants. Le fait qu'il se soit retiré du projet ne fait pas pour autant que Charlier, décédé depuis longtemps, redevient le scénariste de cette série BD comme par enchantement.
Si personne d'autre n'est mentionné dans l'album, le scénariste de cet album ne peut être que Mankho.
Et ça m'agace que l'éditeur et le fils Charlier, ce dernier habituellement prompt à mettre les points sur les "i" et les barres aux "t", ne soient pas clairs là-dessus.
).
