J'aimais moins cet album car Astérix ne part pas en voyage. Ce sont les Normands qui amarrent leur drakkar à proximité du village. 35 ans à peu près après la dernière lecture, mon avis change. Ceci dit, la situation de départ me semble toujours un peu loufoque, ou, en tous cas, en décalage avec les autres scénarios de Goscinny. Les Vikings connaissent tout, sauf une chose : la peur. Alors ils partent en voyage d'étude pour découvrir la peur et se retrouvent en Armorique. Mouais, bof, ... On a vu mieux comme entrée en matière. La fin ne sera pas moins saugrenue : c'est le barde local qui va effrayer pour la première fois ces "autres barbares". Pourquoi pas. On n'est pas dans Thorgal après tout. Ce principe admis, par contre, c'est un régal. L'album nous parle de conflit de génération (Goudurix), du parisianisme (Goudurix encore) et de philosophie (la peur est une composante essentielle du courage). Là encore, comme souvent dans cette série, il y a plus de profondeur qu'il n'y paraît. Mais le fil conducteur, liant tous ces propos bien sérieux, c'est la poilade, la rigolade, l'humour graphique ou verbal de nos créateurs. Et là, ça marche toujours, même après 35 ans! Cet album est aussi remarquable par le rôle important joué par Assurancetourix (qui exceptionnellement assiste au festin final) et par Obélix, qui fait avancer seul l'intrigue pendant qu'Astérix est prisonier volontaire. La bagarre centrale qui, sur plusieurs planches, oppose Gaulois, Romains et Normands est un morceau d'anthologie de l'humour en bd. Rien que pour cette scène, relisez cet album, que j'apprécie de plus en plus.