Je viens de lire :
Conan The Barbarian #4Série pour l'instant décevante car sans réelle ambitions, ce retour de Conan chez Marvel souffre d'un scénario de
Jason Aaron timide et sans surprises, bien trop révérant de l'oeuvre originale (le #2 tentait vaguement quelque chose à cet effet, mais rien de déterminant), mais surtout d'un dessin assez peu adapté à l'entreprise. Si
Mahmud Asrar est un honnête dessinateur de superhéros, il est encore trop formaté par ce genre pour envisager le barbare autrement. Ainsi, on n'a pas encore vu le Conan massif et robuste, cette force de la nature, abimée et fatiguée. Son Conan est plus proche de Tarzan. Oh, il à bien fait quelques efforts, mais on est encore loin du compte.
Heureusement, pour ce quatrième numéro, il laisse la main à
Gerardo Zaffino. Zaffino... Ce nom vous dis quelque choses?
C'est que vous avez bon goût, vous souvenant d'un des plus grand dessinateur de BD des années 80, disparu et largement ignoré (mais adulé par nombre des plus grands, sorte d'heureux compromis entre
Alex Toth et
Sienkiewicz), Un
Jorge Zaffino s'étant une fois confronté au cimérien dans la revue
Savage Sword Of Conan :
Remarqué chez IDW sur la suite d'une ancienne série de son père (
Winter World, sa série la plus connue aux US), puis chez Marvel sur une aventure avortée en compagnie de
Warren Ellis (la sous-estimée
Karnak), le style du rejeton était manifestement encore un work in progress, mais on y décelait largement l'influence du paternel, peut-être même plus qu'entre les frères Kubert et Joe.
Avec ce Conan #4, Marvel propose donc le chapitre par lequel elle aurait dû démarrer la série, avec l'histoire que tout les fans attendent au cinéma avec Schwarzenegger depuis l'épique filme de
John Millius, un King Conan crépusculaire. Et Gerardo semble avoir définitivement entre s'affranchir ou embrasser une figure tutélaire s'y imposante : il bascule ainsi presque dans le mimétisme!
En tant qu'artiste, le choix peut se discuter, mais en ce qui concerne le plaisir des yeux, je dis "take my money!"
Dans son sublime run pour Dark Horse,
Tomas Giorello avait déjà saisi la puissance du trait de papa Zaffino, et avait tenté de s'en inspirer, malgré la nature "propre" de son trait.
Mais avec Gerardo à la manette, on est enfin dans le Conan rêvé, massif mais égratiné, ici transformé en sorte de Batman med-fan par Aaron. Ce n'est pas très subtil, mais ça fait le taf, et le plaisir des yeux est enfin gratifié.
B+